Droits de scolarité: le N.-B. sur la bonne voie?
AAujourd’hui, au NouveauBrunswick, les droits de scolarités annuels varient plus que jamais en fonction du revenu familial.
Par exemple, pour les étudiants canadiens de l’Université de Moncton, ces droits sont normalement de 5947$ (en excluant les frais afférents), mais peuvent, grâce au Programme de droits de scolarité gratuit introduit l’an dernier par le gouvernement Gallant, baisser à 0$ pour les étudiants dont le revenu familial brut est de 60 000$ ou moins.
Les gouvernements du Canada et du Nouveau-Brunswick optent généralement pour une telle approche Robin des bois: les plus riches paient proportionnellement plus d’impôts et reçoivent moins de services publics que les plus pauvres. Logique, non, si l’objectif est de redistribuer la richesse?
Les apparences peuvent être trompeuses. En général, les pays qui adoptent le modèle Robin des bois, comme les États-Unis, finissent par moins redistribuer que les pays privilégiant un modèle plus universaliste, comme la Suède.
Pourquoi? Parce que dans le modèle Robin des bois, la classe moyenne élevée est en guerre perpétuelle contre l’État social qu’elle finance et duquel elle reçoit peu.
Dans ce contexte, il est politiquement avantageux, notamment pour les partis conservateurs, de diminuer toujours plus les impôts et les services publics.
À l’inverse, quand la classe moyenne élevée bénéficie largement des programmes sociaux, elle s’en accommode, et alors même les partis conservateurs n’osent pas les remettre en question – comme le système de santé universel au Canada. En science politique, ce phénomène s’appelle le «paradoxe de la redistribution».
Le Programme de droits de scolarité gratuit n’est pas pour autant mauvais. Il ne s’agit pas d’ériger l’universalité absolue en dogme. Mais ce programme ne doit pas servir de prétexte pour augmenter indéfiniment les droits de scolarité pour les étudiants n’y ayant pas accès. Surendettés et se sentant floués par l’État social, ces derniers risqueraient alors d’être les premiers à militer pour une baisse des impôts une fois arrivés sur le marché du travail… ■