Richibucto: les voisins de l’usine nauséabonde se disent désillusionnés
«Ce n’est pas mieux que c’était, c’est peut-être même pire. Si ça s’était amélioré au moins... Mais là, on ne croit plus rien.»
Un an et demi après le début des opérations et de nombreuses promesses brisées, les voisins d’Omera Shells, à Richibucto, sont encore forcés de vivre avec des odeurs nauséabondes.
Yvon Bélanger est désillusionné. Il a perdu le compte du nombre de fois qu’on lui a promis qu’une solution avait été trouvée pour éliminer ou réduire les mauvaises odeurs dans son quartier.
Chaque fois, les émanations nauséabondes ont fini par revenir.
Vendredi, il a observé un camion qui a décharger une cargaison de coquillages de fruits de mer à la porte arrière de l’usine d’Omera Shells.
Il a tout de suite remarqué qu’on n’avait pas traité le produit immédiatement afin de prévenir la propagation des odeurs, comme le veut la stratégie mise de l’avant par le porte-parole, Fernand Gaudet, en juin.
Les employés ont plutôt attendu à lundi matin avant de se mettre à l’oeuvre.
Dès dimanche soir, une odeur de «décomposition» régnait dans le voisinage.
«Ils ont vidé ça là. Ç’a coulé et ils l’ont laissé là pendant deux jours. Ce matin (lundi), ils sont arrivés pour traiter les fruits de mer et ça sentait encore pire. Là, on s’est mis à tousser dans la maison. On a fermé les fenêtres et le système de ventilation, mais on sent encore ça», mentionne-t-il.
M. Gaudet ajoute que ses voisins et lui n’ont pas réussi à dormir durant la nuit de dimanche à lundi, en raison de l’odeur de «décomposition».
M. Bélanger remet en question les dires de M. Gaudet, qui avait affirmé il y a deux mois que la situation était beaucoup mieux cette année qu’en 2017. Selon lui, il n’y a pas eu d’amélioration.
«Ce n’est pas mieux que c’était. C’est peut-être même pire. Si ça s’était amélioré au moins… mais là, on ne croit plus rien.»
«UNE SITUATION IMPOSSIBLE»
M. Bélanger et son épouse, Odette, se sont acheté une copropriété à Dieppe. Ils souhaitent vendre leur maison de la rue Morgan, à Richibucto, mais ils reconnaissent qu’elle a maintenant très peu de valeur, en raison des odeurs.
Il a fait savoir qu’au moins deux de ses voisins ont tenté de vendre leur maison. Des acheteurs potentiels se sont cependant retirés de l’échange à la dernière minute en raison des odeurs.
«C’est une situation impossible. Il n’y a personne qui veut venir ici. C’est triste parce que c’est un très beau lieu. Il y a plusieurs lots prêts à être développés.»
MOINS DE 300 MÈTRES
En plus d’être située tout près d’une demi-douzaine de résidences, l’usine d’Omera Shells est à moins de 300 mètres de l’école primaire Soleil-Levant et du tout nouveau Centre Kent-Nord.
Le centre multifonctionnel avec patinoire intérieure doit ouvrir ses portes en novembre, alors que les jeunes retourneront à l’école dans deux semaines.
La saison de pêche au homard dans le détroit de Northumberland dure jusqu’à la mi-octobre.
«Les parents ne laisseront pas ça faire. Il y a un comité parental qui surveille la situation», assure M. Bélanger.
En juillet, le maire de Richibucto, Roger Doiron, a affirmé que le conseil municipal était de moins en moins patient dans le dossier d’Omera Shells.
La municipalité n’a cependant pas le pouvoir d’imposer des sanctions à l’usine - comme des amendes ou une fermeture forcée.
De tels pouvoirs reviennent au ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux, c’est-à-dire le ministère qui a délivré le permis de construction et qui a donné le feu vert au projet après une étude d’impact environnemental.
Le ministère fédéral de la Santé pourrait aussi intervenir s’il juge que l’usine représente un risque au bien-être des voisins.
OMERA SHELLS
Sur le site internet d’Omera Shells, on affirme qu’en saison de pointe, une quarantaine de personnes travaillent à l’usine.
L’Acadie Nouvelle a tenté de contacter des porte-parole d’Omera Shells, mardi après-midi, mais nous n’avons pas réussi à les joindre avant notre heure de tombée. ■