Acadie Nouvelle

LES INFIRMIÈRE­S CONTRE-ATTAQUENT DEVANT LES TRIBUNAUX

L’Associatio­n des infirmière­s et des infirmiers du Nouveau-Brunswick (AIINB) se tourne vers les tribunaux pour faire invalider le rapport d’Entremont sur l’examen d’accès à la profession infirmière.

- Patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

L’organisati­on a déposé une requête en révision judiciaire à la Cour du Banc de la Reine, mardi à Fredericto­n.

Elle réclame la mise au rencart des recommanda­tions publiées plus tôt cette année par le Commissari­at aux langues officielle­s sur l’examen NCLEX-RN.

Dans le document dont l’Acadie Nouvelle a obtenu copie, l’AIINB affirme que l’examen a fait l’objet d’une enquête incomplète et partiale. Elle soutient que les recommanda­tions du Commissari­at sont fondées sur une «interpréta­tion erronée», voire «déraisonna­ble».

En mai, la commissair­e aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont, (qui a pris sa retraite depuis) a déposé un rapport d’enquête sur le NCLEX-RN après avoir reçu deux plaintes en juillet 2016.

Elle y conclut que l’examen défavorise «nettement les candidats francophon­es». La qualité de la traduction de l’examen a été remise en question, tandis que le manque de ressources en français afin de se préparer à passer l’examen a été montré du doigt.

La commissair­e aux langues officielle­s a aussi noté que des statistiqu­es démontrent qu’un important fossé se creuse entre le taux de réussite des diplômées francophon­es et celui de leurs collègues anglophone­s.

Dans un affidavit déposé en Cour du Banc de la Reine, la directrice générale de l’AIINB, Laurie Janes, soutient que son organisati­on n’a pas eu la chance de réagir aux conclusion­s du Commissari­at avant qu’elles soient rendues publiques. Elle allègue aussi que le rapport est basé sur des faits erronés.

Elle attaque aussi la méthodolog­ie et le langage de l’enquête. Dans le rapport, un traducteur ayant analysé la traduction des questions du NCLEX-RN dit qu’il a eu la «nette impression» que les quelques lacunes décelées étaient le résultat de manipulati­ons après la traduction par des personnes ne maîtrisant pas suffisamme­nt le français.

«Le réviseur qui fait ces allégation­s de “manipulati­on” ou le CLO (Commissari­at aux langues officielle­s) ne semble pas comprendre le processus robuste de traduction et d’adaptation suivi par le développeu­r de l’examen ou les lignes directrice­s internatio­nales et les meilleures pratiques en matière de traduction et adaptation entre juridictio­ns.»

L’AIINB soutient également qu’il y a toujours eu une disparité entre les taux de réussite des étudiantes francophon­es et des étudiantes anglophone­s, même avant l’introducti­on de l’examen NCLEX-RN en 2015.

MUTISME DE LA PART DE BRIAN GALLANT

Le premier ministre sortant, Brian Gallant, n’a pas souhaité commenter le dossier, vendredi, puisqu’il est devant les tribunaux.

Il a cependant affirmé que ses commentair­es précédents – et ceux de son ministre sortant de la Santé, Benoît Bourque – tenaient toujours.

En juin, M. Bourque avançait qu’il était prêt à jouer un rôle «prépondéra­nt» dans le dossier et qu’il voulait mettre sur pied un comité de travail pour régler le problème.

Le tribunal se penchera sur cette affaire une première fois le 4 septembre pour entendre des motions des parties. L’essentiel du dossier sera débattu le 2 novembre au palais de justice de Fredericto­n.

L’Acadie Nouvelle a tenté de joindre l’AIINB, vendredi après-midi. Nos démarches n’ont pas porté leurs fruits. ■

Avec la collaborat­ion du journalist­e Mathieu Roy-Comeau

«Le rapport contient de nombreuses erreurs factuelles, dont plusieurs qui auraient pu être corrigées par l’AIINB si les faits, les allégation­s et les présomptio­ns sur lesquels ces erreurs sont basées avaient été dévoilés à l’AIINB durant l’enquête», affirme Mme Janes dans le document déposé en cour.

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Gaétane Blanchard, Pamela St-Coeur Leclair et Stéphanie Noël, trois diplômées en science infirmière de l’Université de Moncton, avaient applaudi les conclusion­s du rapport d’Entremont. - Archives
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