Agressions sur mineurs: l’ancien prêtre Yvon Arsenault de retour sur le banc des accusés
La première journée du second procès d’Yvon Arsenault a été marquée par le témoignage de la victime présumée. Déjà condamné pour crimes sexuels, l’ancien homme d’Église est accusé d’attentat à la pudeur et de grossière indécence.
Le témoin affirme avoir été agressé sexuellement par Yvon Arsenault alors qu’il était âgé de 11 à 13 ans. Un interdit de publication empêche de publier toute information qui permettrait de l’identifier.
Les gestes auraient été commis dans la paroisse de Shediac de 1970 à 1973, alors que M. Arsenault occupait la fonction de curé. Le témoin fréquentait régulièrement le couvent des Religieuses Notre-Dame-du-Sacré-Coeur converti en club pour garçons.
«C’est là que c’est arrivé, a raconté la victime présumée devant le juge Jean-Paul Ouellette. J’ai été molesté. Il y a beaucoup de fois où il m’a touché à des places privées. Ça m’est arrivé 10 à 15 fois. Dans différentes chambres, dans des salles de toilette.»
Les agressions se seraient répétées sur une période de deux ans.
«Une fois, je jouais au football tout seul, il a juste passé ses mains sur moi. Il a baissé mes culottes et il touchait mon pénis, il me frottait les fesses, le dos. J’ai pu m’en sauver parce que quelqu’un montait les escaliers.»
Interrogé par la Couronne, le témoin a indiqué avoir été parfois retenu par son agresseur qui l’immobilisait en passant le bras autour de sa poitrine. «Il disait que c’était normal. Il me disait de ne pas le dire à personne. Ça me faisait peur.»
Yvon Arsenault est resté impassible tout au long du témoignage, se contentant de prendre des notes et de fixer le témoin du regard. Barbu, plus lourd, l’homme est méconnaissable après plusieurs mois passés derrière les barreaux.
L’homme âgé de 76 ans purge actuellement une peine de quatre ans de prison pour des crimes sexuels commis de 1971 à 1980 dans les communautés de Shediac, de Rosaireville et de Collette. Il avait alors plaidé coupable à neuf accusations d’attentat à la pudeur.
PLAIDOYER DE NON-CULPABILITÉ
Yvon Arsenault a répondu à ces nouvelles accusations en se disant non coupable.
Ce n’est qu’en 2016 que la victime présumée a décidé de briser le silence et de témoigner auprès de la police.
«Je croyais qu’il n’y avait que moi. Quand c’est sorti en cour, ç’a fait sortir mes émotions, il fallait que je fasse de quoi», a-t-il expliqué.
«Dans ce temps-là, tu ne discutais pas de ça avec tes parents. Ils auraient dit ‘‘On ne parle pas en mal du prêtre’’. Le curé venait à la maison, mon père allait à la messe tous les dimanches. Si j’avais dit ça, ils ne m’auraient pas cru.»
Les agressions l’ont poussé à mettre fin à son parcours scolaire dès la 9e année. «Je ne voulais pas que mes amis sachent ça. J’avais honte. Je n’avais plus d’intérêt pour l’école.»
De son côté, l’avocate de la défense Alison Ménard a tenté de démontrer que le témoin avait plus que 10 à 12 ans au moment des faits allégués. «Je ne me souviens pas de l’âge que j’avais», a finalement reconnu ce dernier, qui estime qu’il était en 8e année.
Me Ménard a également tenté d’obtenir un ajournement de la séance, expliquant que le témoin n’avait jamais parlé auparavant de la fellation que lui aurait imposée son client. La demande a été rejetée par le juge.
Le procès devant juge seul pourrait durer quatre jours.
Yvon Arsenault est également visé par 12 poursuites au civil.
«Une fois il l’a mis dans sa bouche. Je l’ai poussé et j’ai pu me sauver», a-t-il ajouté d’une voix tremblante.