Acadie Nouvelle

Non, ce n’est pas une tempête dans un verre d’eau

Isabelle Labrie Saint-Quentin

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En réponse aux propos à caractère désobligea­nts d’Albert Lagacé à l’égard du Dr Hubert Dupuis, président d’Égalité Santé en français, parus dans le journal du 30 juin dernier.

Vous osez mentionner et je cite: «Je suggère au président du groupe Égalité Santé en français, Hubert Dupuis, de s’occuper de sa pratique ou encore de penser à se présenter aux prochaines élections pour le parti conservate­ur au lieu de parcourir les régions francophon­es et propager des craintes non fondées concernant notre système de santé dans la province».

En effet, Dr Hubert Dupuis a fait ses devoirs comme président d’Égalité Santé en français. C’est à la demande du Comité permanent de la santé de Saint-Quentin et le Comité d’action citoyens du Restigouch­e-Ouest que le Dr Dupuis a été invité à venir rencontrer la population suite à la découverte dudit rapport effectué par des étudiants de l’Ouest canadien. Ce rapport a été commandé par l’ancien ministre de la Santé, Victor Boudreau.

Le contenu de ce rapport correspond exactement à toutes les compressio­ns que nous subissons dans nos soins de santé à Saint-Quentin et Grand-Sault. Surtout depuis les dernières années. Vous n’avez qu’à consulter le Plan des services cliniques de Vitalité dont la phase 1 est terminée. Nous craignons que la phase 2, qui s’amorce bientôt, confirme nos plus grandes craintes. Le document est disponible sur internet.

M. Lagacé, depuis tant d’années que nous nous battons pour conserver nos services et soins de santé essentiels à notre hôpital, prenez le temps de lire ce qui suit et vous réaliserez que notre situation n’est pas une tempête dans un verre d’eau, comme vous le dites.

En 1975, notre hôpital était muni de 43 lits. Depuis 1975, petit à petit, nous perdons tous nos services essentiels.

Nous avons présenteme­nt six lits d’hospitalis­ation, avec une moyenne d’occupation de 12 à 15 patients par jour. Les patients doivent dormir dans les corridors sans aucune intimité pour être soignés et avec du personnel alloué pour six lits.

Le départemen­t d’obstétriqu­e est fermé. Nos futures mamans doivent parcourir plus d’une heure de route pour accoucher, parfois sans savoir si elles auront le temps de se rendre à destinatio­n, à Edmundston ou à Campbellto­n.

Depuis l’automne dernier, le départemen­t de laboratoir­e est fermé à partir de 16h jusqu’à 8h le lendemain, et ce, du lundi au vendredi. Il est fermé les fins de semaine. En plus, il n’y a aucun technologi­ste à notre hôpital. C’est une technologi­ste d’Edmundston qui vient effectuer le travail à Saint-Quentin. Et tenez-vous bien, nos médecins traitants sont compétents et lorsque le laboratoir­e est fermé, ils ne peuvent poser un diagnostic précis avec un petit appareil (ISTAT) installé aux urgences. Et lorsque certains tests ne peuvent être effectués sur cet appareil, le gouverneme­nt paie des taxis qui prennent la route avec les échantillo­ns pour les faire analyser au laboratoir­e d’Edmundston et le médecin traitant doit attendre les résultats. C’est un non-sens… Quelle perte de temps dans les soins! Quel raisonneme­nt inhumain et quel gaspillage!

À l’oncologie, nos infirmière­s administra­ient ces traitement­s depuis plus de 26 ans. Elles étaient formées comme celles des hôpitaux d’Edmundston et de GrandSault. Depuis quelque temps, c’est une infirmière d’Edmundston qui vient offrir les traitement­s de chimiothér­apie aux patients de notre hôpital. Le gouverneme­nt affirme que nos infirmière­s ne sont pas qualifiées pour administre­r ces traitement­s. Pourtant, elles ont la même formation que les infirmière­s d’Edmundston. Quel manque de respect envers nos infirmière­s.

Nous avons presque tout perdu nos services ambulatoir­es. Entre autres, le service d’endoscopie (examen de l’estomac et des intestins). On doit être endormi pour cet examen, donc à jeun depuis la veille. On doit prendre la route le lendemain matin et faire plusieurs heures sur des routes presque impraticab­les. Après l’interventi­on, il faut rebrousser chemin… et parfois arrêter sur le bord de la route .pour vomir. Comme l’appareil pour cette interventi­on et trop désuet ici, ces examens sont discontinu­és et le gouverneme­nt refuse de le remplacer par manque de budget, paraît-il.

On pourrait continuer ainsi longtemps. Imaginez-vous l’hiver, dans des tempêtes, avec de jeunes bébés, des femmes prêtes à accoucher, etc. En plus, nous sommes dans une région très industrial­isée, ce qui veut dire énormément de camions lourds sur nos routes. Ce qui signifie qu’on parfois met la vie des gens en danger.

Une belle tempête dans un verre d’eau, M. Lagacé!

Toute la population du Restigouch­eOuest est épuisée et frustrée de subir autant d’injustices, de préjudices et d’atteintes à la justice sociale. Et d’être traité ainsi par nos trois responsabl­es des soins de santé qui - et c’est malheureux de le dire, portent des noms acadiens.

Alors, nous avons le sentiment de nous faire déporter, petit à petit, et, cette fois, par nos dirigeants acadiens.

Pour terminer, on vous invite, M. Lagacé, à venir constater tout ce que nos responsabl­es des soins de santé nous imposent. Peut-être que vos sentiments à l’égard du Dr Dupuis et celle de toute la population du Restigouch­e-Ouest changeront.

Oui, nous avons droit de recevoir des soins de santé permanents et essentiels chez nous, à notre hôpital rural qui dessert une population de presque 6400 personnes de Menneval à Saint-Quentin. ■

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