PCC: Maxime Bernier claque la porte
Le député Maxime Bernier claque la porte du Parti conservateur du Canada pour tenter de fonder sa propre formation politique.
«Au cours de la dernière année, j’en suis venu à la conclusion que ce parti est trop corrompu intellectuellement et moralement pour être réformé», a-t-il déclaré jeudi en conférence de presse.
Il accuse son ancien parti d’avoir «abandonné les conservateurs» sous la gouverne d’Andrew Scheer et va même jusqu’à suggérer que son ancien chef n’a pas de vision.
«Toute la stratégie du parti repose sur la politique identitaire, le racolage de divers groupes d’intérêts et l’achat de votes avec des promesses exactement comme le font les libéraux», a-t-il avancé.
Il soutient que M. Scheer ne défend pas de réelles idées conservatrices, comme l’abolition de la gestion de l’offre et des subventions aux entreprises.
Les deux hommes s’étaient affrontés dans une course au leadership au résultat serré l’an dernier. M. Bernier avait fini par concéder la victoire à M. Scheer au 13e tour. Il avait récolté plus de 49 pour cent du vote des militants alors qu’un peu plus de 50 pour cent avaient appuyé son adversaire.
Le député de Beauce avait convoqué les médias à une conférence de presse à Ottawa jeudi, alors que ses collègues se réunissaient à Halifax pour le congrès du Parti conservateur.
Réagissant en point de presse quelques minutes plus tard, Andrew Scheer a accusé Maxime Bernier «d’aider Justin Trudeau» en prévision des élections fédérales de 2019 et a suggéré que le Beauceron avait mal digéré sa défaite.
«Depuis qu’il a perdu la course à la chefferie, Maxime ne cesse de démontrer qu’il cherche plus à faire valoir son image personnelle qu’à défendre les principes conservateurs», a-t-il dit.
Il a rejeté toute suggestion que son parti laisse tomber ses principes fondateurs.
«C’est le Parti conservateur du Canada qui mène la bataille contre la taxe sur le carbone, c’est le caucus conservateur qui se bat pour une immigration planifiée et ordonnée, qui se bat pour des budgets équilibrés et contre les impôts pour les petites entreprises», a-t-il énuméré.
Les libéraux n’ont pas tardé à réagir par communiqué. «Les conservateurs arrivent aujourd’hui à Halifax en tant que parti divisé, axé sur des politiques qui divisent les Canadiens», peut-on lire.
Les libéraux font aujourd’hui face à trois partis d’opposition en difficulté avec les soubresauts qu’a connus le NPD au cours des derniers mois et la crise que le Bloc québécois tente de mettre derrière lui.
GAZOUILLIS CONTROVERSÉS
M. Bernier soulève la controverse depuis plus d’une semaine avec ses prises de position sur l’immigration et la diversité. Mercredi matin, il utilisait encore Twitter pour critiquer ses collègues et son chef.
«Ainsi donc, après m’avoir désavoué la semaine dernière et m’avoir dit de fermer ma gueule, mes collègues viennent de se rendre compte que les Canadiens considèrent ce sujet important et veulent en entendre parler? Bel exemple de leadership fort!», avait-il lancé, faisant ombrage à une conférence de presse que deux députés conservateurs s’apprêtaient à donner pour parler d’immigration.
La semaine dernière, le chef Andrew Scheer avait désavoué M. Bernier. Dans un communiqué, puis au cours d’un point de presse convoqué pour exprimer de vive voix sa réaction, M. Scheer avait assuré qu’il ne partageait pas les opinions du député et avait rappelé que celui-ci n’a aucun rôle officiel au sein de son caucus.
Une rencontre du caucus conservateur était prévue en milieu d’après-midi à Halifax jeudi. Cette rencontre aurait pu sceller le sort du député de Beauce. Un vote des députés peut mener à l’expulsion d’un des leurs.
Au printemps, M. Scheer a retiré à M. Bernier son rôle dans son cabinet fantôme parce le député de Beauce s’entêtait à critiquer publiquement la gestion de l’offre. Dans les extraits d’un livre à paraître publiés sur son site internet, Maxime Bernier déplorait que la victoire de M. Scheer avait été soutenue par de «faux conservateurs», qui étaient devenus membres du parti uniquement pour soutenir la gestion de l’offre. ■