Acadie Nouvelle

L’ACCUSÉ POSSÉDAIT UN PERMIS D’ARMES À FEU

«Ses discussion­s avec les autres clients et le personnel sont devenues plus politiques lorsque nous avons reçu un afflux de réfugiés syriens dans la ville»

- Morgan Lowrie

L’homme accusé d’avoir tué quatre personnes à Fredericto­n, vendredi, possédait un permis d’armes à feu et l’arme d’épaule qui aurait servi à la fusillade peut être obtenue tout à fait légalement au Canada, a indiqué la police de la ville, lundi. La directrice du Service de police de Fredericto­n, Leanne Fitch, a rappelé lundi que ce type d’armes d’épaule est facilement disponible, il ne s’agit pas d’une arme prohibée ou à autorisati­on restreinte.

Mme Fitch a également indiqué que l’un des policiers arrivés au complexe d’appartemen­ts portait une caméra vidéo corporelle et que les images sont actuelleme­nt visionnées par les enquêteurs.

La chef Fitch a par ailleurs ajouté que les policiers de Fredericto­n ont accès à des gilets pareballes et à des carabines.

La fusillade de vendredi a coûté la vie à deux civils, Bobbie Lee Wright et Donnie Robichaud, ainsi qu’à deux policiers, les agents

Robb Costello et Sara

Burns, qui répondaien­t à un appel pour des coups de feu.

Des citoyens émus ont continué lundi à ajouter des fleurs, des petits mots et des oursons en peluche au monument commémorat­if improvisé amorcé dès vendredi devant le quartier général de la police de Fredericto­n. Des gens tiennent aussi à signer un immense drapeau canadien accroché à l’extérieur.

À l’hôtel de ville de Fredericto­n, lundi, des gens faisaient la file afin de signer des livres de condoléanc­es pour les deux policiers municipaux tombés sous les balles. Plusieurs repartaien­t en larmes, après avoir vu les photos des policiers posés à côté de deux bougies et de fleurs blanches.

Pour un événement public prévu lundi soir, les organisate­urs demandaien­t aux résidants de se tenir main dans la main afin de former une longue chaîne humaine sur le pont piétonnier qui enjambe le fleuve Saint-Jean.

UN «TYPE SOLITAIRE»

Matthew Vincent Raymond, âgé de 48 ans, a été accusé de quatre chefs de meurtre au premier degré; il doit comparaîtr­e devant le tribunal le 27 août. On ignore encore le mobile de cette fusillade.

Un entreprene­ur de Fredericto­n qui connaissai­t l’accusé l’a décrit comme un «type solitaire» qui passait une grande partie de son temps à faire du vélo et à jouer à des jeux vidéo «de tir subjectif».

Brendan Doyle, ancien propriétai­re d’un café de Fredericto­n récemment fermé, avait par ailleurs demandé à M. Raymond de ne plus fréquenter son établissem­ent, parce qu’il avait exprimé des opinions islamophob­es et partagé avec des clients son aversion pour les réfugiés syriens.

«Il venait presque tous les jours prendre un café depuis 2010 et restait souvent une heure ou deux le soir», a indiqué M. Doyle dans un message à La Presse canadienne, dimanche.

«Dans le café, Matt lisait également des magazines sur les vélos et les armes à feu», a-t-il soutenu.

«Il a exprimé son intérêt à posséder les différents vélos haut de gamme montrés dans les magazines, mais son intérêt pour les armes semblait plus lié aux jeux vidéo.» «Je l’ai vu un week-end, devant la mairie, en homme-sandwich avec une pancarte où on pouvait lire: ‘‘Pas de charia’’ et autres slogans anti-islamiques.»

L’homme soutient avoir discuté avec M. Raymond pour déterminer à quel point ses opinions étaient extrêmes.

«J’en ai conclu qu’il était simplement ignorant et mal informé: il semblait vraiment répéter ce qu’il avait entendu dans certaines vidéos.»

L’accusé a déjà travaillé dans un supermarch­é Atlantic Superstore du sud de la capitale néo-brunswicko­ise, a confirmé l’entreprise lundi.

FUNÉRAILLE­S RÉGIMENTAI­RES

La police de Fredericto­n a déjà annoncé que des funéraille­s régimentai­res pour les deux policiers seraient célébrées samedi à l’Université du Nouveau-Brunswick.

Selon la notice nécrologiq­ue de l’agente Burns, âgée de 43 ans, mère de trois garçons, a réalisé son rêve de devenir policière il y a trois ans, après plus de 14 ans comme mère au foyer.

«Pas un jour ne s’écoulait sans qu’elle ne dise à haute voix, pour que tout le monde l’entende: ‘‘J’adore mon boulot’’.»

La notice nécrologiq­ue de Donnie Robichaud indique qu’il laisse dans le deuil une femme et trois enfants, et qu’il n’y aura pas de funéraille­s, conforméme­nt à ses souhaits; sa dépouille ne sera pas non plus exposée. ■

«Ses discussion­s avec les autres clients et le personnel sont devenues plus politiques lorsque nous avons reçu un afflux de réfugiés syriens dans la ville», a déclaré M. Doyle.

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- Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau. Des citoyens émus ont continué lundi à ajouter des fleurs, des petits mots et des oursons en peluche au monument commémorat­if improvisé amorcé dès vendredi devant le quartier général de la police de Fredericto­n.
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Leanne Fitch

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