Acadie Nouvelle

De nouveaux cours en français pour être au diapason des besoins

- André Magny Francopres­se

Les étudiants des collèges et université­s viennent à peine de ranger leurs tablettes électroniq­ues, que déjà les directions d’enseigneme­nt des collèges et université­s de la francophon­ie canadienne sont en train de concocter de nouveaux cours en français pour être au diapason des besoins de leur communauté.

Cette effervesce­nce du milieu éducatif se ressent à travers plusieurs établissem­ents franco-canadiens. Le point commun: les cours sont lancés après concertati­on avec le milieu qu’il soit communauta­ire ou industriel, des études de faisabilit­é et souvent un apport à la francophon­ie locale voire canadienne.

De l’Île-du-Prince-Édouard jusqu’en Colombie-Britanniqu­e, des bancs d’école de plus en plus proactifs avec des cours qui ont vu le jour cette année ou qui seront offerts à compter de septembre.

EN PLEIN DANS LE SIÈCLE

Au Collège communauta­ire du Nouveau-Brunswick (CCNB), ça innove en grand avec de nouveaux cours qui seront donnés lors de la prochaine rentrée.

Pierre Clavet est conseiller sectoriel en TI, Technologi­es et Sciences naturelles au Campus de Bathurst du CCNB. Il s’est particuliè­rement occupé de la mise sur pied de deux nouveaux cours qui verront le jour à la fin de l’été, Cybersécur­ité et Internet des objets. Ces cours sont donnés pour la première fois au NouveauBru­nswick.

Si on connaît un peu plus ce qu’est la cybersécur­ité, l’internet des objets ressembler­ait davantage à ce qu’on appelle aussi la domotique.

«Ce sont les objets branchés en réseau, explique Pierre Clavet, comme ces capteurs analysant la production sur une chaîne de montage et la qualité des produits qui y sortent.»

«Trois grands piliers seront vus dans le cours: l’électroniq­ue, la programmat­ion et l’analyse des données», résume le conseiller.

Son collègue Alain Boisvert, directeur du Campus de la Péninsule acadienne, parle avec enthousias­me du programme Créativité et innovation, une première en français pour les Maritimes.

Ce tout nouveau programme pourra accueillir, en septembre, jusqu’à 15 étudiants dotés, selon le directeur, «d’une pensée non convention­nelle».

Ils seront ainsi outillés «pour solutionne­r des problèmes de façon créative» et «mieux saisir le fonctionne­ment du cerveau».

C’est une façon pour le CCNB de «répondre avec audace aux besoins exprimés par le milieu de l’emploi et d’être attentif aux nouvelles caractéris­tiques entreprene­uriales qui animent nos actions», de conclure M. Boisvert.

DE NOUVELLES APPROCHES

C’est dans cette optique que l’Université de Hearst a mis sur pied, il y a quelques années, un baccalauré­at en Étude des enjeux humains et sociaux, dont l’établissem­ent est particuliè­rement fier. Ce diplôme met l’accent sur l’apprentiss­age par l’expérience.

Deux exemples. Dans le cours Sociologie des religions, l’apprentiss­age expérienti­el est une fois de plus au rendezvous.

«Une dizaine de religions sont à l’étude, une étude non seulement théorique, mais très pratique», précise Mme Jacques.

«À la suite d’une semaine en classe, le groupe consacre une semaine sur le terrain à côtoyer des représenta­nts religieux de divers cultes. Ce type d’activité encourage les participan­ts à remettre en question leur “savoir”, leurs perception­s pour faire place à l’accueil des différence­s.»

Dans le cours Introducti­on à l’interdisci­plinarité, les étudiants doivent passer trois jours ensemble à l’extérieur du campus. Comme l’indique Nancy Jacques, responsabl­e des communicat­ions, « les trois jours d’exploratio­n ont pour objectif de déstabilis­er les participan­ts; déstabilis­er dans le sens d’ébranler les conviction­s, de sortir de la zone de confort, de s’ouvrir à de nouvelles perspectiv­es et de concevoir le monde autrement. »

DU CONCRET

L’expérience sur le terrain qu’offre l’Université de Hearst se veut très concrète, et l’amène aussi à offrir des stages en milieu de travail.

