Acadie Nouvelle

Pas facile de trouver l’équilibre entre les droits des autochtone­s et la santé du troupeau d’orignaux

Près d’un an s’est écoulé depuis que les tribunaux ont jugé que les chasseurs autochtone­s ont le droit de vendre de la viande d’orignal à des non-Autochtone­s, et ce, afin de gagner leur vie de façon modérée. Il est cependant toujours impossible d’obtenir

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com

La Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a jugé, le 17 août 2017 dans l’affaire Michael Reynolds, que les chasseurs autochtone­s ont le droit de vendre de la viande d’orignal à des non-Autochtone­s.

La question de la chasse commercial­e des Premières Nations cause cependant des maux de tête au gouverneme­nt provincial.

Comme solution temporaire, les agents de conservati­on du ministère de la Justice et de la Sécurité publique ont «modifié les pratiques d’applicatio­n de la loi», assure un porte-parole de Fredericto­n.

Les agents ont la lourde tâche de trouver le juste équilibre entre l’exercice du droit des chasseurs des Premières Nations et «la durabilité du troupeau d’orignaux au Nouveau-Brunswick».

Entretemps, le gouverneme­nt provincial confirme qu’il n’a toujours pas restauré les permis de transfert spéciaux qui permettaie­nt la vente de viande d’orignal d’un chasseur autochtone à un non-Autochtone jusqu’en 2003.

Jean Bertin, du ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources, explique que «c’est une question complexe et nous travaillon­s avec les Premières Nations pour trouver des solutions possibles à l’avenir».

«Nous travaillon­s sur les implicatio­ns potentiell­es sur les politiques et les pratiques provincial­es existantes qui sont examinées par les ministères concernés, y compris le ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique, le Secrétaria­t des Affaires autochtone­s et le Bureau du Procureur général.»

La décision dans l’affaire Reynolds a eu lieu alors que les biologiste­s du gouverneme­nt provincial constatent un déclin «évident» de la population des orignaux dans les régions du sud du Nouveau-Brunswick.

Le nombre de permis de chasse attribués cette année est de 4465, soit 165 de moins que la moyenne des cinq années précédente­s.

Dans son rapport sur les gros gibiers de 2017, le ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources affirme qu’«il est difficile d’évaluer la population des orignaux avec précision parce qu’on ignore la quantité et la distributi­on de bêtes prélevées par la récolte non réglementé­e».

«Il faut se montrer conservate­ur dans l’attributio­n des permis réglementé­s pour assurer la durabilité de la population jusqu’à ce qu’on puisse établir un mécanisme de récolte et de signalemen­t des prises d’orignaux qui tient compte des droits des Autochtone­s et des droits issus de traités existants.»

Les jours qui ont suivi la décision de la Cour d’appel sur le droit de vente commercial­e des chasseurs autochtone­s, des fonctionna­ires ont affirmé dans un mémo sur les impacts du jugement qu’elle va «presque certaineme­nt» provoquer «une hausse significat­ive de la chasse non réglementé­e d’orignal dans un avenir prochain».

«À la lumière du récent jugement de la Cour d’appel du NB dans R. c. Reynolds; si le statu quo est maintenu, la Loi sur le poisson et la faune n’offrira pas au ministère du Développem­ent de l’énergie et des ressources la capacité d’assurer la gestion durable de la population de la faune à l’avenir», peut-on lire dans un courriel interne obtenu par l’Acadie Nouvelle grâce à une demande d’accès à l’informatio­n.

La chasse à l’orignal automnale est fort populaire au Nouveau-Brunswick. Chaque année depuis 2009, au moins 60 000 personnes ont demandé un permis. Moins de 8% des postulants en obtiennent. ■

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