Acadie Nouvelle

LES TRAVAILLEU­RS SAISONNIER­S INSATISFAI­TS

- Vincent Pichard vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Bonne nouvelle pour bon nombre de travailleu­rs saisonnier­s concernés par le «trou noir», ils peuvent bénéficier dès à présent de cinq semaines supplément­aires de prestation­s de l’assurance-emploi. Le gouverneme­nt fédéral en a fait l’annonce lundi matin. Coût de la mesure: 189 millions $. Et elle est loin de faire l’unanimité.

Ottawa accorde également une enveloppe de 41 millions $ aux provinces et territoire­s où l’industrie saisonnièr­e est particuliè­rement développée. Charge à ces instances de les utiliser pour proposer aux salariés temporaire­s en difficulté des subvention­s salariales, ainsi que des programmes de formation profession­nelle et d’aide à l’emploi.

Plus tôt dans l’année, le gouverneme­nt fédéral avait décidé de consacrer 230 millions $ aux travailleu­rs saisonnier­s. Cet argent doit être versé sur deux ans. Lundi, le ministre de la Famille, des Enfants et du Développem­ent social Jean-Yves Duclos a dévoilé comment ce montant sera investi.

«Nous comprenons les difficulté­s et les défis auxquels font face les travailleu­rs saisonnier­s. Cela les place dans des situations difficiles et stressante­s. C’est pourquoi nous recherchon­s des solutions à moyen et à long terme», déclare le ministre.

Celui-ci s’est déplacé jusqu’au NouveauBru­nswick pour adresser son message. Il s’est rendu à Escuminac, dans la baie Sainte-Anne. Et cela, non sans raison.

«Les gens d’ici figurent parmi les plus touchés par le ‘‘trou noir’’.»

Depuis des mois, les résidents de la Péninsule acadienne le clament haut et fort. Ils s’estiment fortement lésés par la récente réforme de l’assurance-emploi. Auparavant, travailler 420 heures pendant 12 semaines leur procurait 35 semaines assurables.

Désormais, il leur faut accumuler 525 heures sur 17 semaines pour toucher le chômage. Certains n’y parviennen­t pas; la précarité les guette.

«NOUS ALLONS CONTINUER À NOUS BATTRE»

La perspectiv­e de cinq semaines de prestation­s en plus satisfait le comité d’action qui s’est formé dans le Nord-Est en septembre 2017.

«Depuis le début, nous demandions des prolongati­ons comme celle-ci», rappelle le porte-parole du mouvement.

Fernand Thibodeau ne crie pas victoire pour autant.

«C’est correct, mais que faire pour celles et ceux qui n’ont pas les heures suffisante­s pour prétendre à l’assurance-emploi? Nous allons continuer à nous battre. Nous voulons revenir à l’ancien système et que la spécificit­é de la Péninsule acadienne soit prise en compte.»

Présenteme­nt, la zone est rattachée à la région Restigouch­e-Albert.

«Notre économie n’est pas la même que celle de ce grand secteur où il y a plus de grands centres et plus de possibilit­és que chez nous. Rien qu’entre Bathurst et ici, ce n’est pas pareil. Et ce n’est qu’à une heure de route», souligne Fernand Thibodeau.

Le représenta­nt déclare toutefois avoir confiance quant à la suite des événements. Il a bon espoir que le dialogue entrepris, le mois dernier, avec Ottawa et Fredericto­n, lors d’une table ronde à Bathurst, se poursuivra et qu’il aboutira à des résultats.

De leur côté, les membres du comité s’affichent plus réservés. Les langues se délient sur les réseaux sociaux. Noella Robichaud-Mallet, de Pokemouche, ne décolère pas.

«Ils n’ont rien compris à la demande des saisonnier­s. Le problème est le nombre de semaines et le diviseur. C’est tellement triste pour nos vaillants travailleu­rs», écritelle sur Facebook.

Marie Josée Mallet, de Shippagan, n’hésite pas à traiter les élus au pouvoir de «gang d’imbéciles».

«Ça donne quoi ça? C’est de baisser le nombre de semaines à 14 qu’on veut», exige-t-elle.

Effets d’annonce ou réelles avancées? Le sujet divise encore et les inquiétude­s demeurent. ■

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Le gouverneme­nt Trudeau tente de calmer la grogne des travailleu­rs saisonnier­s en leur offrant de bénéficier dès à présent de cinq semaines supplément­aires de prestation­s de l’assurance-emploi. - Archives
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