LES INFIRMIÈRES CONTRE-ATTAQUENT DEVANT LES TRIBUNAUX
L’Association des infirmières et des infirmiers du Nouveau-Brunswick (AIINB) se tourne vers les tribunaux pour faire invalider le rapport d’Entremont sur l’examen d’accès à la profession infirmière.
L’organisation a déposé une requête en révision judiciaire à la Cour du Banc de la Reine, mardi à Fredericton.
Elle réclame la mise au rencart des recommandations publiées plus tôt cette année par le Commissariat aux langues officielles sur l’examen NCLEX-RN.
Dans le document dont l’Acadie Nouvelle a obtenu copie, l’AIINB affirme que l’examen a fait l’objet d’une enquête incomplète et partiale. Elle soutient que les recommandations du Commissariat sont fondées sur une «interprétation erronée», voire «déraisonnable».
En mai, la commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont, (qui a pris sa retraite depuis) a déposé un rapport d’enquête sur le NCLEX-RN après avoir reçu deux plaintes en juillet 2016.
Elle y conclut que l’examen défavorise «nettement les candidats francophones». La qualité de la traduction de l’examen a été remise en question, tandis que le manque de ressources en français afin de se préparer à passer l’examen a été montré du doigt.
La commissaire aux langues officielles a aussi noté que des statistiques démontrent qu’un important fossé se creuse entre le taux de réussite des diplômées francophones et celui de leurs collègues anglophones.
Dans un affidavit déposé en Cour du Banc de la Reine, la directrice générale de l’AIINB, Laurie Janes, soutient que son organisation n’a pas eu la chance de réagir aux conclusions du Commissariat avant qu’elles soient rendues publiques. Elle allègue aussi que le rapport est basé sur des faits erronés.
Elle attaque aussi la méthodologie et le langage de l’enquête. Dans le rapport, un traducteur ayant analysé la traduction des questions du NCLEX-RN dit qu’il a eu la «nette impression» que les quelques lacunes décelées étaient le résultat de manipulations après la traduction par des personnes ne maîtrisant pas suffisamment le français.
«Le réviseur qui fait ces allégations de “manipulation” ou le CLO (Commissariat aux langues officielles) ne semble pas comprendre le processus robuste de traduction et d’adaptation suivi par le développeur de l’examen ou les lignes directrices internationales et les meilleures pratiques en matière de traduction et adaptation entre juridictions.»
L’AIINB soutient également qu’il y a toujours eu une disparité entre les taux de réussite des étudiantes francophones et des étudiantes anglophones, même avant l’introduction de l’examen NCLEX-RN en 2015.
MUTISME DE LA PART DE BRIAN GALLANT
Le premier ministre sortant, Brian Gallant, n’a pas souhaité commenter le dossier, vendredi, puisqu’il est devant les tribunaux.
Il a cependant affirmé que ses commentaires précédents – et ceux de son ministre sortant de la Santé, Benoît Bourque – tenaient toujours.
En juin, M. Bourque avançait qu’il était prêt à jouer un rôle «prépondérant» dans le dossier et qu’il voulait mettre sur pied un comité de travail pour régler le problème.
Le tribunal se penchera sur cette affaire une première fois le 4 septembre pour entendre des motions des parties. L’essentiel du dossier sera débattu le 2 novembre au palais de justice de Fredericton.
L’Acadie Nouvelle a tenté de joindre l’AIINB, vendredi après-midi. Nos démarches n’ont pas porté leurs fruits. ■
Avec la collaboration du journaliste Mathieu Roy-Comeau
«Le rapport contient de nombreuses erreurs factuelles, dont plusieurs qui auraient pu être corrigées par l’AIINB si les faits, les allégations et les présomptions sur lesquels ces erreurs sont basées avaient été dévoilés à l’AIINB durant l’enquête», affirme Mme Janes dans le document déposé en cour.