Acadie Nouvelle

Éviter le pire scénario

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Le gouverneme­nt du premier ministre libéral Brian Gallant est hyperactif ces jours-ci. Il ne se passe à peu près pas une journée sans qu’il fasse une, sinon plusieurs annonces de financemen­t. L’opposition progressis­te-conservatr­ice ne manque pas une occasion de dénoncer cette stratégie, qu’elle apparente à une tentative des libéraux d’acheter leur réélection avec l’argent des contribuab­les.

Elle s’amuse même à compter le nombre d’annonces. Au moment de rédiger ces lignes, les conservate­urs en avaient recensé pas moins de 279 depuis le début de l’année. Un chiffre qui démontre à quel point les libéraux sont hyperactif­s.

Pendant ce temps, le chef de l’opposition, Blaine Higgs, n’a pas perdu de temps. Les derniers mois ont été fructueux pour l’aspirant premier ministre.

Le véritable coup de maître de M. Higgs a été de réussir à s’assurer d’avoir des candidatur­es crédibles dans les régions francophon­es, en particulie­r dans le Nord.

Le Parti progressis­te-conservate­ur n’a pas seulement perdu le pouvoir en 2014. Il a aussi vu disparaîtr­e la presque totalité de ses députés francophon­es. Des poids lourds comme Paul Robichaud et Claude Williams se sont vus montrer la porte de sortie par les électeurs. La seule survivante de la razzia, Madeleine Dubé, a annoncé sa retraite politique avant d’obtenir le poste de vicerectri­ce de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston.

Il n’y a jamais eu de doute que les conservate­urs présentero­nt d’ici septembre des candidats dans toutes les circonscri­ptions, y compris celles peuplées en majorité d’Acadiens. Il était toutefois permis d’avoir des doutes sur la capacité du parti à recruter des candidats solides, capables de se faire élire et surtout en mesure de jouer un rôle important au sein d’un éventuel gouverneme­nt Higgs. De ce côté, les choses s’améliorent.

Les bleus ont convaincu d’anciens députés et ministres de reprendre du service (Claude Landry, Jeannot Volpé, Danny Soucy). Ils ont aussi recruté des personnali­tés bien connues (le maire Kevin Haché, l’artiste Robert Gauvin).

Pas besoin d’être un partisan libéral, conservate­ur, néo-démocrate ou vert pour comprendre l’importance de voir les principaux partis politiques compter sur des candidats sérieux autant dans les régions anglophone­s que francophon­es.

Le pire scénario serait de se réveiller le 25 septembre, au lendemain de l’élection, avec un gouverneme­nt Higgs qui ne compterait aucun député francophon­e, ou alors aucun député avec des états de service faisant de lui une personne influente au sein du nouveau gouverneme­nt.

Une précision ici s’impose afin d’éviter la mauvaise foi de certains partisans. L’Acadie Nouvelle n’appuie pas en éditorial un parti plutôt qu’un autre. Là n’est pas la question. Il nous importe toutefois que le prochain gouverneme­nt puisse compter sur une présence francophon­e digne de ce nom.

Le Parti libéral compte déjà une très forte proportion de députés de langue française. Ce n’est pas le cas pour les progressis­tesconserv­ateurs, qui n’en ont présenteme­nt aucun. D’où l’importance pour les bleus de s’activer.

Le Parti progressis­te-conservate­ur n’a pas besoin des circonscri­ptions du Nord pour gagner les prochaines élections. Quelques gains ici et là à Fredericto­n, à Saint-Jean ou à Moncton pourraient suffire.

Nous sommes par contre satisfaits de constater que des efforts ont été faits pour assurer une présence crédible ailleurs que dans le triangle d’or.

Cela ne signifie pas que le PC réalisera des gains à coup sûr. Kevin Haché est candidat dans un château fort libéral alors que Robert Gauvin est un candidat parachuté qui fait face à un ministre sortant, lequel a défait lors du plus récent scrutin le numéro 2 du gouverneme­nt (Paul Robichaud).

C’est sans compter que l’histoire est pleine d’anciennes gloires politiques qui ont tenté un retour dans l’arène publique, simplement pour se faire dire par les électeurs qu’ils avaient fait leur temps.

Pour Blaine Higgs, ces candidatur­es sont toutefois importante­s. Son principal défi est d’établir un lien de confiance avec les électeurs acadiens. Son lourd passé antibiling­uiste, ses positions controvers­ées récentes sur des enjeux à caractère linguistiq­ue, ses difficulté­s avec la langue de Molière et sa tolérance à l’endroit de députés et militants francophob­es constituen­t un handicap.

Il a besoin de candidats francophon­es qui répéteront sur toutes les tribunes avoir confiance en lui et qui se diront convaincus que le Blaine Higgs qui a déjà réclamé un référendum visant à faire du NouveauBru­nswick une province unilingue anglaise et le Blaine Higgs d’aujourd’hui ne sont pas le même homme.

Sur ce front, le chef joue bien ses cartes. Mais il a encore du travail à faire.

Il n’a d’ailleurs pas de candidat dans plusieurs circonscri­ptions, en particulie­r dans le Restigouch­e et la région Chaleur (des candidats aux investitur­es seront bientôt révélés).

Il devra continuer de travailler ferme s’il souhaite convaincre l’électorat acadien que ses élus ne seraient pas réduits au rôle de marionnett­e dans un gouverneme­nt Higgs.

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