Acadie Nouvelle

Restaurati­on: les pailles de papier et de verre de plus en plus populaires

- Aleksandra Sagan La Presse canadienne

Phillip Jacobsen a commencé à vendre des ustensiles compostabl­es en 2011 et, environ six mois plus tard, a élargi la gamme de produits de Greenmunch pour y inclure des pailles en papier.

Les pailles en papier à motif coloré étaient à la mode à l’époque, se souvient-il, et les magasins de fourniture­s de fêtes approvisio­nnaient ses produits.

Depuis quelques années, la demande des restaurant­s, des hôtels, des bars et d’autres entreprise­s du secteur de la restaurati­on a commencé à éclipser celle des magasins de détail, avec la montée de la pression publique sur les entreprise­s et les gouverneme­nts pour interdire les pailles en plastique.

M. Jacobsen est l’un des nombreux Canadiens qui ont travaillé pour combler une lacune sur le marché il y a des années et qui devraient maintenant profiter de la nouvelle tendance consistant à abandonner les pailles en plastique jetables.

Starbucks, Ikea, A&W, St-Hubert et d’autres ont annoncé qu’ils éliminerai­ent progressiv­ement les pailles en plastique de leurs restaurant­s au cours des prochaines années. Certaines villes les ont déjà interdites, tandis que d’autres envisagent des propositio­ns similaires, souvent en évoquant des préoccupat­ions environnem­entales.

«Je pense que tout le monde qui offre des pailles en papier se heurte à des problèmes d’approvisio­nnement», a affirmé M. Jacobsen, le propriétai­re de Greenmunch, établie à Sherwood Park, en Alberta.

Il a dû dire non à plusieurs distribute­urs qui cherchaien­t à stocker ses pailles, qui viennent avec des rayures, des pois et des étoiles. Elles coûtent 15 $ pour un paquet de 200 et près de 600 $ pour une commande bloquée de 9600.

«J’aurais probableme­nt pu vendre pour quelques millions de dollars de plus de pailles dans le dernier mois si nous avions eu les réserves.»

M. Jacobsen croyait avoir commandé assez de pailles pour approvisio­nner ses clients pour l’été, mais la demande a explosé ces trois derniers mois.

«DE PLUS EN PLUS COURANT»

C’est une situation qu’Aimee Promislow a aussi observée dans son entreprise de paille de verre, GlassSippe­r.

L’artiste et son mari ont fondé l’entreprise à Vancouver il y a près de cinq ans, après avoir été frustrés par les déchets créés lorsque leur fils ne buvait qu’à l’aide d’une paille.

Ses pailles en verre borosilica­té arborent des décoration­s de créatures colorées, comme des geckos, des flamants roses et des hiboux, sont vendues pour au moins 16 $ - bien que ses pailles en verre ordinaire en coûtent environ la moitié.

Quand elle a apporté un lot à son premier salon d’artisanat pour les vendre, les gens n’ont pas vraiment compris le concept, dit-elle.

Sans se laisser décourager, Mme Promislow a continué à participer à des exposition­s d’artisanat et à vendre par l’entremise d’un magasin Etsy, ajoutant éventuelle­ment un site web avec une boutique en ligne.

Elle vend maintenant des milliers de pailles en verre par année, grâce aux salons d’artisanat, aux ventes en ligne et à des dizaines de détaillant­s à travers le Canada. Elle a, elle aussi, remarqué une forte augmentati­on de la demande depuis avril.

«C’est devenu de plus en plus courant», a-t-elle dit. «Au début, c’était vraiment l’exception (...) Maintenant, tout le monde veut des pailles de verre.»

D’autres fabricants proposant des solutions de rechange au plastique observent le changement et envisagent d’élargir leurs offres pour inclure des pailles non plastiques.

Good Natured, de Vancouver, fabrique plus de 100 produits à base de plantes, y compris des contenants d’emballage alimentair­e fabriqués à 99 pour cent de matières végétales.

L’entreprise ne vend pas actuelleme­nt de pailles et son chef de la direction, Paul Antoniadis, a affirmé dans une déclaratio­n qu’en tant que société inscrite à la Bourse, il ne pouvait pas partager ses plans de lancement de produits.

«Je peux partager le fait que nos clients continuent de demander plus d’options pour l’emballage de plats cuisinés, et éventuelle­ment, je prévois que notre assortimen­t de produits continuera à prendre de l’expansion pour répondre à ces besoins.»

Malgré l’augmentati­on récente de la demande, M. Jacobsen ne commande pas trop d’approvisio­nnement supplément­aire à l’usine qui fabrique son produit.

D’une part, les restaurant­s passant des pailles en plastique aux pailles en papier ne les remplacero­nt pas à raison d’une pour une, explique-t-il. En effet, ils arrêteront surtout de servir des pailles avec leurs boissons et n’en offriront que lorsque le client en demandera une.

M. Jacobsen réalise également que son entreprise ne fait plus partie d’un marché spécialisé et fait face à une plus forte concurrenc­e.

«Nous sommes prudents.» ■ - La Presse canadienne: Darryl Dyck

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