MOMENTS DIFFICILES AUX RÉSIDENCES JODIN
Familles désespérées, aînés malmenés, travailleurs surmenés et pénurie flagrante de main-d’oeuvre qualifiée et disponible.
Partout aux quatre coins du Nouveau-Brunswick, l’histoire semble vouloir se répéter pour une énième fois.
Le réseau de la santé de la province traverse une grave crise qui n’est pas près de s’estomper, bien au contraire diront certains.
La plus récente histoire qui illustre cette triste situation est celle que vivent actuellement les gens qui gravitent autour des Résidences Jodin, situées à Edmundston.
Un incident qui serait survenu récemment à ce foyer de soin de longue durée témoigne du climat parfois toxique qui se cache derrière des installations spacieuses, luxueuses, ultra moderne, situées dans un cadre enchanteur.
La direction de la résidence a confirmé à l’Acadie Nouvelle qu’une enquête interne a été instituée et qu’un présumé cas de maltraitance d’une bénéficiaire a mené au retrait temporaire d’une employée de son milieu de travail.
Léo Levesque est formel: il martèle que sa mère, Jeannine Levesque, âgée de 87 ans, a été victime de comportements abusifs et violents de la part d’au moins une préposée aux bénéficiaires.
À maintes reprises, il a demandé à la direction d’obtenir des explications au sujet des soins apportés à sa mère et que des mesures disciplinaires appropriées soient prises à l’endroit de l’employée fautive, dont nous tairons volontairement le nom.
Selon une employée qui s’est confiée à l’Acadie Nouvelle, la préposée en question n’en serait pas à ses premiers démêlés avec des personnes âgées vulnérables, ainsi qu’avec certains de ses collègues de travail et des membres de la direction.
«J’aimerais que l’on puisse faire bouger les choses, je ne pas peux tolérer que l’on s’en prenne comme ça à une femme qui souffre d’ostéoporose et qui peut casser à rien, en plus d’un peu de démence», a souligné celle qui préfère taire son nom.
Un rapport d’inspection d’une cinquantaine de pages a été consulté par le journal auprès du ministère du Développement social.
Ce rapport, rédigé en 2017, laisse entendre que la direction des Résidences Jodin a éprouvé quelques problèmes en ce qui a trait à la gestion administrative des incidents ou des accidents majeurs pouvant porter atteinte à la santé ainsi qu’à la sécurité des pensionnaires ou du personnel.
Il fait tout de même état d’améliorations significatives dans la dernière année quant à la prestation des soins aux aînés, et ce, après un rapport gouvernemental d’inspection publié en 2016 qui s’est avéré des plus accablants pour les Résidences Jodin.
«Nous avons à coeur de prendre chacune des plaintes au sérieux et de collecter toutes les données nécessaires de façon judicieuse pour en arriver à des pistes de solution le plus rapidement possible», a affirmé France L. Marquis, présidente du conseil d’administration des Résidences Jodin.
Chose certaine, le contrat de travail liant les Résidences Jodin à ses employés représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique est on ne peut plus clair: aucune forme de harcèlement et de violence physique et verbale ne saura être tolérée dans l’établissement.
UNE INCURSION AU COEUR DU QUOTIDIEN
Présent à l’intérieur des murs du magnifique immeuble nommé le Domaine des Bâtisseurs, le journal a été le témoin privilégié d’un endroit où règne une ambiance particulière.
Un endroit où la compassion, les soins attentionnés et les sourires réconfortants s’entremêlent à la douleur, à la maladie et au désespoir.
Pressant la directrice générale des Résidences Jodin de questions depuis belle lurette, Léo Lévesque n’en peut plus d’attendre des réponses qui ne semblent pas vouloir venir selon lui.
M. Lévesque ne sait évidemment plus à quel Saint se vouer.
«Si la préposée qui a maltraité ma mère n’est pas dans son domaine, qu’elle s’en aille. C’est ma mère après tout, elle ne mérite pas d’être massacrée!», a-t-il lancé dans un face à face virulent avec la directrice générale de l’établissement.
«On s’occupe du dossier de Mme Levesque», a répondu avec sang-froid Jacynthe Bérubé devant la longue liste de doléances qui lui sont adressées.
Après de multiples visites auprès de sa mère et de discussions avec les membres de la direction, Léo Levesque estime se heurter à un mur et à un immobilisme de la part de ceux-ci.
«On me dit de ne pas m’inquiéter que le dossier et la vie va suivre son cours. Cette fois ça suffit, ça va faire!», a lancé le fils éploré.
M. Lévesque se questionne également sur l’absence d’enregistrements vidéo qui auraient pu témoigner de certains débordements de la part de l’employée en question.
La direction du foyer de soins confirme pourtant que des caméras de surveillance installées à des endroits stratégiques enregistrent les moindres faits et gestes du personnel ainsi que des aînés afin d’assurer en tout temps leur sécurité et leur intégrité. ■