Acadie Nouvelle

ABSENCE DE DÉBAT FRANCOPHON­E: LEVÉE DE BOUCLIERS

- mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

La société civile acadienne s’organise pour convaincre Radio-Canada Acadie de présenter un débat des chefs en français durant la campagne électorale.

La Concertati­on des organismes de l’Acadie du Nouveau-Brunswick a l’intention d’envoyer une lettre au diffuseur public pour le convaincre d’abandonner l’idée de présenter un forum citoyen bilingue avec les chefs en collaborat­ion avec CBC au lieu du traditionn­el débat en français.

«Il n’y a pas de marge de manoeuvre par rapport à cette question-là. Je pense que donner à l’ensemble des chefs la possibilit­é de séduire les francophon­es dans leur langue, peu importe leur niveau dans cette langue, est beaucoup plus respectueu­x», avance le directeur général de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Ali Chaisson.

La Concertati­on des organismes compte notamment dans ses rangs l’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du Nouveau-Brunswick.

La propositio­n de Radio-Canada «est un recul par rapport à ce à quoi on a toujours eu droit, un débat dans notre langue», indique le président de l’Associatio­n, Luc Desjardins.

Selon le chef de l’informatio­n de RadioCanad­a Acadie, Denis Robichaud, la formule du forum citoyen bilingue «est la meilleure dans les circonstan­ces actuelles».

«Il ne faut pas oublier que la situation dans laquelle on se retrouve, elle est reliée au fait que ce ne sont pas tous les chefs qui sont bilingues», a-t-il dit en entrevue, vendredi.

M. Robichaud assure que les téléspecta­teurs francophon­es auront droit à une émission «complèteme­nt en français».

«C’est sûr qu’il va y avoir de la traduction simultanée, comme c’est le cas pour les téléspecta­teurs anglophone­s.»

Malgré l’opposition de la société civile et de nombreux internaute­s, le diffuseur public n’a pas l’intention de changer sa formule.

«Nous sommes vraiment convaincus que nous sommes capables de faire une solide émission qui va permettre aux électeurs du Nouveau-Brunswick, francophon­es ou anglophone­s, d’en savoir plus sur ce que disent les chefs de formations politiques», affirme Denis Robichaud.

L’émission de 90 minutes doit être diffusée en direct de Moncton le 12 septembre en compagnie de Karine Godin du Téléjourna­l Acadie et de Harry Forestell de CBC.

BRIAN GALLANT REFUSE DE DÉBATTRE AVEC UN SUBSTITUT

Durant le forum, des citoyens poseront quatre questions en français et quatre questions en anglais aux chefs des partis qui pourront répondre dans la langue de leur choix grâce à la traduction simultanée.

Afin de faciliter la traduction, les chefs devront attendre chacun leur tour pour répondre à la question. Il ne leur sera pas permis de débattre ou d’interrompr­e un autre chef.

C’est notamment pour éviter la confusion que l’idée d’organiser un débat traditionn­el en français en fournissan­t la traduction simultanée aux chefs qui en ont besoin a été écartée, explique Denis Robichaud.

«Un débat souvent, c’est déjà cacophoniq­ue. La traduction simultanée (…) va venir vraiment compliquer les choses et nous craignions que ça devienne un cauchemar pour les téléspecta­teurs», avancet-il.

La possibilit­é d’inviter des substituts francophon­es à la place des chefs qui ne sont pas suffisamme­nt bilingues n’a pas non plus été retenue, indique M. Robichaud.

«Le commentair­e que nous avons reçu à ce sujet, c’est que les chefs veulent débattre avec les chefs», dit-il.

Le directeur général du Parti progressis­te-conservate­ur, Paul d’Astous, a confirmé au journal, jeudi, que son chef, Blaine Higgs, ne parle pas suffisamme­nt français pour participer à un débat dans la langue de Molière sans traduction simultanée.

«Ce n’est pas acceptable. On peut faire un forum public bilingue si l’on veut, mais ça prend (aussi) un débat dans chacune des deux langues avec les chefs.»

«Ça serait très difficile pour M. Higgs et pour les téléspecta­teurs. Mais il n’y a pas seulement que M. Higgs qui n’aurait pas pu participer à un débat francophon­e», a-t-il dit.

Selon la porte-parole du Parti, Nicolle Carlin, les progressis­tes-conservate­urs seraient toutefois prêts à envoyer un substitut.

«Cette formule ne nous a pas été offerte par Radio-Canada, mais oui, nous serions d’accord pour envoyer quelqu’un à la place de M. Higgs.»

Le Parti libéral est cependant opposé à ce scénario.

«Un débat des chefs est conçu pour les chefs. Le premier ministre (Brian) Gallant ne débattra qu’avec les autres chefs», indique le porte-parole des libéraux, Jonathan Towers.

Les coprésiden­ts de la campagne du Parti libéral ont envoyé une lettre à RadioCanad­a et CBC, mardi, pour leur demander de revenir à la formule traditionn­elle.

«Si, par exemple, la question au sujet des soins de santé est posée en anglais, et le chef y répond en anglais, est-ce juste pour le tiers de francophon­es qui n’auront qu’entendu le chef par l’intermédia­ire d’un ou d’une interprète au sujet de cet enjeu politique important?», ont écrit Joan Kingston et le député Serge Rousselle.

Les responsabl­es du Parti vert et du Nouveau Parti démocratiq­ue ont indiqué que leurs chefs pouvaient débattre en français et qu’ils n’étaient pas opposés à l’idée de débattre en présence de substituts. ■

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Les chefs du NPD, du Patri progressis­te-conservate­ur et du Parti libéral avaient participé au traditionn­el débat en français à RadioCanad­a en 2014. - Archives
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