Un pur ravissement
Certes, il y avait l’anticipation (voilà 40 ans, au moins, que j’attendais!), mais rien n’aurait pu me préparer à l’impact du Festival international de musique baroque de Lamèque: trois jours de pur ravissement, de profonde émotion et de réflexion sur le pouvoir rassembleur de l’art, partout, jusque dans les coins les plus reculés de notre monde.
Bach, Haendel, Couperin, Dowland. Du clavecin, du luth, de la viole de gambe, de l’orgue, du théorbe (une découverte, je l’admets), des artistes bourrés de talent, généreux de leur temps et de leur art ainsi qu’un directeur musical, Vincent Lauzer, unanimement apprécié (pour ne pas dire «adoré») pour son enthousiasme contagieux, son efficacité et son talent. Tout dans la 43e édition du festival coupait littéralement le souffle.
Lorsqu’arriva (bien à regrets d’ailleurs!) le concert de clôture, consacré à deux oeuvres du compositeur anglais Henry Purcell, nous étions toutes et tous prêts pour l’extase. Nous n’avons pas été déçus! Le choeur et l’orchestre de la Mission Saint-Charles, le remarquable chef Ivars Taurins et les solistes invités ont créé, dans l’improbable écrin de l’église Sainte-Cécile de PetiteRivière-de-l’Île une soirée magique.
En discutant avec le fondateur du festival, Matthieu Duguay, et avec son président actuel, Jean-René Noël, j’ai aussi pu mesurer l’impact de l’évènement sur la région et son pouvoir sur la population. J’ai constaté que le fondateur est toujours aussi fier de son festival et comblé de son essor actuel, ce qui n’est pas si commun! J’ai vu, de mes yeux, la fierté de tous ceux et celles, bénévoles, mélomanes, mécènes et autres, qui se dévouent pour «leur» festival.
Au-delà de la virtuosité des musiciens et du niveau musical digne des plus grandes salles de concert, c’est ce bonheur partagé, cette générosité d’esprit de tous et de chacun, ce désir sans cesse renouvelé d’apporter le beau dans ce que beaucoup de gens appelleraient «le bout du monde», qui fait du Festival international de musique baroque de Lamèque un évènement absolument unique. Et ce n’est pas le claveciniste français Loris Barrucand, participant pour sa toute première fois au festival et émerveillé de la chance qu’il avait d’être là, qui me contredirait là-dessus. ■