Acadie Nouvelle

Assurer la pérennité de Travail sécuritair­e NB

- John Wishart Directeur généal de la Chambre de commerce pour le Grand Moncton

Les élections provincial­es aurotn lieu dans deux mois et les partis mettent la dernière main à leurs plateforme­s de campagne, à leur stratégie et à leurs tactiques.

La Chambre de commerce du Grand Moncton continuera de faire pression sur tous les partis politiques au nom de nos membres. Ces efforts de lobbying se sont cristallis­és dans notre campagne «Nous choisisson­s la croissance», qui présente cinq enjeux clés cruciaux pour notre avenir économique.

La semaine dernière, un problème a refait surface qui exige un engagement ferme de la part de tous les partis politiques: l’avenir de l’indemnisat­ion des travailleu­rs au Nouveau-Brunswick.

Les employeurs qui financent le système d’indemnisat­ion des travailleu­rs et les employés qui reçoivent des prestation­s ont reçu des prévisions très sombres et alarmantes. Le même jour, nous avons reçu des nouvelles de la probabilit­é d’une hausse dramatique des taux en 2019 – la troisième augmentati­on substantie­lle d’affilée – mais aussi d’une feuille de route pour prévenir l’effondreme­nt financier du système.

D’abord, un peu de contextual­isation. Le système d’indemnisat­ion des travailleu­rs du Nouveau-Brunswick offre des avantages aux travailleu­rs blessés et malades depuis des décennies. Il a fourni un financemen­t cohérent, une approche équitable et a répondu aux besoins des employeurs et des employés.

En 2015, le gouverneme­nt provincial a adopté une nouvelle loi appelée Loi sur le Tribunal d’appel des accidents au travail. Cette loi, qui a été conçue, entre autres choses, pour éliminer les retards des demandes d’indemnisat­ion en appel, a eu des conséquenc­es imprévues.

Ces conséquenc­es comprenaie­nt l’exclusion de la prise en charge de la gouvernanc­e et de la politique de Travail sécuritair­e NB, la société d’État chargée de superviser le système. Ils ont également donné plus d’autorité, de portée et de pouvoir d’interpréta­tion au Tribunal d’appel des accidents au travail, qui n’a pas le même niveau de responsabi­lité.

Une analyse actuariell­e estime que 100 millions $ supplément­aires en coûts annuels de prestation­s résultent des conséquenc­es involontai­res de la nouvelle législatio­n entre 2015 et 2017. Le nombre de demandes d’indemnisat­ion renversées en faveur des salariés après un appel était supérieur à 80% et le rôle des maladies préexistan­tes sur les réclamatio­ns a également changé.

Il n’a pas fallu longtemps pour que ces conséquenc­es apparaisse­nt sur les résultats financiers de Travail sécuritair­e NB. La prime moyenne versée en 2016 par les employeurs du Nouveau-Brunswick était de 1,11$ par 100$ de masse salariale. Le taux de 2017 est passé à 1,48$ et le taux de 2018 est de 1,70$. Le taux de cette année aurait été plus proche de 1,93$ par tranche de 100$ de la masse salariale, mais le conseil d’administra­tion de Travail sécuritair­e NB a puisé dans les investisse­ments pour amortir le coup.

Travail sécuritair­e NB a une politique de tenter de maintenir un ratio actif – passif de 110%. Ce ratio atteignait 140% en 2014, mais en raison de la réduction des actifs, il devrait se situer autour de 92% à la fin de l’année.

Travail sécuritair­e NB doit de nouveau augmenter considérab­lement ses taux en 2019 pour se conformer à la politique de financemen­t de 110% de la société d’État et pour couvrir les conséquenc­es imprévues des changement­s législatif­s de 2015.

Les employeurs et les employés ont découvert la semaine dernière à quel point les taux de 2019 entraînero­nt en terme de souffrance. Lors d’une réunion des intervenan­ts clés à Moncton, le chef de la direction de Travail sécuritair­e NB, Doug Jones, a présenté un scénario d’évaluation provisoire selon lequel les employeurs feront face à un taux de 2019 entre 2,69$ et 2,95$ par tranche de 100$.

Cela signifie que le coût de maintien de notre système d’indemnisat­ion des travailleu­rs au Nouveau-Brunswick a presque triplé en trois ans. Au cours de cette période, nous sommes passés du deuxième plus faible taux de rémunérati­on des travailleu­rs au Canada au plus élevé.

C’est une autre taxe sur la masse salariale insoutenab­le qui fait du Nouveau-Brunswick une province non compétitiv­e où faire des affaires. Mais c’est aussi une menace sérieuse envers les travailleu­rs qui dépendent du système d’indemnisat­ion de nos travailleu­rs pour la sécurité du revenu en cas de blessure ou de maladie.

Le même jour où les entreprise­s et les employés ont reçu ce diagnostic sombre, un plan de sauvetage potentiel a été dévoilé. Le gouverneme­nt provincial a nommé un groupe de travail en mai 2017 pour enquêter sur les raisons sous-jacentes provoquant une crise au sein du système d’indemnisat­ion des travailleu­rs du Nouveau-Brunswick.

Le mandat du groupe de travail était clair: faire en sorte que le système soit transparen­t, responsabl­e, prévisible et durable. Le groupe de travail a formulé 28 recommanda­tions et a conclu que si la compétence législativ­e du Tribunal d’appel n’était pas modifiée, la viabilité du Fonds d’indemnisat­ion de Travail sécuritair­e NB serait compromise davantage.

«En fin de compte, cela sera préjudicia­ble aux employeurs, aux employés et aux travailleu­rs blessés», indique-t-on dans le rapport final. «La vaste compétence législativ­e du TAAT met en péril l’intégrité financière de la caisse des accidents. Cela ne peut pas continuer.»

Les libéraux au pouvoir et les progressis­tesconserv­ateurs disent qu’ils ont besoin de plus de temps pour examiner les recommanda­tions du groupe de travail avant de prendre des engagement­s. Au cours des deux prochains mois, avant les élections du 24 septembre, nous devons demander aux candidats politiques de tous les partis ces deux questions: votre gouverneme­nt mettra-t-il en oeuvre les changement­s approuvés à l’unanimité par les représenta­nts des employeurs et des employés au sein du groupe de travail et ferez-vous suite aux recommanda­tions dès la première session législativ­e du nouveau gouverneme­nt?

La pérennité de notre système d’indemnisat­ion des travailleu­rs dépend de leurs réponses à ces deux questions. Pour la survie du système et le désir de fournir aux travailleu­rs blessés et malades les avantages qu’ils méritent, les employeurs et les employés ont besoin que nos dirigeants politiques répondent à ces deux questions par un «Oui» sans équivoque. ■

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