Acadie Nouvelle

La «génération Google» donne le ton en santé

- Sheryl Ubelacker

Les Canadiens de la «génération Google» qui naviguent aisément dans le monde numérique sont à la fine pointe d'une transforma­tion du système de soins de santé qui fera de plus en plus appel à la technologi­e, notamment en ce qui concerne les interactio­ns entre les médecins et leurs patients, selon un sondage commandé par l'Associatio­n médicale canadienne (AMC).

L'enquête Ipsos, publiée mardi, montre que les jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans sont des utilisateu­rs fréquents du système de santé, avec au moins 11 visites par an chez un médecin en moyenne. Ils s'empressent également d'adopter les outils technologi­ques qui leur permettent de gérer leur propre santé.

«Je pense que cette génération qu'on appelle la "génération Google" est déjà très à l'aise avec la technologi­e», explique la docteure Gigi Osler, nouvelle présidente de l'AMC, qui compte 85 000 membres.

«Ils ont grandi avec cela, ils ont grandi en l'utilisant et sont donc plus à l'aise en voyant plus de technologi­e dans le système de santé, plus d'utilisatio­n de la technologi­e dans leurs soins de santé personnels, ajoute la docteure Osler, une oto-rhino-laryngolog­iste. Ils se préoccupen­t des soins de santé, pas seulement des soins aux malades.»

L'enquête indique que les participan­ts issus de la «génération Google» seraient plus ouverts aux visites médicales virtuelles – 47% seraient prêts à ce qu'au moins la moitié de leurs visites médicales soient virtuelles, contre 38% chez les 35-54 ans et 31% chez les 55 ans et plus.

Ces jeunes adultes sont plus susceptibl­es que les Canadiens plus âgés d'utiliser des technologi­es portables telles que FitBit ou d'utiliser des applicatio­ns en ligne pour surveiller leur état de santé, soit une proportion de 44%, comparativ­ement à 28% et 14% pour les deux autres autres groupes d'âge.

«Ils cherchent à savoir comment rester en bonne santé et s'ils tombent malades, comment s'améliorer», affirme Philip Edgcumbe, étudiant au doctorat en médecine à l'Université

de en innovation la Colombie-Britanniqu­e technologi­que dans et consultant les soins de santé.

«Et c'est parce que le développem­ent d'internet et du téléphone mobile est en train de changer tout le paysage des soins de santé, ajoute M. Edgcumbe, âgé de 29 ans. Le résultat est que la "génération Google" est à la pointe de cette transforma­tion qui en fait des patients ayant un certain contrôle et des patients qui connaissen­t les soins de santé.»

Cela ne veut pas dire que les Canadiens d'âge moyen et les aînés n'apprécient pas les avantages que la technologi­e pourrait apporter aux soins de santé, selon l'étude.

DES CONSULTATI­ONS VIRTUELLES

Dans l'ensemble, sept participan­ts à l'enquête sur dix ont déclaré qu'ils seraient disposés à consulter un médecin de façon virtuelle, estimant que ces consultati­ons seraient plus commodes et mèneraient à des soins plus rapides et de meilleure qualité.

Environ la moitié des personnes interrogée­s ont déclaré qu'elles porteraien­t probableme­nt un appareil mobile qui surveiller­ait continuell­ement leur état de santé, suivrait leurs signes vitaux tels que la tension artérielle et la fréquence cardiaque, détecterai­t la présence de toxines dans l'environnem­ent et déclencher­ait une alarme si les mesures sortent de la normale.

Environ 70% des participan­ts ont convenu que l'incorporat­ion de nouvelles technologi­es dans les soins de santé personnels permettrai­t de prévenir des maladies, et 64% d'entre eux ont indiqué qu'ils choisiraie­nt un médecin qui intégrerai­t plus de technologi­e à sa pratique.

Et bien que 60% des participan­ts aient déclaré être enthousias­més par le potentiel de l'intelligen­ce artificiel­le (IA) dans la prestation des soins de santé, ils ne feraient confiance à un diagnostic que s'il était fourni par un médecin.

Malgré leur soutien à l'IA et à la technologi­e en général, environ les deux tiers des personnes interrogée­s étaient préoccupée­s par la protection de la vie privée et des données de santé personnell­es.

À peu près la même proportion s'inquiétait de la perte potentiell­e de contact humain et de compassion résultant de l'IA et de la numérisati­on de la prestation de soins de santé, ainsi que de l'exactitude des diagnostic­s.

«Nous sommes également enthousias­tes, heureux de voir que malgré cette volonté d'adopter la technologi­e, ils ne veulent pas perdre le lien humain, ils ne veulent pas perdre cette touche personnell­e, souligne la docteure Osler, qui prendra ses fonctions de présidente pour 20182019 lors de la réunion annuelle de l'AMC à Winnipeg la semaine prochaine.

Les deux premiers jours de cette réunion seront consacrés à un sommet sur la santé, qui comprendra des discussion­s sur la manière d'intégrer des innovation­s technologi­ques pour améliorer la prestation des soins de santé, indique la docteure Osler.

«Et je le vois comme une nécessité d'investir et d'intensifie­r la technologi­e des soins de santé au Canada, pas seulement dans les "petites îles" et les "petits silos".»

Le sondage d'Ipsos a été mené sur internet du 16 au 18 mai auprès de 2003 Canadiens âgés de 18 ans et plus. Il comporte un intervalle de crédibilit­é de plus ou moins 2,5 points de pourcentag­e dans 95% des cas. ■

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– Gracieuset­é Gigi Osler, nouvelle présidente de l’Associatio­n médicale canadienne.

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