Acadie Nouvelle

Des souches mutantes de VIH circulent en Saskatchew­an

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Des souches mutantes de VIH qui circulent en Saskatchew­an entraînent le développem­ent plus rapide de maladies liées au sida chez la population autochtone, affirme une nouvelle étude.

La recherche du Centre d’excellence sur le VIH / sida de la Colombie-Britanniqu­e et de l’Université Simon Fraser a été présentée jeudi, dans le cadre de l’édition 2018 de la Conférence sur le sida, à Amsterdam. Elle montre que les souches du VIH en Saskatchew­an présentent des niveaux élevés de mutations immunorési­stantes comparativ­ement à celles d’autres régions du Canada et des États-Unis.

«Les médecins disaient que quelque chose clochait, que les gens tombaient malades très, très rapidement, a expliqué Zabrina Brumme, l’auteure principale de l’étude et une professeur­e agrégée en sciences de la santé à l’Université Simon Fraser. C’est presque comme si le virus était plus vicieux.»

Les taux d’incidence du VIH en Saskatchew­an sont parmi les plus élevés en Amérique du Nord, avec des taux plus de dix fois supérieurs à la moyenne nationale dans certaines régions en 2016. Près de 80 pour cent des personnes vivant avec le VIH dans la province sont autochtone­s.

Les chercheurs ont émis l’hypothèse que les maladies qui se développai­ent rapidement étaient liées à des souches résistante­s qui s’étaient adaptées au profil immunitair­e spécifique des population­s autochtone­s.

«En Saskatchew­an, comme ailleurs dans le monde, le VIH s’adapte aux population­s hôtes dans lesquelles il circule, a précisé Mme Brumme. En Saskatchew­an, la majorité des personnes touchées par le VIH sont d’ascendance autochtone, de sorte que le VIH s’est adapté à ces population­s.»

L’analyse pluriannue­lle a comparé plus de 2300 séquences de VIH de la Saskatchew­an avec des séquences provenant d’ailleurs au Canada et aux États-Unis.

Les chercheurs ont examiné 70 mutations différente­s, mais une mutation clé a été trouvée dans plus de 80 pour cent des souches de VIH dans la province, comparativ­ement à seulement environ 25 pour cent des souches de VIH trouvées ailleurs en Amérique du Nord.

Plus de 98 pour cent des séquences de VIH recueillie­s en Saskatchew­an présentaie­nt au moins une mutation majeure résistante au système immunitair­e. Les chercheurs ont dit que cela signifie que les souches avec des mutations similaires sont fréquemmen­t et largement transmises.

Jeffrey Joy, un chercheur au Centre d’excellence sur le VIH / sida de la ColombieBr­itannique, a indiqué que même si les résultats sont préoccupan­ts, la bonne nouvelle est que si les gens subissent des tests, le traitement fonctionne encore sur des souches immunorési­stantes.

Selon lui, il est essentiel d’élargir l’accès au dépistage et au traitement du VIH en Saskatchew­an, car les antirétrov­iraux ne font pas que réduire les symptômes d’une personne, mais ils peuvent aussi empêcher la propagatio­n des souches de VIH mutées.

«Les souches qui portent les mutations disparaîtr­ont lentement parce qu’elles ne seront pas transmises à d’autres individus», a expliqué M. Joy.

Les chercheurs ont déclaré qu’ils prévoyaien­t se rendre en Saskatchew­an et rencontrer des communauté­s et des médecins pour les aider à diffuser les résultats et à encourager d’autres tests.

Le gouverneme­nt de la Saskatchew­an a annoncé une somme supplément­aire de 600 000 $ dans son budget de 2018-2019 pour les médicament­s anti-VIH. ■

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