On vise aussi à combler des besoins très concrets à l’Université de Moncton, avec le cours Communicat­ion de crise. Celui-ci amène les étudiants à mieux se préparer et s’organiser en matière de plan de communicat­ion quand survient une crise.

Stratégies et choix des messages, relations avec les médias, gestion de l’aprèscrise et même l’approche curative sont analysés dans ce nouveau cours offert au programme d’informatio­n-communicat­ion.

L’ÉDUCATION

Les besoins en santé sont perceptibl­es dans les milieux francophon­es, mais ceux en éducation aussi. Comme l’explique Dominique Chouinard, la directrice des communicat­ions du Collège de l’Île-du-Prince-Édouard, seul établissem­ent postsecond­aire de langue française de l’île, «plusieurs étudiants - tous programmes confondus - sont recrutés avant même la fin de leurs études, à cause de la pénurie de main-d’oeuvre bilingue dans la province. Ces pénuries sont criantes dans certains domaines, dont celui de la petite enfance.»

Pour contrer ce problème, un consortium formé avec l’Associatio­n des centres de la petite enfance francophon­es de l’Î.P.-É offre, pour septembre, huit bourses destinées aux personnes prêtes à s’engager au moins deux ans à l’IPÉ en travaillan­t dans l’un des six centres de la petite enfance francophon­es de la province après avoir suivi au Collège de l’Île le programme associé, d’une durée de deux ans.

Ces bourses couvrent notamment les droits de scolarité et les frais de déplacemen­t.

LE BILINGUISM­E: UNE FORCE

Dans l’Ouest, on retiendra un nouvel ajout au baccalauré­at conjoint en sciences infirmière­s de la Saskatchew­an. À partir de la rentrée de septembre, une option bilingue sera offerte. Cela permettra aux étudiants d’étudier 50% en français et 50% en anglais. Ce baccalauré­at bilingue est offert dans le cadre d’un partenaria­t entre l’Université de Regina, Saskatchew­an Polytechni­c et La Cité universita­ire francophon­e.

«Ça fait des années que la communauté fransaskoi­se souhaite un tel programme», soutient Francine ProulxKenz­le, la gestionnai­re du projet, qui rappelle que les spécialist­es de la santé ont été pour la plupart formés en anglais.

Grâce à cette nouvelle option, à la fin de leur parcours universita­ire, les étudiantes «auront développé une confiance en elles pour soigner les personnes en français», assure la gestionnai­re fransaskoi­se.

Quand plus de 80% d’une cohorte de 27 étudiants n’ont pas le français comme langue maternelle, mais qu’ils tiennent à faire un baccalauré­at multidisci­plinaire en affaires publiques et internatio­nales, cela donne à Simon Fraser University (SFU) le French Cohort Program (FCP) combinant la science politique, le français et l’histoire.

Pour Anne-Marie Gagné, coordonnat­rice de la communicat­ion, du marketing et du recrutemen­t au Bureau des affaires francophon­es et francophil­es de la SFU, «le FCP se démarque du fait qu’il mise sur un mode d’apprentiss­age combinant la théorie et la pratique. Les étudiants sont alors impliqués dans plusieurs projets avec la communauté, tels que le Parlement jeunesse francophon­e ou la publicatio­n d’articles dans le journal bilingue de la ColombieBr­itannique».

Au bout de leur troisième année, les étudiants ont le choix entre le Québec, la Belgique, la Suisse et la France pour effectuer obligatoir­ement un stage.

C’est le cas de Hamish Clinton, qui partira vers l’Hexagone. Celui qui est natif de Kamloops en ColombieBr­itannique et qui a fréquenté les écoles d’immersion dans son enfance souhaite ainsi améliorer un français qui est déjà fort bon.

«Ce que j’aime avec le FCP, c’est qu’on a beaucoup de soutien, comme des ateliers de grammaire; on a tellement de ressources!»

Une cohorte de 27 étudiants comme celle à laquelle appartient Hamish mérite sans doute d’être appelée, non pas francophil­e, mais carrément francophon­e avec tous les efforts menés par ses participan­ts. ■

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À l’Université de Hearst, on étudie les enjeux humains et sociaux. - Gracieuset­é

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