Les producteurs de petits fruits n’ont pas tous le coeur à la fête
Fraises, framboises et bientôt bleuets… La récolte des petits fruits fait le bonheur des consommateurs, dans la Péninsule acadienne. Ils les achètent en barquettes ou les ramassent eux-mêmes. Pourtant, les producteurs n’ont pas tous le coeur à la fête.
À l’auto-cueillette de fraises de Village Blanchard, on prépare les champs pour la saison prochaine. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
La saison des framboises est lancée! L’autocueillette de Rang-Saint-Georges, près de Paquetville, a ouvert ses portes dimanche; le verger de Tilley Road, non loin de SaintIsidore, sera accessible dès samedi.
Les petites baies rose foncé poussent au bout des branches et elles suscitent déjà des convoitises.
«Ça fait trois semaines qu’on m’appelle pour me passer des commandes. Maintenant qu’on a fait les premières récoltes, le téléphone sonne tous les jours», révèle Roger Godin.
Le propriétaire du site de Rang-SaintGeorges ne boude pas ses efforts pour contenter la demande.
«On est présent sept jours sur sept, de 6h le matin jusqu’à 20h.»
Les clients sont au rendez-vous, en matinée surtout.
«Les après-midis sont plus tranquilles. Parce qu’il fait trop chaud, les gens ne veulent pas rester longtemps dans les champs, au soleil.»
La production s’annonce prometteuse. Bien plus que celle de l’an passé. À cause des pluies verglaçantes de janvier 2017, il avait perdu la moitié de ses framboisiers.
«Je ne suis pas encore revenu à ma pleine capacité. Disons que j’en suis à 80%.»
Roger Godin a le sourire. Les producteurs de fraises, qui proposent eux aussi des auto-cueillettes, n’ont pas le même enthousiasme.
Leur saison se termine. À Grande-Anse, Reno Poirier a fermé son terrain mardi; À Village-Blanchard, Joël et Lise Rioux, les responsables, accueilleront leurs derniers visiteurs au plus tard ce week-end.
«On décide au jour le jour. Ça touche à sa fin», dit-elle. La saison des framboises commence et elle s’annonce prometteuse. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard L’heure est au bilan. Cette année, il n’est pas bon.
«On n’a pas pu tout ramasser. J’ai eu des pertes», indique Reno Poirier.
Le printemps froid n’a pas affecté ses plants comme redouté. La chaleur, en revanche, a eu de néfastes répercussions.
«Elle a fait mûrir les fraises trop vite. Ça a joué sur le goût. Moins une fraise prend du temps pour mûrir, moins elle est sucrée.»
Reno Poirier estime ses résultats «moyens». À Village Blanchard, le frère et la soeur Rioux sont plus catégoriques: «Ç’a été mauvais, pour ne pas dire catastrophique.» Les fortes gelées de la fin mai et du début juin ont causé des dégâts. Les fraises hâtives, les premières de la saison, n’ont pas survécu.
«On a perdu la moitié de notre récolte et ça nous a obligés à commencer 10 jours en retard», déclare Lise.
«Ç’a aussi eu un impact sur la taille de nos fraises. Elles étaient plus petites qu’à l’accoutumée», ajoute Joël.
Bonne ou mauvaise année, les producteurs profitent toujours de l’engouement de la population pour les auto-cueillettes.
«Ça reste populaire, constate Reno Poirier. On voit beaucoup de grands-parents avec leurs petits-enfants. Ça va aussi de pair avec une tendance: le monde se rapproche de la nature. Ils sont de plus en plus nombreux à jardiner ou à avoir des poules chez eux.» ■