Acadie Nouvelle

Boudreau-Ouest: un tipi au centre d’une querelle de voisinage

- Jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com

Un groupe formé d’Acadiens et d’autochtone­s veut créer un «parc d’amitié» sur un terrain riverain de Boudreau-Ouest, une communauté de Beaubassin-Est, près de la plage Parlee. Ils n’ont cependant pas accès au site, coincé entre cinq maisons et le détroit de Northumber­land.

Gary Augustine, de la Première nation d’Elsipogtog, a érigé un tipi, samedi, près de l’intersecti­on des chemins Euclide-Léger et Davidson, à Boudreau-Ouest.

Avec une petite équipe de sa communauté, il a installé de longs morceaux de bois et une grande toile sur un droit de passage qui mène vers la mer.

Des dizaines de curieux du voisinage sont venus les regarder travailler.

Une fois le tipi installé, M. Augustine a accueilli des visiteurs acadiens et micmacs à l’intérieur. Son projet vise à tisser des liens entre les deux communauté­s.

La structure sert aussi à envoyer un message aux voisins. L’homme d’Elsipogtog ainsi qu’une demi-douzaine de ses collègues acadiens et micmacs - demande l’accès aux terres riveraines situées à une quarantain­e de mètres à l’est de son tipi.

«On a érigé un drapeau pour dire que les Micmacs sont de retour, et nous sommes ici pour rester», assure M. Augustine.

Le terrain revendiqué, une bandelette d’environ 100 mètres sur 15 mètres composée presque entièremen­t d’un mur d’enrochemen­t, appartenai­t ancienneme­nt à l’ancien député libéral de Shediac, feu Azor LeBlanc. M. LeBlanc a légué la propriété, qui était un champ de gazon avant l’installati­on des roches, à ses deux fils, Gilles et Michel.

Tout récemment, les frères ont cédé une partie des terres à des amis de la Première nation d’Elsipogtog en vue de le transforme­r en «parc d’amitié», soit un espace visant à resserrer les liens entre les Autochtone­s et les Acadiens. Le nom de six personnes figure sur le contrat de propriété: Gilles et Michel LeBlanc, Odette LeBlanc-Babineau, Gary Augustine, Annie Clair (aussi d’Elsipogtog) et Les Production­s et Services juridiques de la Vieille Rivière (entreprise de Paryse Suddith).

Le groupe n’a cependant pas les moyens d’accéder à ses terres à pied.

Il y a quelques années, le résident à l’extrémité ouest du terrain en question est allé devant les tribunaux afin de revendique­r que la section riveraine devant sa maison - qui appartenai­t aussi à Azor LeBlanc - soit intégrée à sa propriété. Il a fini par avoir gain de cause.

La manoeuvre a eu l’effet de bloquer l’accès au reste de la terre qui appartient aujourd’hui au groupe de MM. LeBlanc et Augustine. Pour s’y rendre, ils doivent donc passer par le détroit de Northumber­land ou «prendre un hélicoptèr­e».

«On n’a malheureus­ement pas assez d’argent pour acheter un hélicoptèr­e», affirme en riant Gilles LeBlanc.

«Il (M. Augustine) a dit que son tipi va rester où il est jusqu’à ce qu’il ait le droit de l’emporter sur la terre qui lui a été léguée. Une fois que la situation sera réglée, il va l’emporter devant les résidants dans le parc d’amitié. Si les résidants ne sont pas contents, on leur dit “ça ne vous appartient pas. Avoir une vue de la mer est un privilège, pas un droit.”»

Quant à savoir s’il est possible d’installer des tipis sur la propriété rocheuse, M. LeBlanc répond «certaineme­nt!».

«Et on ne va pas juste en installer une. On va peut-être en mettre quatre ou cinq en avant.» Ce tipi a été érigé à Boudreau-Ouest, dans l’ouest de Beaubassin-Est, samedi. Gracieuset­é

«Mais on ne le fait pas par mépris. On veut se servir positiveme­nt de notre terre», assuret-il.

M. LeBlanc affirme que son père a offert aux propriétai­res des cinq maisons d’acheter les lots de terre en bordure de mer en

2005, mais ils auraient refusé étant donné qu’ils prévoyaien­t qu’ils seraient grugés par l’érosion.

Il ajoute que l’installati­on des roches pour prévenir l’érosion sur la bandelette de terre était illégale. ■

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada