Acadie Nouvelle

HÉCATOMBE CHEZ LES ABEILLES

Paul Vautour est découragé. L’apiculteur a perdu 80% de ses abeilles cette année en raison du temps chaud et sec. Et il n’est pas le seul à vivre une telle épreuve.

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Des dizaines de ruches vides sont entassées sur le terrain Paul Vautour à Saint-Philippe, près de Moncton. Seules 28 des 145 ruches qu’il avait installées ont survécu à l’hiver. Chacune de ces colonies compte habituelle­ment près de 60 000 abeilles.

«C’est une grosse perte financière, se désole l’apiculteur. C’est dur sur le moral, quand tu as mis beaucoup de travail.»

En cause, une fin d’été 2017 particuliè­rement chaude. Le manque de précipitat­ions a asséché les fleurs environnan­tes, croit Paul Vautour.

Par conséquent, les abeilles n’ont pu récolter qu’une infime quantité de nectar et de pollen, essentiels au développem­ent des larves.

«Quand elles n’ont pas suffisamme­nt de nourriture, les abeilles se mettent à manger les larves comme source de protéines», explique M. Vautour.

En 30 ans de carrière, ce n’est que la troisième fois qu’il fait face à une telle perte.

«Nous sommes plusieurs dans cette situation, souffle-t-il. On n’aurait jamais pensé à nourrir les abeilles en plein été!»

Les changement­s climatique­s forcent les apiculteur­s de la province à changer leurs façons de faire.

«Le réchauffem­ent planétaire est le principal responsabl­e. Il faut de la pluie pour que les fleurs produisent leur nectar.»

Cette année, l’apiculteur prévoit acheter des substituts de pollen, mélange de fleurs de soja, de poudre d’oeuf et de sirop, pour nourrir ses butineuses. Dans le cas où la sécheresse se reproduira­it en août, Paul Vautour n’aura pas d’autre choix s’il veut préserver son gagnepain.

Il ne tire pas de revenus de la production de miel, mais loue ses ruches aux producteur­s de bleuets sauvages et de canneberge­s de la région quand vient le printemps.

«Tous les fruits ont besoin d’une pollinisat­ion pour grandir!»

Les prochaines semaines seront consacrées à la division des ruches, qui consiste à faire naître une deuxième colonie en exilant la reine de la ruche mère.

Le réchauffem­ent climatique n’est pas la seule menace qui pèse sur les abeilles. Le varroa, un parasite redoutable, se fixe au dos des abeilles, se nourrit de leur sang et propage des maladies.

Pour s’en débarrasse­r, il faut traiter les ruches à l’acide oxalique présent dans l’oseille, la rhubarbe ou même la betterave.

«Il n’y a presque plus de ruches dans la nature en Amérique à cause du varroa», avance Paul Vautour.

À cela s’ajoute l’usage de pesticides par les agriculteu­rs, en particulie­r les néonicotin­oïdes qui s’attaquent au système nerveux des insectes. Bannis en Europe, ils sont encore utilisés au Canada.

Paul Vautour note que les propriétai­res de jardins peuvent contribuer à la survie des abeilles en laissant pousser un maximum de fleurs.

«Beaucoup de gens essaient de se débarrasse­r des pissenlits sur leur pelouse. Moi quand je vois des pissenlits en fleur je trouve ça fantastiqu­e parce que je sais que mes abeilles vont survivre!» ■

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 ??  ?? Les producteur­s de bleuets et de canneberge­s dépendent de la survie des abeilles. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Les producteur­s de bleuets et de canneberge­s dépendent de la survie des abeilles. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
 ??  ?? Paul Vautour aura fort à faire pour rétablir ses colonies. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Paul Vautour aura fort à faire pour rétablir ses colonies. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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