Acadie Nouvelle

LES HAUTS ET LES BAS D’UNE FAMILLE CUBAINE EN ACADIE

Chaque jour, Zoe Lidia Suarez Prieto savoure sa joie de vivre aux côtés de sa fille, Yalenis, dont elle a été séparée pendant plusieurs années. Mais son bonheur reste en suspens. Les services de l’immigratio­n n’ont toujours pas accordé les papiers adéquat

- vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Cela fait huit mois que Yalenis, âgée de 14 ans, réside dans la Péninsule acadienne. Quand on lui demande si elle s’y sent bien, un large sourire dévoilant ses dents blanches ponctue son «Oui!» enjoué.

Son français est encore hésitant. Elle le perfection­ne tous les jours en passant du temps avec le groupe d’amis qu’elle s’est constitué.

«J’aime aller avec eux au cinéma ou manger une crème molle. On va faire du vélo aussi», articule-t-elle.

Zoe, sa mère, la couve d’un regard attentionn­é.

«Je ne pensais pas qu’elle s’intégrerai­t aussi bien. J’avais peur au début. Elle me surprend.» «Elle adore l’hiver. Pour elle, il fait trop chaud en ce moment», s’étonne la maman.

«La neige, c’est magique», ajoute sa fille, qui confie ensuite avoir hâte de s’essayer au ski de fond.

Il ne s’écoule pas une journée sans que Zoe Lidia Suarez Prieto redoute le pire.

«Je crains que l’Immigratio­n me dise qu’elle doit repartir et qu’il vienne la chercher. Ça me déchirerai­t le coeur», lâche-telle soudain, le regard sombre.

Yalenis est née et a grandi à Cuba. En 2010, sa mère l’a laissée sur l’île alors qu’elle venait tenter sa chance au Canada. Loin d’elle l’idée de l’abandonner. Elle n’avait qu’un rêve: se trouver une bonne situation et faire le nécessaire pour que son enfant la rejoigne.

Les aléas de la vie et les méandres de la bureaucrat­ie l’ont contrainte à patienter longuement. Et son attente n’est pas encore terminée.

En décembre, Yalenis a atterri munie d’un visa touriste valable six mois. Aussitôt, la famille a rempli un dossier pour que l’adolescent­e obtienne une résidence permanente. Il est en cours de traitement.

Peu avant l’expiration du visa, elle a déposé une demande de prolongati­on. Ces démarches demeurent sans réponses.

«Yalenis n’est pas dans l’illégalité. Nous avons respecté les délais pour envoyer nos documents. Tant que les services de l’immigratio­n ne se prononcent pas, elle est en statut implicite et peut rester sur le territoire canadien», renseigne Johanne Boivin Drapeau.

Cette spécialist­e québécoise en réunificat­ion familiale conseille Zoe depuis le début. Elle admet que les délais d’attente sont anormaleme­nt longs.

«Ça me pose problème. C’est un manque de transparen­ce.»

La situation est d’autant plus gênante que dans ces conditions, l’adolescent­e ne peut être inscrite à l’école et bénéficier de l’assurance maladie de la province.

«J’ai peur qu’elle tombe malade ou que quelque chose lui arrive. On ne sait jamais… Quoi qu’il se passe, je me débrouille­rai. Je ferai tout pour ma fille.»

Yalenis veut rester, ne serait-ce que pour être présente à la naissance de son futur petit frère. Sa mère est enceinte de six mois.

Une jeune Cubaine qui débarque au Nouveau-Brunswick en plein hiver, forcément on s’imagine qu’elle peinera à s’acclimater. C’est tout l’inverse qui s’est produit.

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- Acadie Nouvelle: Vincent Pichard Zoe Lidia Suarez Prieto et sa fille Yalenis sont réunies, mais dans l’attente d’une réponse des services de l’immigratio­n.
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