L’Espagne veut déplacer la dépouille du général Franco
Le gouvernement espagnol de centregauche a approuvé vendredi des amendements juridiques pour s'assurer que les restes de l'ancien dictateur Francisco Franco soient déterrés et retirés d'un mausolée national controversé rendant hommage à la guerre civile.
Le gouvernement socialiste minoritaire est certain que le parlement approuvera les amendements, probablement dans un débat le mois prochain, a déclaré la vice-première ministre Carmen Calvo à la presse.
Les amendements accordent au gouvernement le pouvoir d'exhumer le corps du général Franco. Ce changement vise à contrecarrer les efforts juridiques des descendants et des partisans de Franco pour bloquer l'exhumation devant les tribunaux.
Retirer les restes de Franco de la Vallée des morts, un mausolée dont il a ordonné la construction à 50 kilomètres au nord-ouest de Madrid, serait un événement capital en Espagne, qui porte encore des traces sociales et politiques de la guerre civile de 1936-1939.
Le vaste complexe de la Vallée des morts est l'héritage public le plus visible du régime de Franco. Il a été construit par le dictateur en hommage aux victimes de la guerre au cours de laquelle il a déposé le gouvernement démocratique de l'Espagne.
Quelque 34 000 personnes des deux camps sont enterrées sur le site, la plupart d'entre elles n'ayant jamais été identifiées.
«Avoir la tombe de Franco (dans le complexe) montre un manque de respect (...) pour les victimes enterrées là-bas», a estimé Mme Calvo. Elle a fait remarquer qu'une délégation onusienne en visite il y a quatre ans était d'avis que «la démocratie est incompatible avec une tombe qui honore la mémoire de Franco».
En plus de Franco, le gouvernement prévoit également exhumer et tenter d'identifier les 114 000 victimes de la guerre civile et des quatre décennies de dictature qui ont suivi sous Franco, décédé en 1975.
Les descendants de Franco seront consultés et auront 15 jours pour dire où ils souhaiteraient que les restes reposent après leur exhumation. S'ils ne répondent pas, le gouvernement choisira un «endroit digne», a dit Mme Calvo.
Francisco Martinez-Bordiu, un petit-fils de Franco, a qualifié de «barbares» les plans d'exhumation du gouvernement, affirmant vendredi à la télévision locale que les descendants évalueront leurs options juridiques pour l'arrêter.
Le corps embaumé de Franco pourrait être exhumé dès octobre.
La retrait de Franco du mausolée, qui appartient et est géré par l'agence du patrimoine culturel, un organisme financé par le secteur public, fait depuis longtemps l'objet de discussions en Espagne. Mme Calvo a déclaré que le gouvernement accélère l'exhumation parce qu'il veut «mettre fin à une situation qui ne peut plus durer».
Les procédures d'exhumation seront définies lors de la réunion du cabinet du vendredi prochain, a-t-elle ajouté.
Le complexe de la Vallée des morts comprend un mausolée et une basilique de style néoclassique et constitue un lieu de pèlerinage populaire pour les nostalgiques de la dictature. Il possède une croix de 150 mètres visible de loin.
La dépouille du général Franco se trouve dans une tombe dans la nef centrale de la basilique, sous une pierre tombale massive. ■