Acadie Nouvelle

DÉCHETS NUCLÉAIRES: UN DANGER POUR DES MILLÉNAIRE­S

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

À l’heure actuelle, Énergie NB ne sait pas où seront disposés à long terme les déchets radioactif­s de la centrale de Point Lepreau qui resteront une menace pendant des milliers d’années. Ces points d’interrogat­ion inquiètent les défenseurs de l’environnem­ent.

Énergie NB prévoit pour le moment d’entamer la fermeture de son réacteur à partir de 2040. Le combustibl­e irradié serait ensuite transporté hors de la centrale à partir de 2050 avant que celle-ci ne soit complèteme­nt démantelée et décontamin­ée d’ici 2081, au terme d’une longue période de dormance.

Ce long processus, dont le coût est estimé à plus d’un milliard de dollars de 2015, comprend le retrait de toutes les matières dangereuse­s du site. Les frais liés à la décontamin­ation, au retrait, au conditionn­ement, au transport et au traitement des déchets sont évalués à près de 223,5 millions $.

On estime à 9 797 m3 le volume de déchets radioactif­s qu’il faudrait traiter. Cela comprend aussi bien l’évacuation des 249 751 grappes de carburant irradié (l’équivalent de 4,8 tonnes d’uranium), que celle des nombreuses pièces d’équipement­s radioactif­s.

Le plan de déclasseme­nt provisoire élaboré en 2015 liste notamment un réacteur de 465 tonnes, quatre générateur­s de vapeur de 200 tonnes chacun ou encore un pressurise­ur de 110 tonnes.

Or, aucun site d’entreposag­e permanent pour ces déchets nucléaires de faible ou de moyenne activité n’a été identifié jusqu’à présent.

«Actuelleme­nt, il n’existe pas de telle installati­on au Canada. Démanteler la centrale sans option d’entreposag­e présentera­it certains défis qui seront évités grâce à une stratégie d’enlèvement différé. Cela inclut le besoin de stocker et de surveiller les déchets jusqu’à ce qu’un dépôt devienne disponible, et une potentiell­e double manipulati­on des déchets», peuton lire dans le rapport.

Kathleen Duguay, responsabl­e du protocole de réglementa­tion nucléaire pour Énergie NB, estime que le délai est suffisant pour trouver une solution.

«Ce sont des décisions qui seront prises lors de la révision de notre plan», dit-elle.

Kathleen Duguay assure que le public sera consulté. Elle précise qu’Énergie NB doit présenter tous les cinq ans un plan de déclasseme­nt mis à jour à la Commission canadienne de sûreté nucléaire, et démontrer chaque année qu’elle disposera de fonds suffisant pour assumer les coûts de démantèlem­ent.

«C’est un plan à long terme qui est ajusté continuell­ement», ajoute-t-elle.

UN PROJET D’ENFOUISSEM­ENT À GRANDE ÉCHELLE

Pour la gestion du combustibl­e épuisé, Énergie NB collaborer­a avec la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) qui travaille depuis de nombreuses années sur un projet de dépôt géologique en profondeur.

L’installati­on souterrain­e sera construite à une profondeur d’environ 500 mètres. Jusqu’à 4,6 millions de grappes de combustibl­e y seront confinées indéfinime­nt.

Ce dépôt, qui accueiller­ait tout le combustibl­e nucléaire irradié canadien, est encore inexistant. En consultati­on publique depuis 2009, la SGDN n’a toujours pas trouvé de site.

L’organisati­on a réduit de 19 à cinq le nombre de sites potentiels, tous situés en Ontario. La SGDN espère terminer la sélection d’ici 2023 pour pouvoir commencer à exploiter le dépôt à partir de 2043. ■

«J’ai grande confiance que ça peut se faire assez vite, tout en étant très rigoureux, car il y a beaucoup de réglementa­tion à suivre.»

 ??  ??
 ?? - Acadie Nouvelle: Simon Delattre ?? La centrale de Point Lepreau fête son 35e anniversai­re cette année.
- Acadie Nouvelle: Simon Delattre La centrale de Point Lepreau fête son 35e anniversai­re cette année.
 ?? Source: Société de gestion des déchets nucléaires ?? Un aperçu du projet de dépôt géologique en profondeur où sera stocké tout le combustibl­e nucléaire irradié canadien.
Source: Société de gestion des déchets nucléaires Un aperçu du projet de dépôt géologique en profondeur où sera stocké tout le combustibl­e nucléaire irradié canadien.
 ?? - Acadie Nouvelle: Simon Delattre ?? Une reproducti­on d’une grappe de combustibl­e composée d’uranium naturel.
- Acadie Nouvelle: Simon Delattre Une reproducti­on d’une grappe de combustibl­e composée d’uranium naturel.

Newspapers in French

Newspapers from Canada