La vérité avant l’amnistie
Certains, comme Juan Carlos Trujillo, adoptent une vision plus large, et se mettent à la fois à la place des victimes et des criminels pris dans ce qu’ils considèrent comme une guerre inutile contre la drogue.
Après une décennie de recherches infructueuses pour retrouver ses quatre frères, disparus à partir de 2008, M. Trujillo est prêt à donner une chance à l’amnistie. «Après dix ans de recherches, j’ai réalisé que dans ce pays, la justice a disparu; nous avons donc choisi d’avoir accès à la vérité, explique-t-il, même si cela signifie que certaines personnes peuvent rester impunies. Nous avons vu qu’aujourd’hui nous devons pacifier notre pays, étant entendu qu’on ne peut combattre la violence avec plus de violence.»
Mais il s’empresse de préciser: «Du point de vue des familles, l’amnistie ne signifie pas pardonner et oublier, c’est essayer de comprendre, de comprendre les personnes qui ont été utilisées par les organisations criminelles, qui sont gérées depuis le bureau du président.»
Javier Sicilia, un poète devenu militant après la mort de son fils en 2011, pense que la question est présentée dans le mauvais sens.
«Dans ce processus, l’amnistie est la dernière partie; nous devons d’abord connaître la vérité, a-t-il dit à des médias mexicains. Nous sommes préoccupés par cette insistance sur l’amnistie. (...) Si nous ne connaissons pas la vérité, nous ne serons pas en mesure de déterminer qui se qualifie» pour l’amnistie, a ajouté M. Sicilia.
Fernando Ocegueda recherche son fils qui était âgé de 23 ans lorsqu’il a été emmené par des hommes en uniforme de police à Tijuana en 2007. En 2009, le groupe de M. Ocegueda a été l’un des premiers à prouver que les cartels de la drogue font parfois disparaître les corps des victimes avec des produits chimiques corrosifs.
M. Ocegueda croit qu’une amnistie générale n’est pas nécessaire. Ce dont le Mexique a désespérément besoin, selon lui, c’est d’une sorte de programme de réduction des peines pour les criminels qui fournissent des informations. «L’important (...) est de réduire les peines pour les criminels lorsqu’ils donnent des informations véridiques sur le sort des disparus», croit-il.