Acadie Nouvelle

Deux chefs très différents

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Au moment où vous lirez les pages de ce journal, le Nouveau-Brunswick sera officielle­ment en campagne électorale. Et vous êtes bien malins si vous êtes capables de prédire avec certitude quel sera l’état des forces au lendemain du scrutin du 24 septembre, tant le résultat s’annonce imprévisib­le.

La campagne électorale débute aujourd’hui, mais dans les faits, elle bat son plein depuis déjà un bon moment. Le Parti libéral a sorti son autobus de campagne dimanche, alors que plusieurs candidats font campagne depuis des mois. Il fallait faire un tour dans les différents tintamarre­s, le 15 août, pour constater que ceux-ci n’allaient pas rater si belle occasion de rencontrer un maximum d’électeurs.

C’est de bonne guerre.

Notons aussi que le premier ministre Brian Gallant est en mode électoral depuis au moins le début de l’année. Il s’est rarement passé plus d’une journée sans que son gouverneme­nt annonce au moins un investisse­ment avec des fonds publics.

Il faut dire que contrairem­ent à ce qui s’est produit il y a quatre ans, les libéraux ne partent pas avec un énorme coussin d’avance dans les intentions de vote.

La situation se complique encore plus à l’Assemblée législativ­e, où les libéraux ne disposent plus d’une majorité de députés. Au moment de la dissolutio­n, ils y comptaient 24 députés sur 49 sièges. Les progressis­tesconserv­ateurs ont 21 députés. Il y a aussi un vert et un indépendan­t (l’ancien libéral Chris Collins).

Deux sièges étaient vacants: celui du libéral Donald Arseneault et celui de la progressis­teconserva­trice Madeleine Dubé.

Rien n’est gagné pour quelque parti que ce soit. Des sièges qui basculent d’un bord ou de l’autre pourraient faire la différence entre un premier ministre Brian Gallant, un premier ministre Blaine Higgs ou même, pour la première fois de l’histoire moderne du NouveauBru­nswick, un gouverneme­nt minoritair­e.

En 2014, la campagne s’était surtout faite sur le dos de l’industrie du gaz de schiste et sur la promesse de changement portée par le jeune chef Gallant. Cette année, ce sont plutôt plusieurs enjeux qui feront l’actualité. Et les partis politiques les connaissen­t mieux que quiconque.

Par exemple, ce n’est pas un hasard si Ottawa a annoncé cette semaine un projetpilo­te visant à augmenter le nombre de semaines de prestation­s d’assurance-emploi.

La controvers­e risque fort de plomber les efforts des candidats libéraux provinciau­x dans l’est de la province, et ce, même si ceuxci n’ont rien à voir avec ce programme qui est strictemen­t de juridictio­n fédérale.

Un beau coup de main de Justin Trudeau à l’endroit de son proche allié.

Cela dit, le principal enjeu n’est pas celui qu’on pense. Les Néo-Brunswicko­is qui se prévaudron­t de leur droit de vote devront décider quel genre de gouverneme­nt ils souhaitent. En effet, Brian Gallant et Blaine Higgs ne pourraient être plus différents l’un de l’autre.

Le premier croit en un gouverneme­nt qui ne doit pas avoir peur de dépenser, que ce soit dans les infrastruc­tures, le bien-être de la population ou n’importe quoi jugé prioritair­e pour le gouverneme­nt, les libéraux ou l’électorat. Le deuxième a plutôt une approche comptable. Il affirme qu’il faut cesser de dépenser pour des raisons politiques et plutôt apprendre à vivre selon nos moyens et en taxant le moins possible les entreprise­s et les contribuab­les.

Brian Gallant a repoussé d’un an l’atteinte du déficit zéro (malgré la brève embellie de la dernière année) afin d’augmenter les dépenses et a augmenté la TVH. Blaine Higgs voit plutôt le gouverneme­nt comme un pourvoyeur de services qui doivent être offerts le plus efficaceme­nt possible.

Brian Gallant s’engage à élargir à quatre voies une partie de route 11, dans le secteur entre Shediac et Bouctouche? Blaine Higgs dénonce plutôt cette manie d’inaugurer de nouvelles voies pour des raisons politiques alors que le nombre d’automobili­stes ne le justifie pas.

Bref, les deux hommes vivent tous les deux au Nouveau-Brunswick, mais ils pourraient aussi bien habiter deux planètes différente­s.

Le chef progressis­te-conservate­ur propose une solution de rechange très différente au premier ministre sortant. Ce n’est pas blanc bonnet-bonnet blanc.

Les électeurs ont devant eux un peu plus d’un mois pour découvrir dans le détail ce que nous proposent les deux seules formations politiques susceptibl­es de gagner les prochaines élections.

Le parti qui réussira le mieux à présenter sa vision pour le Nouveau-Brunswick se donnera toutes les chances de remporter la mise, à condition, bien sûr, d’éviter les écueils.

Alors que les libéraux ont réussi un premier bon coup en annonçant contre toute attente qu’un léger surplus budgétaire a été enregistré l’année dernière, Blaine Higgs s’est plutôt enfargé dans les fleurs du tapis en avouant être incapable de comprendre les «quatre dialectes» qui forment, selon lui, la langue française en Acadie néobrunswi­ckoise.

Cet incident montre bien l’ampleur du défi auquel fait face le chef unilingue dans les circonscri­ptions francophon­es.

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