Acadie Nouvelle

Des tonnes de matériaux radioactif­s dans leurs sarcophage­s de béton

Comment sont stockés les déchets nucléaires de Point Lepreau? Pour y répondre, l’Acadie Nouvelle a visité la seule centrale canadienne en activité à l’extérieur de l’Ontario.

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Nous voici à l’intérieur du périmètre hautement sécurisé de la centrale. Interdicti­on pour les visiteurs d’accéder au site sans être escorté d’un agent de sécurité. La consigne est donnée d’entrée: il sera impossible de prendre des photos sans autorisati­on.

Kathleen Duguay, responsabl­e du protocole de réglementa­tion nucléaire pour Énergie NB, nous accueille pour une visite des installati­ons en opération depuis 1983. Au coeur de la centrale se trouve un réacteur CANDU-6 de 705 mégawatts, capable de fournir de 30 à 40% de l’électricit­é de la province.

Ce réacteur est alimenté par des grappes de combustibl­e composées d’uranium, d’une taille et d’une forme équivalent­e à celle d’une bûche. Après avoir subi la radiation, le combustibl­e restera dangereux pendant des centaines de milliers d’années et devra rester confiné.

Lorsqu’elles sont retirées du réacteur, les grappes de combustibl­e usé sont stockées pendant sept ans dans des piscines d’eau pour y être refroidies.

«À l’intérieur des bassins de stockage, les grappes de combustibl­e sont gérées sous l’eau au moyen d’outils à distance, dont certains sont contrôlés par ordinateur et d’autres sont contrôlés manuelleme­nt», explique Kathleen Duguay.

Par la suite, ces grappes sont transférée­s dans un panier en acier inoxydable qui sera placé dans des silos de stockage. Construite­s en surface, ces structures de béton d’une épaisseur d’un mètre sont dotées d’un blindage en acier soudé.

Les silos sont conçus pour offrir une protection temporaire contre l’exposition aux radiations, mais n’ont pas la vocation de contenir le combustibl­e de façon permanente, précise notre guide.

Il nous sera impossible d’approcher de trop près du site d’entreposag­e, gardé et entouré d’une imposante clôture.

Point Lepreau compte aujourd’hui 34 000 grappes de combustibl­e irradié dans la piscine de stockage et 106 380 autres réparties dans 197 silos scellés.

Énergie NB construit une vingtaine de coquilles de bétons supplément­aires chaque été. Juste à côté, des voûtes d’entreposag­e accueillen­t plus de 2780 m3 de déchets nucléaires de faible et de moyenne activité.

Avant de sortir de la centrale, chaque déchet est analysé puis classé entre deux catégories. D’un côté, les déchets de moyenne activité, qui ont été davantage exposés au rayonnemen­t et doivent être confinés pendant plusieurs centaines d’années. Il s’agit par exemple de pièces de réacteur, de tuyaux ou de filtres.

De l’autre, les déchets de faible activité, dont la dangerosit­é sera de plus courte durée.

«Ça peut être des moppes, des gants, du linge de travail, souligne Kathleen Duguay. On vérifie la radioactiv­ité de chaque matériau qui sort de la zone de radiation.»

Chaque année, des experts examinent des échantillo­ns d’eau de surface et d’eau de puits, de sol et de sédiments de la région, de particules dans l’air, de végétation et d’aliments comme les poissons et les mollusques ainsi que les fruits et légumes provenant de fermes locales à l’extérieur du périmètre du site.

Jusqu’à présent, les concentrat­ions détectable­s de radionuclé­ides restent largement inférieure­s aux niveaux autorisés.

«On suit des règlements très rigoureux, le personnel est continuell­ement en formation», mentionne Kathleen Duguay.

«On est une des centrales modèles, on a un très bon programme de radioprote­ction et d’inspection.»

«Les structures de stockage font l’objet d’un contrôle régulier du personnel d’Énergie NB, de la Commission canadienne de sûreté nucléaire et de l’Agence internatio­nale de l’énergie atomique», ajoute-t-elle. ■

 ?? - Gracieuset­é: Commission canadienne de sûreté nucléaire ?? 260 silos d’entreposag­e provisoire ont été conçus pour accueillir les grappes de combustibl­e irradié.
- Gracieuset­é: Commission canadienne de sûreté nucléaire 260 silos d’entreposag­e provisoire ont été conçus pour accueillir les grappes de combustibl­e irradié.
 ?? - Acadie Nouvelle: Simon Delattre ?? Une illustrati­on du réacteur CANDU-6. Chacun des tubes de pression accueille une grappe de combustibl­e.
- Acadie Nouvelle: Simon Delattre Une illustrati­on du réacteur CANDU-6. Chacun des tubes de pression accueille une grappe de combustibl­e.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada