Acadie Nouvelle

20% DES DIRECTEURS GÉNÉRAUX ONT QUITTÉ LEUR EMPLOI DEPUIS 2017

- Jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Le monde municipal est en transition au Nouveau-Brunswick. Près de 20% des 104 municipali­tés du NouveauBru­nswick ont vu partir leur directeur général, depuis le début de l’an dernier.

Bas-Caraquet, Tracadie, Néguac, Beaubassin-Est, Bathurst, Grande-Anse, Moncton… ne sont que quelques-unes des municipali­tés qui ont changé de directeur général depuis le début de 2017.

D’autres, comme Bouctouche et SaintAntoi­ne, ont un employé intérimair­e qui dirige leur administra­tion publique. Le conseil municipal de Dalhousie, lui, a tout simplement éliminé son poste de directeur général.

Près d’une vingtaine de municipali­tés du Nouveau-Brunswick ont dû réagir au départ de leur directeur général dans la dernière année et demie, selon Danielle Carron, directrice générale de l’Associatio­n des administra­tions municipale­s du N.-B.

Les raisons sont multiples. Dans bien des cas, il s’agit de directeurs généraux de la génération des baby-boomers qui prennent leur retraite. Dans d’autres cas, ce sont des conflits de personnali­tés entre les élus et l’administra­tion ou le départ du directeur général pour une autre communauté lui offrant un salaire plus élevé.

«Il y a beaucoup de mouvement chez le personnel des municipali­tés, que ce soit du côté francophon­e ou anglophone», mentionne Mme Carron.

«Dans les plus grandes municipali­tés, on le remarque peut-être moins au quotidien parce qu’il y a des centaines d’employés. Mais si on pense à des petites communauté­s, où il y a sept ou huit employés, le fait d’avoir un nouveau chef de l’administra­tion a un gros impact», ajoute Paul Lang, directeur général de la Commission des services régionaux de Kent.

Pour ces municipali­tés qui oeuvrent avec un directeur général par intérim ou qui l’ont fait entre le départ d’un DG et l’embauche d’un nouveau, la situation est comparable à celle d’une équipe de hockey en infériorit­é numérique.

«C’est certain que quand tu joues en désavantag­e numérique, c’est un peu plus difficile pour tout le monde. On essaie simplement de couvrir ses angles et de garder la rondelle en dehors du filet. L’analogie est un peu boiteuse, mais c’est quand même ça. Quand il y a un départ, le reste du personnel doit combler le vide. La personne qui prend le poste par intérim garde habituelle­ment les fonctions de son poste régulier», affirme Frédérick Dion, directeur général de l’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du Nouveau-Brunswick.

Un tel scénario est celui d’Émilie Doiron Gaudet. En plus d’exercer la fonction de directrice des finances de Bouctouche, elle est directrice générale par intérim depuis le départ de Daniel LeBlanc, le 19 juin.

M. LeBlanc avait été embauché à peine quelques mois plus tôt. Le conseil municipal n’a pas l’intention d’embaucher un nouveau directeur général à court terme.

«C’est certain que je suis occupée, mais j’ai toujours été pas mal occupée. On ne s’ennuie jamais!»

DÉFI DE RECRUTEMEN­T

Les municipali­tés font face à un défi de recrutemen­t. Comme il n’existe pas de formation postsecond­aire francophon­e en gouvernanc­e locale, dans les Provinces maritimes, les individus qui souhaitent se lancer dans le domaine doivent étudier en anglais à la Dalhousie University de Halifax ou suivre une formation au Québec.

«Les directeurs généraux de municipali­tés, ça ne court pas les rues. Ce n’est pas une expertise qui existe tellement, parce qu’on n’offre pas la formation. La plupart du temps, ce sont des gens qui ont appris sur le tas», explique M. Dion, qui a récemment été nommé directeur général de Petit-Rocher.

Selon M. Lang, la maîtrise en administra­tion publique à l’Université de Moncton offre plusieurs compétence­s qui conduisent au travail de directeur général.

La plupart des diplômés décrochent cependant des emplois de fonctionna­ire auprès des gouverneme­nts provincial ou fédéral.

D’autres individus découvrent le domaine de l’administra­tion municipale en complétant une formation en récréologi­e, avant d’obtenir un poste de directeur des loisirs ou un emploi semblable. Ils ont alors l’occasion de travailler de près avec le directeur général de leur communauté, puis de se familiaris­er avec ses tâches. Par la suite, ils suivent des formations additionne­lles - en comptabili­té par exemple - avant d’être nommés euxmêmes au poste de directeur général.

Malgré les défis, Danielle Carron vante les mérites du travail de directeur général. En étant «le premier point de contact avec les citoyens», les administra­teurs municipaux ont un niveau de proximité avec la communauté qui n’existe pas dans les paliers de gouverneme­nt provincial et fédéral.

«On a vraiment l’impression de faire une différence pour les gens. On travaille pour la communauté et il y a une proximité incroyable.» ■

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 ??  ?? Yves Léger, à gauche, est greffier par intérim à Beaubassin-Est et les tâches de la direction générale sont réparties entre les différents employés le temps que la municipali­té arrive à pouvoir le poste. - Archives
Yves Léger, à gauche, est greffier par intérim à Beaubassin-Est et les tâches de la direction générale sont réparties entre les différents employés le temps que la municipali­té arrive à pouvoir le poste. - Archives
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