Acadie Nouvelle

DES PÊCHEURS PLEINS D’ESPOIR DANS KENT

Les pêcheurs de homard du détroit de Northumber­land prendront le large, jeudi prochain. Sur les quais de Kent et du Sud-Est, des centaines de homardiers préparent leurs casiers et leurs bateaux en rêvant de bonnes prises et de prix élevés.

- jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Jean-Eudes Poirier se prépare pour sa 29e saison de pêche au homard dans le détroit de Northumber­land depuis bien des mois.

En hiver, dans sa remise, celui qui pêche à partir du quai de Chockpish a vérifié son cordage et a repeint ses bouées. La semaine prochaine, il transporte­ra ses 250 casiers au quai. Mercredi, il en placera environ 175 - avec appâts sur son bateau pour le premier matin au large. Il déposera les 75 autres plus tard dans la journée.

Pendant deux mois, le pêcheur de Kent passera six jours par semaine sur l’eau à récolter les homards de ses casiers.

L’Acadie Nouvelle a rejoint M. Poirier et son collègue, Paul LeBlanc, au quai de Chockpish, mercredi matin, alors qu’ils préparaien­t leur équipement pour la nouvelle saison de pêche.

Les deux capitaines suivent l’actualité de l’industrie du homard de près, tentant de se faire une idée du prix qu’ils recevront pour leurs débarqueme­nts. Ils recueillen­t aussi l’informatio­n qu’ils peuvent sur les stocks de homard afin de savoir si leurs casiers seront pleins cet été.

«Quand c’est notre vie, on est toujours nerveux. On souhaite que tout aille bien et que personne ne se fasse mal. On souhaite qu’il y ait du homard à l’eau et un bon prix sur les quais. Il y a beaucoup de “si” et de questions», mentionne M. Poirier, qui est aussi ostréicult­eur.

«On saura juste en octobre si c’était une bonne saison. C’est à ce moment-là qu’on pourra juger comme il faut. On ne sait rien avant», mentionne M. LeBlanc, qui pêche le pétoncle en plus du homard.

LA SAISON DES SPÉCULATIO­NS

La semaine avant la pêche en est toujours une de spéculatio­ns sur les quais du détroit de Northumber­land. Les prix seront-ils bons? Les prises seront-elles bonnes?

Certains signes incitent à l’optimisme en ce qui concerne les prix. Contrairem­ent à l’an dernier, il n’y a pas eu de baisse soudaine de la valeur du dollar américain par rapport au huard, à la fin juillet. De plus, les tarifs de 6% à 20% sur les produits de homard transformé­s vendus en Europe ont subi une baisse de plus dans le cadre de leur éliminatio­n progressiv­e sur quatre ans de l’Accord économique global et commercial.

Certains craignent cependant que les tarifs de 25% imposés par la Chine aux États-Unis sur le homard dans le cadre de leur guerre commercial­e provoquent une surabondan­ce de homard sur le marché nord-américain. Cela pourrait forcer les prix à la baisse.

«Trump n’a pas aidé les choses en se chicanant avec la Chine», mentionne M. LeBlanc.

Les pêcheurs auront seulement une idée claire des prix une fois la pêche commencée.

Ils veulent surtout s’assurer que la situation de l’an dernier - quand les prix avaient chuté de plus de 2$ la livre comparativ­ement à la pêche du printemps ne se répète pas.

«On entend toutes sortes de choses et nous espérons que les pêcheurs vont recevoir un prix plus tôt que tard dans la saison. Je n’entends pas de choses si négatives que ça. Il y a des pêcheurs et certains contacts de l’industrie qui nous disent qu’il n’y aura pas une grosse différence comparativ­ement au printemps», affirme Michel Richard, de l’Union des pêcheurs des Maritimes.

Au printemps 2018, les pêcheurs du Nord-Est ont reçu de 5,00$ à 5,50$ la livre pour le homard, selon un rapport du gouverneme­nt de l’Île-du-PrinceÉdou­ard.

S’il y a de l’incertitud­e entourant les prix, les prévisions entourant les débarqueme­nts sont positives. L’an dernier, les pêcheurs prenaient beaucoup de homard juste en dessous de la taille minimale de carapace pour la capture.

Ces homards auront atteint la taille nécessaire pour la pêche commercial­e cette année. Les observateu­rs trouvent aussi beaucoup de bébés homards dans le bassin d’eau.

«Au niveau du recrutemen­t, les pêcheurs n’ont pas raison de s’inquiéter dans les prochaines années. Mais on rappelle toujours aux pêcheurs qu’il n’y a rien de permanent dans les pêches», affirme M. Richard.

Les pêcheurs souhaitent que la canicule se termine d’ici au lancement de la pêche. Les homards perdent rapidement leur vigueur dans les températur­es élevées, ce qui forcera les pêcheurs à toujours avoir de la glace à bord leur bateau. Certains pourraient aussi faire deux voyages par jour plutôt qu’un seul afin de réduire la période de temps que le crustacé passera entre la mer et l’usine.

Les pêcheurs ont aussi dû modifier leur équipement afin d’éviter qu’il y ait du cordage flottant dans le bassin d’eau en raison des mesures de protection des mammifères marins imposés par le gouverneme­nt fédéral au printemps.

Heureuseme­nt pour les pêcheurs d’automne, la zone 25, qui s’étend de PointeSapi­n à Pugwash, en Nouvelle-Écosse, se situe à l’extérieur de la zone potentiell­e de fermetures dynamiques dues aux observatio­ns de baleines noires. ■

«J’ai toujours dit: ‘‘si tu ne peux pas faire ta vie en six jours, tu ne pourras pas la faire en sept!’’» mentionne-t-il en riant.

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- Acadie Nouvelle: Jean-Marc Doiron Paul LeBlanc prépare ses casiers au quai de Chockpish en vue de la prochaine saison de pêche au homard dans le détroit de Northumber­land.
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