À QUAND LES BROWNIES AU POT?
Les brownies au pot et les autres aliments contenant du cannabis seront-ils permis au Canada dès le 17 octobre? Oui et non. Mieux vaut savoir à quoi s’en tenir pour éviter d’enfreindre la loi.
Le Jour J(oints) approche à grands pas au Canada. Dès le 17 octobre, le cannabis sera légalisé à des fins récréatives d’un océan à l’autre. Un changement historique que certains consommateurs attendent depuis longtemps.
C’est bien connu, les Néo-Brunswickois âgés de 19 ans et plus pourront se procurer jusqu’à 30 grammes de pot à la fois dans les nouvelles succursales de Cannabis NB. Ils pourront aussi faire pousser jusqu’à quatre plants à la maison s’ils le souhaitent.
Et les produits comestibles contenant du cannabis? Il sera toujours illégal d’en vendre au Canada après le 17 octobre. On ne les retrouvera donc pas sur les étagères chez Cannabis NB dès cet automne.
Le gouvernement fédéral a cependant annoncé son intention d’autoriser la vente de produits comestibles et de concentrés de cannabis «au plus tard 12 mois» après la légalisation de cette drogue à des fins récréatives. Donc au plus tard en octobre 2019.
Cela dit, rien n’empêchera les adultes néobrunswickois de fabriquer leurs propres produits comestibles contenant du cannabis dès le 17 octobre à condition de les garder pour eux.
Le gouvernement fédéral va cependant empêcher les gens de le faire en utilisant des solvants organiques dangereux. Bref, il sera possible de faire cuire des biscuits au pot à la maison... mais pas de transformer sa cuisine en laboratoire de fortune.
ET LORSQUE LA VENTE DE PRODUITS COMESTIBLES SERA LÉGALE?
À quoi pourra-t-on s’attendre lorsque la fabrication commerciale et la vente de produits comestibles sera légalisée?
Un tsunami de nouveaux aliments contenant du pot va-t-il déferler sur le marché néobrunswickois?
Nous avons posé la question au doyen de la Faculté de management de l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois. Cet expert de Halifax suit de très près ce qui se passe dans l’industrie alimentaire.
«Selon les informations que l’on a, je dirais que de 20 à 25% des transformateurs et des distributeurs (de nourriture) pensent déjà sérieusement à pénétrer le marché. Une fois qu’on va avoir une idée du cadre réglementaire, il est possible que ce ratio augmente», dit-il en entrevue téléphonique.
De très nombreuses questions restent effectivement sans réponse et on ne sait pas encore comment le gouvernement fédéral va encadrer la production de ces aliments.
De plus, d’important risques pourraient découler de cette aventure potentiellement très profitable. Les entrepreneurs qui se lanceront les auront sans doute à l’esprit.
Sylvain Charlebois donne l’exemple de ce qui s’est produit samedi en Nouvelle-Écosse, lorsqu’une fillette de 4 ans a été hospitalisée après avoir mangé une grande quantité de chocolat contenant du cannabis (voir l’encadré).
«Imaginez si ce produit avait une marque. Ça aurait été vraiment horrible pour l’entreprise – au niveau de l’image de marque – d’être associée à ce genre d’incident. Même si le parent était responsable, ou peu importe. Actuellement, les risques sont énormes pour les entreprises.»
Il s’attend d’ailleurs à ce que d’autres incidents semblables se produisent au cours des prochains mois. Cela va sans doute pousser certains entrepreneurs à prendre leur temps avant de plonger dans le marché des produits comestibles.
«J’ai l’impression qu’on va voir un paquet d’incidents comme ça arriver. Ça va ralentir les entreprises, qui n’oseront peut-être pas d’aller de l’avant avec ce genre de choses.» ■