UNE PÉNURIE QUI SE FAIT DUREMENT RESSENTIR
Des délais d’attente qui n’en finissent plus pour consulter des spécialistes en santé. De nombreux lits fermés, voire des unités complètes. Des patients qui s’empilent dans les corridors. Les élus du Restigouche en ont assez et demandent à rencontrer le Réseau de santé Vitalité.
Lors de la dernière rencontre de la Commission de services régionaux du Restigouche, les membres de cette organisation ont été particulièrement cinglants par rapport à la situation des soins de santé dans la région.
«On entend des histoires d’horreur. Des personnes âgées malades qui sont restées plus de 30 heures sur une civière dans le corridor, sans intimité, alors qu’on a plein de lits fermés. On parle d’unités qui ont fermé leurs portes faute de personnel. C’est inacceptable. Notre système de santé est brisé, ça ne va pas bien à notre hôpital», s’est exprimé le président du DSL de Glen Levit, Brad Mann.
Délais, fermetures de lits, manque de personnel… La situation est telle que les membres de la CSR-Restigouche ont cru bon exiger une rencontre avec le PDG du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne. Et cette rencontre, ils la veulent ouverte à tous et non derrière des portes closes.
«On veut que tout ce qui sera dit soit public», précise le maire de Tide Head, Randy Hunter.
M. Hunter incarne bien l’ampleur de la problématique. Au printemps, il s’est blessé au dos. Il a été référé pour une rencontre avec un physiothérapeute. Entretemps, on lui a suggéré de consulter au privé en attendant, question d’accélérer sa réhabilitation puisque les délais d’attente sont parfois longs dans le secteur public.
«J’ai tout épuisé ce que j’avais sur mes assurances pour le physiothérapeute. Maintenant si je veux continuer, je dois payer de ma poche ou attendre de voir un spécialiste dans le secteur public. On a un système de santé supposément public, et pourtant on semble payer continuellement», raconte-t-il.
Il ajoute avoir consulté un chiropraticien et un acupuncteur pour l’aider avec la douleur.
Sans nouvelle de l’état de sa demande, il s’est renseigné à l’hôpital. La réponse l’a jeté par terre.
«On m’a indiqué qu’il manquait quatre physiothérapeutes à l’hôpital et que la liste d’attente était longue. Dans mon cas, c’est deux ans et demi d’attente pour une consultation avec un physiothérapeute. Deux ans et demi, vous imaginez?», s’indigne l’élu.
MANQUE DE RESSOURCES
Porte-parole du Réseau de santé Vitalité, Thomas Lizotte soutient que tous ces problèmes – fermetures de lits, attente, délais de consultation – ont tous à la base la même racine: le manque de ressources sur le terrain.
«Nous avons des problèmes au niveau du recrutement de notre personnel, et nous ne sommes pas les seuls. C’est une situation que l’on constate un peu partout. Et chez nous, il y a des régions (comme dans le Nord) et des spécialités de la santé où ce manque se fait sentir davantage», exprime-t-il.
Une vérification rapide du site d’emploi du Réseau de santé Vitalité permet de constater le défi important avec lequel doit composer le centre du Restigouche en matière de recrutement.
Dans l’ensemble du réseau Vitalité, on parle de 206 emplois actuellement disponibles. De ce nombre, 42 postes touchent Campbellton. Il s’agit du chiffre le plus élevé après Moncton (67) dont la taille n’est pas comparable. À une heure de là, à Bathurst, on parle de 24 emplois disponibles. À Edmundston, 31.
«Ce n’est pas qu’on ne veut pas pourvoir ces postes, on n’y arrive tout simplement pas. Ils sont affichés et on serait très content de les remplir demain matin. On y travaille, on a des équipes de recrutement qui font de leur mieux pour convaincre les spécialistes et les futurs diplômés de signer avec nous», exprime M. Lizotte.
Des histoires à succès, il y en a. À preuve, il cite en exemple la question des médecins. De septembre 2017 à juin 2018, le réseau en a embauché 21 nouveaux.
«C’est une excellente performance, on est très satisfait. Mais au cours de la même période, on a aussi perdu plusieurs médecins qui ont pris leur retraite ou quitté la province. Le répit n’est jamais long», dit-il.