«IL FAUT PRÉSERVER CE QU’IL NOUS RESTE»
Le développement en bord de mer ne doit plus se faire aux dépens de l’environnement, estime un groupe de résidents. Alors que les changements climatiques menacent les régions côtières, ils appellent à des mesures drastiques et une législation claire.
«Nos lois sont dépassées ou inexistantes et le développement continue sur des terres sensibles écologiquement.» C’est le signal d’alerte lancé par la coalition environnementale Sauvons marécages, eaux et tourisme, formée de bénévoles du Sud-Est.
William (Bill) Belliveau, résident de Shediac, rappelle que le NouveauBrunswick a perdu plus de la moitié de ses terres humides, qui jouent pourtant un rôle inestimable.
«Les gouvernements provinciaux ont échoué à assurer la délimitation, la protection et la restauration des mécanismes de défense naturels, notamment les dunes de sable, les graminées profondément ancrées qui retiennent les dunes, les marais salés et les terres humides qui absorbent les eaux de crue, filtrent l’eau de ruissellement pluvial et servent d’habitat naturel à la vie sauvage.»
Le regroupement a publié jeudi une série de recommandations destinées au gouvernement provincial. Ils demandent notamment que la province interdise de façon permanente tout nouvel aménagement sur les zones humides côtières, les marais salés, les dunes et les zones inondables le long de la côte.
«Si nous continuons d’autoriser le développement sur les terres humides et des plaines inondables, nous serons aux prises avec des milliards de dollars en dommages matériels et en remplacement de propriétés», avance M. Belliveau.
Les membres de Sauvons marécages, eaux et tourisme proposent également que le gouvernement provincial s’associe au gouvernement fédéral pour la création d’un fonds pour les changements climatiques qui servirait à faire l’acquisition des terres humides le long de la côte et à les préserver.
Ces recommandations sont issues de la conférence de l’Atlantique pour la protection et la restauration du littoral, qui s’est tenue en avril à Shediac. Lors de l’événement, Dr Tom Delworth, du Laboratoire de dynamique des fluides géophysiques, a expliqué que l’élévation du niveau de la mer dans la région s’établira entre 1,2 à 1,4 mètre d’ici 2100, ce qui placerait Pointedu-Chêne et certaines parties de Shediac sous l’eau.
Jusqu’à présent, la province a développé une politique sur la protection des zones côtières qui définit les activités jugées acceptables pour chacune des zones du littoral mais celle-ci n’a pas force de loi. Il n’existe aucune loi provinciale empêchant le développement dans les zones inondables en bord de mer.
Actuellement, la loi prévoit que toute personne travaillant dans ou à moins de 30 mètres d’un cours d’eau ou d’une terre humide doit obtenir un permis auprès du ministère de l’Environnement.
Dr Michael Chadwick, professeur associé en études de l’environnement à l’Université de Moncton, aimerait que la loi aille plus loin. Il croit que les inondations printanières historiques amèneront à une prise de conscience des enjeux climatiques.
Les milieux naturels côtiers offrent une protection contre les inondations, participent au stockage du carbone et sont une source de nourriture pour les oiseaux de rivage, explique le scientifique.
«Il faut préserver ce qu’il nous reste, alerte-t-il. On a besoin de règlements fermes et stricts, pas de politiques molles.»
Les bénévoles remettront leur rapport au ministre de l’Environnement et des Gouvernements locaux, Andrew Harvey. Ils espèrent pouvoir obtenir une rencontre avec le politicien. ■