Conflit entre la Chine et les États-Unis: les homardiers acadiens prônent la prudence
L’industrie du homard en Amérique du Nord ressent les premières répercussions de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Le prix du crustacé sur les quais du Maine a baissé de presque 30% dans les deux dernières semaines. Certains vendeurs
Les tarifs douaniers sur le homard exporté des États-Unis vers la Chine ont grimpé de 25%, le 6 juillet, dépassant la barre des 40%. À première vue, la nouvelle semble positive pour les exportateurs canadiens, qui ne paient que 7% en frais à la frontière.
Un vendeur de homard américain a affirmé à National Public Radio, la semaine dernière, que les tarifs mettent son entreprise - qui vend 50% de son produit en Chine - en péril. Un autre a affirmé à NBC qu’il doit trouver de nouveaux acheteurs pour presque 20% de son produit qui allait jusqu’alors en Chine.
Le prix payé aux pêcheurs du Maine pour le homard à carapace molle a chuté dans les deux dernières semaines, selon le Boston Globe. Le quotidien du Massachusetts affirme qu’il est passé de 5,25 $US à 3,75 $US la livre. En monnaie canadienne, il s’agit de prix de 6,90$ et 4,90$ la livre, respectivement.
Une baisse du prix du homard en été n’est pas inhabituelle aux États-Unis, étant donné que les pêcheurs capturent plus de homard à carapace molle. Mais la baisse est plus prononcée en 2018.
«C’est assez typique que les prix baissent en été, mais je soupçonne qu’une partie de cette baisse est due aux tarifs», affirme Geoff Irvine, directeur général du Conseil du homard du Canada.
M. Irvine croit que les nouveaux tarifs auront des répercussions au Canada, mais qu’il est encore trop tôt pour en estimer l’ampleur.
L’homme ne dispose de données sur les exportations que pour la période allant jusqu’à la fin mai, soit avant l’entrée en vigueur des tarifs. Les données de juillet et août seront plus révélatrices.
Le directeur général du Conseil du homard du Canada est d’avis que les exportateurs canadiens seront prudents face à leur nouvel avantage par rapport aux Américains en Chine. Afin d’assurer la viabilité à long terme, ils continueront à vendre le homard à leurs clients établis, plutôt que de se ruer vers le marché chinois, et ce, même dans le cas où les Chinois sont prêts à payer plus cher.
«Nous avons de très bons clients à travers le monde et il y a une quantité limitée de homard. Nous n’allons pas les abandonner juste parce qu’il y a une occasion ailleurs. Nous voulons les protéger.»
«La situation des tarifs pourrait changer dans une semaine. Il s’agit d’une question très volatile.»
Certains observateurs canadiens estiment ainsi que, contrairement à ce que l’on pourrait croire à première vue, les tarifs feront ultimement tort à l’industrie des fruits de mer au Canada.
Les vendeurs américains, privés de leurs clients chinois, sont à la recherche de nouveaux clients afin de liquider leur produit. Cela pourrait provoquer une surabondance de homard sur le marché. Un tel déséquilibre de l’offre et de la demande fera baisser la valeur du crustacé. ■
«Nous pouvons assumer - et ça aurait du sens - que les pêcheurs canadiens sortiront gagnants, mais c’est encore trop tôt pour le dire.»