DÉBAT: RADIO-CANADA RELANCE LES CHEFS
Radio-Canada Acadie pourrait présenter un débat des chefs en français durant la campagne électorale, à condition que les partis s’entendent sur la formule.
La balle est dans le camp des partis politiques. C’est le message du diffuseur public, cinq jours après le début de la controverse sur le forum citoyen bilingue qui doit remplacer le traditionnel débat des chefs en français.
«Les préoccupations du public sont légitimes, et nous sommes sensibles aux commentaires reçus», a déclaré le directeur de l’information de Radio-Canada Acadie, Denis Robichaud, par courriel mardi en début de soirée.
«Nous organiserons un débat en français si les partis peuvent s’entendre sur la tenue d’un débat qui sera en français, équitable et qui répondra à nos normes et pratiques journalistiques.»
C’est la première fois que Radio-Canada ouvre la porte à l’organisation d’un débat en français depuis que l’Acadie Nouvelle a révélé, jeudi, que le diffuseur public avait plutôt l’intention de présenter un forum citoyen bilingue avec les chefs en collaboration avec CBC.
Selon M. Robichaud, Radio-Canada ne peut pas présenter un débat des chefs en français puisque le chef du Parti progressisteconservateur, Blaine Higgs, ne parle pas la langue de Molière.
«Devant cette réalité, nous avons proposé aux partis d’organiser un débat des candidats et d’y déléguer un représentant francophone, mais cette option a été rejetée par le Parti libéral.»
Mardi, les représentants d’une vingtaine d’organismes acadiens ont envoyé une lettre au diffuseur public pour le convaincre de présenter un débat des chefs en français.
Les membres de la Concertation des organismes de l’Acadie du Nouveau-Brunswick se disent en «profond désaccord» avec la décision du diffuseur public de présenter un forum citoyen bilingue.
«La langue française est une langue officielle au Nouveau-Brunswick et RadioCanada se doit donc de respecter cette réalité», écrivent les organismes.
La Société de l’Acadie du NouveauBrunswick a également lancé une pétition en ligne sur le site Change.org
En plus des représentants de la SANB, la lettre a notamment été signée par ceux de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones, de l’Association acadienne des artistes professionnels et du Conseil économique.
«Les francophones de cette province méritent un espace où seront débattus les enjeux qui touchent directement à leur réalité et méritent d’entendre les points de vue des différents partis dans leur langue maternelle», avancent les signataires.
L’ex-commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont, le juriste Michel Doucet et l’homme d’affaires Jean-Claude Savoie ont également signé la lettre à titre personnel.
«Un débat en français permet également aux électeurs d’évaluer la capacité des différents chefs de parti de s’exprimer dans cette langue; une compétence révélatrice du degré de leur engagement envers le respect des droits linguistiques et des enjeux de la communauté acadienne et francophone de la province.»
LANGUE FRANÇAISE: QUATRE DIALECTES AU N.-B., DIT BLAINE HIGGS
Lors de son élection à la tête du Parti progressiste-conservateur, en 2016, Blaine Higgs avait promis d’apprendre le français à temps pour les élections.
Mardi, M. Higgs a confié que l’apprentissage du français n’était «pas facile», même s’il se débrouille «relativement bien».
«Je me suis aperçu qu’il y a environ quatre dialectes dans la province et ça ne rend pas les choses faciles», a-t-il dit en anglais.
«Je peux lire un document (en français) et comprendre ce que ça dit, mais quand quelqu’un me parle en français, je n’arrive pas à suivre à la vitesse qu’il me parle.»
«C’est ça mon défi en ce moment et je travaille là-dessus. Je pense que c’est important que je puisse communiquer dans les deux langues et j’y ai mis beaucoup d’effort.» ■
Lire la lettre des organismes acadiens en page 13.