Le nom de la rose – version égyptienne

Ça se lit comme un roman policier dont l’intrigue se déroule dans un lieu exotique: un abbé retrouvé mort dans un monastère du désert; un moine défroqué et arrêté; un autre détenu par la police et hospitalisé après avoir tenté de se suicider – à moins qu’il n’ait été victime des représailles de ses camarades?

L’histoire meurtre de l’évêque Epiphanius, retrouvé mort le 29 juillet, est digne du roman d’Umberto Eco. Ce meurtre a ouvert une fenêtre sur le monde cloîtré de l’Église copte orthodoxe égyptienne, l’une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde et celle qui a introduit le monachisme dans la foi.

Les autorités qui enquêtent sur le meurtre commis au monastère de Saint-Macaire, qui a été érigé au quatrième siècle au nord du Caire, ont interrogé près de 150 personnes, dont des moines et des évêques, et l’enquête fait la une des médias.

L’affaire a exposé une facette de l’Église que peu d’Égyptiens, musulmans ou chrétiens connaissaient: le pouvoir croissant et l’indépendance des moines des monastères éloignés qui semblent être en contradiction avec le pape copte Théodore II et la direction centrale de l’Église.

Parmi ces moines, il y a les «isolationnistes» qui se considèrent les gardiens de la vraie foi. Ils sont opposés au courant dominant qui privilégie la construction de ponts avec d’autres Églises et apporte un soutien politique au gouvernement.

«Certains monastères jouissent depuis longtemps d’une relative indépendance par rapport à l’Église. Le monastère de SaintMacaire est l’un d’entre eux, a expliqué Shady Lewis Botros, un chercheur établi à Londres. L’Église va profiter de ce meurtre pour reprendre le contrôle des monastères.»

Et c’est exactement que ce que l’Église semble faire.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, elle suspend l’admission de novices à ses monastères pendant un an, menace d’expulser les moines qui avaient établi des monastères «illégaux» et donne un mois aux moines pour fermer leurs comptes de médias sociaux. Aucune entrevue médiatique sans autorisation préalable, ajoute-t-elle.

Ajoutant à l’intrigue, la déclaration de l’Église appelle les chrétiens laïcs à ne pas conclure de transactions financières avec des moines, suggérant que la corruption existe dans certains monastères. Elle exhorte les moines à observer strictement les anciennes règles d’ascétisme de l’Église, sous menace d’expulsion.

«Ces décisions visent à rationaliser la vie monastique et il y aura davantage de mesures à l’avenir à cet égard, a déclaré Théodore II dans un sermon la semaine dernière. Il faut préserver la vie monastique et les monastères.»

Les monastères coptes orthodoxes se trouvent partout en Égypte, mais ceux situés dans des zones désertiques isolées, comme Saint-Macaire, ont traditionnellement joui d’un statut élevé, car ils ont ravivé les traditions ascétiques du monachisme primitif. Ils ont été témoins d’une renaissance au cours du siècle dernier après des centaines d’années d’abandon pendant lesquelles plusieurs d’entre eux ont été laissés pour compte.

Ils attirent désormais des diplômés universitaires et des professionnels qui ont ravivé la foi et, dans certains cas, transformé les grands monastères en exploitations agricoles et laitières, leur conférant une indépendance financière.

Les monastères sont maintenant au centre de l’identité de l’Église copte orthodoxe en Égypte, dont les fidèles constituent la grande majorité des chrétiens d’Égypte. Les chrétiens représentent environ 10% de la population de 100 millions d’habitants de ce pays à majorité musulmane.

Le fait qu’un membre du clergé respecté puisse être tué dans un monastère – apparemment aux mains de ses propres moines – a ébranlé la communauté.

«La crise ne se limite pas à un meurtre, elle concerne désormais les moines et le système Selon une tradition, les tombeaux de saint Jean le Baptiste (photo) et du prophète Élisée ont été découverts sur le site de ce monastère. – WikiCommons Le beffroi du monastère de Saint-Macaire, dans le désert égyptien. Saint Isidore aurait été moine ici. – Gracieuseté: Berthold Werner (WikiCommons) monastique», a déclaré Ishak Ibrahim, du monastère. Les autres moines ont un spécialiste de l’église égyptienne de l’Initiative déclaré aux procureurs qu’il avait tenté de se égyptienne pour les droits personnels, suicider, mais les responsables soupçonnent un centre de recherche basé au Caire. maintenant qu’il ait été victime d’une attaque

L’abbé a été tué en pleine nuit dans une de représailles de la part de ceux outrés partie du vaste monastère non couvert par par le meurtre de l’abbé. des caméras de sécurité, selon des responsables Le porte-parole de l’Église, Boulis Halim, de la sécurité et de la justice impliqués a refusé de commenter les soupçons des policiers. dans l’enquête. Ils ont dit qu’il avait été tué d’un seul coup à la tête asséné avec une barre Les deux hommes ont rejoint le monastère de fer. en tant que novices en 2010. Les officiels

Les soupçons se sont immédiatement ont déclaré qu’ils étaient des amis tournés vers un moine connu sous le nom proches qui dirigeaient une faction de monastique d’Isaïe, défroqué par le pape voyous au sein du monastère, ce qui a miné Théodore une semaine plus tard. L’Église a l’autorité de l’abbé. expliqué qu’il avait eu un comportement Kamal Zakher, un expert de l’Église, a déclaré «indigne» d’un moine, selon les responsables, que le meurtre avait fracassé le profond tous sous le couvert de l’anonymat respect qu’accordaient de nombreux chrétiens parce qu’ils n’étaient pas autorisés à parler laïcs aux moines. aux journalistes sur l’affaire. «Nous avons affaire à un incident qui a choqué

Un deuxième moine, identifié comme et irrité plusieurs personnes. Par contre, étant Faltaous, a été officiellement placé en ceux qui vénèrent trop les moines refusent de état d’arrestation pendant le week-end. Il le croire, a-t-il dit. Ce crime restitue la facette était à ce moment hospitalisé après avoir humaine de la vie dans des monastères, et que chuté d’un bâtiment de quatre étages à l’intérieur plusieurs semblent avoir oubliée.» ■