Acadie Nouvelle

Hausse des dépenses militaires: Justin Trudeau reste vague

- Teresa Wright La Presse canadienne

Donald Trump s’est vanté, jeudi, d’avoir convaincu ses partenaire­s de l’OTAN de respecter l’objectif de dépenses militaires de 2,0% du PIB, mais Justin Trudeau a précisé que le Canada avait simplement rappelé l’engagement connu de son gouverneme­nt d’accroître les dépenses militaires canadienne­s de 70% au cours des 10 prochaines années.

Lors d’un point de presse tenu à l’issue du sommet de l’Organisati­on du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles, jeudi, le premier ministre canadien a été interrogé sur les déclaratio­ns du président américain, qui laissaient croire que les alliés avaient consenti à hausser encore davantage leurs dépenses militaires - et de le faire à un rythme accéléré.

M. Trudeau a répété que le Canada, dont le plan d’augmentati­on des dépenses militaires vise une cible de 1,4 % du produit intérieur brut (PIB), a promis de renverser le déclin de ses dépenses militaires et de «tendre vers» l’objectif de 2,0% du PIB, convenu il y a quatre ans par les partenaire­s de l’OTAN. Mais il n’a pas fixé d’échéancier pour l’atteinte de cet objectif.

Le premier ministre avait déjà renouvelé son engagement envers l’Alliance atlantique en annonçant, plus tôt cette semaine, la participat­ion du Canada dans une nouvelle mission de formation militaire en Irak, tout en maintenant la présence militaire canadienne en Lettonie. Il a rappelé jeudi l’engagement pris en juin par son gouverneme­nt, dans la nouvelle Politique de défense du Canada, «d’investir 70% de plus sur les 10 prochaines années».

«Dans (la déclaratio­n commune des pays de l’OTAN, mercredi), on s’est engagés à remplir nos responsabi­lités par rapport à l’accord du pays de Galles signé en 2014, a expliqué le premier ministre. Nous nous réengageon­s envers les engagement­s qu’on a faits de travailler vers 2,0%.

«C’est important parce qu’on était dans un contexte, en 2014, où les pays de l’OTAN avaient réduit leurs dépenses en matière de défense - y compris le Canada, qui avait coupé dans ses dépenses en défense sous l’ancien gouverneme­nt conservate­ur.»

PLUTÔT 1,4%

Si l’on tient compte de cet engagement d’investir 70% de plus sur 10 ans, les prévisions de dépenses en matière de défense au Canada ne devraient toutefois représente­r que 1,4% du PIB, ce qui est loin de l’objectif du pays de Galles.

Personne ne s’attendait à ce que le Canada accepte l’échéancier fortement suggéré par M. Trump pour atteindre la cible de 2,0%. Avant même le sommet, M. Trudeau, qui était déjà au courant de la nouvelle mission de formation en Irak et du prolongeme­nt jusqu’en 2023 de la participat­ion du Canada en Lettonie, visait essentiell­ement à démontrer la contributi­on canadienne au-delà des simples dollars.

En visitant mardi les troupes canadienne­s à la base militaire d’Adazi, près de Riga, la capitale de la Lettonie, M. Trudeau a réitéré la rhétorique d’Ottawa: il est toujours possible de mettre plus d’argent dans la défense, mais il faut aussi tenir compte des gestes concrets posés par les différents partenaire­s de l’OTAN.

«En fin de compte, les paramètres les plus importants sont toujours les suivants: est-ce que les pays renforcent les capacités dont l’OTAN a besoin? Sommes-nous en mesure de fournir différente­s ressources et de démontrer le type d’engagement envers l’Alliance qui doit toujours être là?» Or, à ce niveau, «le Canada peut être extrêmemen­t fier», avait estimé M. Trudeau.

Après la session d’urgence de jeudi des membres de l’OTAN, M. Trump a déclaré que l’alliance militaire était «très unifiée, très forte, pas de problème». Le président américain soutient qu’il a réussi à faire en sorte que les membres de l’OTAN consacrent une plus grande partie de leur budget à la défense, et à un rythme plus rapide que prévu.

Il a soutenu que l’Alliance atlantique était «plus coordonnée» et qu’il y avait un «meilleur état d’esprit au sein de l’OTAN». Des commentair­es surprenant­s de la part de M. Trump, qui a longtemps laissé paraître son mépris pour cette alliance militaire créée en 1949, au début de la guerre froide - il avait même menacé de retirer les ÉtatsUnis de l’OTAN, à cause de son financemen­t asymétriqu­e.

Le président américain s’est attribué le crédit des «progrès» sur la question du financemen­t de l’OTAN. Le secrétaire général Jens Stoltenber­g «nous a attribué tout le crédit c’est-à-dire à moi, je suppose, dans ce cas-ci. Tout le crédit.» ■

 ??  ?? Justin Trudeau n’a pas mentionné d’échéancier précis pour atteindre la cible de 2% du PIB en matière de dépenses militaires, se contentant plutôt de réitérer l’engagement pris lors du sommet de l’OTAN en 2014. - Associated Press: Olivier Matthys
Justin Trudeau n’a pas mentionné d’échéancier précis pour atteindre la cible de 2% du PIB en matière de dépenses militaires, se contentant plutôt de réitérer l’engagement pris lors du sommet de l’OTAN en 2014. - Associated Press: Olivier Matthys

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