Neuvaine de Rogersville: une première femme laïque prononce les sermons
Une paroissienne de Rogersville devient la première laïque et la première femme à animer les messes de la neuvaine de Rogersville. Du 6 au 15 août, Rosemonde Chiasson a assumé la fonction de prédicatrice à l’autel du monument Notre-Damede-l’Assomption.
Rogersville a une forte tradition de leadership féminin. En 2001, le village est devenu la première municipalité canadienne avec un conseil municipal entièrement composé de femmes. La mairesse en poste, Pierrette Robichaud, a remporté trois élections municipales depuis 2011.
Dans la communauté, plusieurs comités et initiatives sont menés par des femmes.
Pour Rosemonde Chiasson, c’était donc «tout à fait naturel» qu’une femme prononce les sermons lors des messes de la neuvaine.
«À Rogersville, je n’ai jamais eu le sentiment qu’il y avait de l’inégalité. Homme et femme, l’un peut faire le métier de l’autre. Je pense qu’il y a une fierté dans la grande région de dire qu’il y a une première femme qui fait la prédication d’une neuvaine», explique celle qui a été enseignante à Rogersville pendant 29 années.
«Je n’étais pas inquiète du tout de me sentir rejetée parce que je suis une femme.»
En effet, celle qui a été responsable de la catéchèse à Dieppe pendant sept ans était plus hésitante à propos du fait qu’elle serait la première prédicatrice laïque - c’est-à-dire une personne n’appartenant pas au clergé à la neuvaine du monument fondé par Mgr Marcel François Richard.
«Il y a des gens qui pensent que ça prend des prêtres ou des religieux. Mais non, on vit tous notre foi, et on a tous des choses à dire. Ceux qui croient, c’est important de le partager.»
«En fin de compte, les gens ont été très accueillants. J’ai senti que j’ai vécu ma neuvaine avec la communauté. J’ai tellement senti de chaleur humaine. J’ai tellement senti d’affection et d’amour des personnes qui sont venus m’écouter, puis qui sont venus par la suite me dire que je faisais un beau travail. Ça voulait dire beaucoup», témoigne-t-elle.
Dès qu’elle a accepté d’être prédicatrice, Mme Chiasson a commencé à travailler sur ses sermons. C’est donc près d’une année de travail qui a été investie dans ses discours.
En janvier, elle a choisi un thème pour l’ensemble de ses prédications: «Ma foi, un jardin à cultiver». Elle a ensuite choisi neuf sujets spécifiques pour chaque jour de la neuvaine, dont la confiance en soi, le service aux autres et l’aide aux démunis.
Chaque sermon était suivi d’une pièce musicale interprétée par le guitariste Normand Arseneault ayant comme but de ponctuer les propos du jour.
«C’est comme ça que je fonctionne: je réfléchis beaucoup, je lis plusieurs articles et je prends beaucoup de notes. Chaque jour durant la neuvaine, j’étais debout à 5h et je travaillais jusqu’à midi. Ensuite j’allais faire l’heure sainte de la mariale et je me remettais au travail jusqu’à 18h. Là, j’étais satisfaite.»
«L’expérience de mettre en mots, sur papier, mes sentiments et mes émotions par rapport à ma foi et à mes croyances a été enrichissante.»
Dans la communauté, les messages de Mme Chiasson ont été bien reçus.
Étiennette Roy, paroissienne de Rogersville, mentionne que chaque sermon a suscité des applaudissements de l’assistance.
«Ça a été très bien accueilli. Il y avait tellement de beaux exemples qui ressortent vraiment de la vie. On entend seulement de bons commentaires.»
Mme Chiasson n’est pas la première laïque à animer une neuvaine au NouveauBrunswick.
En 2016, Réjean Bernier avait été prédicateur à la neuvaine de la Sainte-Anne de Caraquet. ■