Une série qui nous rassemble et qui nous ressemble
À la suite de la lecture de l’article de Sylvie Mousseau paru dans l’Acadie Nouvelle vendredi le 17 août, nous souhaitons apporter certaines précisions quant à la production de notre sitcom acadienne, À la valdrague, diffusée récemment sur ARTV et à la télé de RadioCanada.
Mon associé Maurice André Aubin et moi sommes des producteurs d’expérience qui oeuvrons au NouveauBrunswick depuis près de 20 ans. La mission qui nous anime? Participer activement au développement de la production franco-canadienne dans un écosystème très complexe, celui de la production en région.
Parmi les nombreux défis que nous avons relevés depuis nos débuts, celui dont nous sommes le plus fiers, est très certainement celui de produire sans coproducteur la télésérie À la valdrague.
Cette initiative audacieuse a comme racine le talent et l’ambition des artisans de cette province. Depuis des années, nous entendions que les artisans voulaient devenir des chefs de département, qu’ils se sentaient prêts à assumer des rôles de leadership et que l’expérience acquise auprès des coproductions avec le Québec les avait bien préparés.
Nous les avons crus, leur avons fait confiance et avons plongé dans l’aventure avec eux! La production et la diffusion de la première saison d’À la valdrague nous l’a démontré: ce type de projet représente une magnifique opportunité pour développer le talent local et aussi faire rayonner notre culture acadienne à travers le pays.
Lorsqu’est venu le temps de choisir les modalités administratives de production, nous avons évalué les options à notre disposition, guidés par deux principes essentiels pour nous: favoriser l’embauche de techniciens néo-brunswickois d’une part et offrir un environnement de travail en français d’autre part, le tout en respectant bien évidemment les normes usuelles en vigueur dans l’industrie.
Nous avons sérieusement considéré produire sous l’entente de IATSE. Mais puisque l’article 11.1 de la convention IATSE stipule que les techniciens d’expérience ont priorité sur les permissionnaires, les nombreux techniciens néo-brunswickois qui ne sont pas des membres IATSE n’auraient pas pu remplir des postes clés. Il aurait donc fallu donner leur place à des membres IATSE, le plus souvent des techniciens anglophones parfois établis à l’extérieur de la province. Cette perspective allait et va toujours à l’encontre de notre projet de travailler en français et de développer des équipes néo-brunswickoises.
Rappelons que IATSE est un syndicat qui opère essentiellement dans le marché anglophone dont le public est plus vaste et dont les budgets de production sont plus élevés. L’AQTIS qui opère dans le marché francophone au Québec est plus proche de nos réalités, mais n’a pas juridiction au Nouveau-Brunswick.
Nous avons donc choisi de produire hors syndicat ce qui implique une négociation de gré à gré avec les techniciens. Nous avons bien sûr veillé à respecter les normes en vigueur dans l’industrie, soit celles édictées par les différents syndicats, notamment à l’égard des tarifs, des conditions de travail et des normes de sécurité. Il est primordial que nos équipes soient bien traitées. Pour cette deuxième saison d’À la valdrague, tous les techniciens sur le plateau sont francophones même si, dû au manque de ressources locales, nous avons eu recours à 17 contractuels du Québec à qui l’AQTIS a accordé la permission de travailler dans notre province.
Nous souhaitions apporter ces quelques précisions afin de maintenir le lien de confiance et de complicité extraordinaire qui nous lie avec les citoyens du Nouveau-Brunswick.
Vous souhaitant rassurés, Maurice et moi retournons auprès de nos équipes de tournage qui travaillent fort et avec coeur pour créer une deuxième saison d’À la valdrague, qui nous rassemble, qui nous ressemble, qui nous fait rire et qui nous rend fiers!