Violence conjugale: un impact en milieu de travail
Comment faciliter le retour au travail des femmes victimes de violence conjugale? Comment composer avec une employée prisonnière de cet engrenage et l’aider à s’en échapper?
C’est là une partie du mandat du nouveau programme par la CBDCRestigouche.
Selon les statistiques, une Canadienne sur vingt serait victime à un moment ou un autre de sa vie de violence conjugale.
Vingt femmes, c’est exactement le nombre d’employées féminines que compte la CBDC-Restigouche.
«Est-ce que l’une d’entre nous est victime d’abus ou de violence? On ne le sait pas. Ce n’est pas quelque chose dont on parle ouvertement. Pourtant, on devrait le faire afin de pouvoir aider cette personne, de lui apporter le soutien nécessaire», exprime Liette Doucet, de la CBDCRestigouche.
Le programme lancé jeudi matin à Campbellton veut s’attaquer à la problématique des impacts de la violence conjugale en milieu de travail. Car si les coups sont donnés à la maison, les contrecoups se font souvent sentir au boulot et dans le porte-feuille. Perte de productivité, absences prolongées, congédiement. Les impacts sur leur santé financière sont énormes.
«Une femme qui décide de sortir de l’enfer de la violence conjugale et qui se rend dans un établissement comme la Maison Notre-Dame vit une précarité financière. Elle laisse beaucoup derrière lorsqu’elle choisit de reprendre sa vie en main. Elle doit faire face à plusieurs défis et obstacles, souvent s’absenter de son travail durant plusieurs jours, même plusieurs semaines. Certaines doivent même quitter leur communauté et s’établir ailleurs. Cette précarité est encore pire si elle est accompagnée d’une perte d’emploi», indique Alex Jones, coordonnatrice du projet.
Le projet-pilote en développement vise à aider ces femmes à maintenir ou trouver une certaine sécurité économique, à reprendre confiance en elles et à prendre les mesures pour décrocher un emploi.
Pour ce faire, l’équipe travaillera de près avec la Maison Notre-Dame de Campbellton. Une vingtaine de clientes anciennes et actuelles seront mises à contribution afin de parler de leur expérience. L’objectif? Développer un plan d’action comprenant des stratégies pour les employeurs afin qu’ils puisent être sensibles à cette problématique et qu’ils puissent agir concrètement.
«Il est possible de mettre certaines accommodations en place, comme faire preuve d’une plus grande flexibilité, notamment au niveau des heures de travail. On veut que les employeurs aient des outils leur permettant de prendre conscience de la situation, d’apprendre à être vigilants, à détecter les signes de violence conjugale, et à engager le dialogue avec les victimes. Ils pourraient aussi donner des expériences de travail aux femmes qui tentent de s’en sortir, les aider à réintégrer le marché du travail», souligne Mme Doucet.
Pour mettre sur pied ce projet-pilote, la CBDC a reçu une enveloppe budgétaire de 308 724$ en provenance du bureau de la Condition féminine à Ottawa.
Le projet est d’une durée de 36 mois. Une fois complétés, les résultats seront partagés avec les autres CBDC qui pourront également avoir accès à sa trousse d’outils. ■