Acadie Nouvelle

Un premier ministre Higgs

- Francois Gravel francois.gravel@acadienouv­elle.com

Les partis politiques savent bien qu’un long week-end de trois jours n’est pas le meilleur moment pour dévoiler leur jeu et énoncer leurs engagement­s les plus marquants. La fête du Travail étant derrière nous et avec seulement trois semaines qui nous séparent du jour du scrutin, il faut s’attendre à ce que ceux-ci appuient sur l’accélérate­ur. Et aucune formation n’a plus besoin de le faire que le Parti progressis­te-conservate­ur.

Après une dizaine de jours de campagne électorale, de nombreux électeurs n’ont toujours pas la moindre idée de ce que propose «l’équipe Higgs».

L’unilinguis­me de Blaine Higgs et la place que ce problème a prise dans la première semaine de campagne ne sont pas seuls en cause. Le Parti progressis­te-conservate­ur a délibéréme­nt fait le choix de proposer un nombre limité de promesses peu coûteuses et qui visent certains groupes en particulie­r.

Un bon exemple est survenu en fin de semaine, quand le chef conservate­ur a annoncé son intention d’encadrer la chasse aux dindons sauvages. Il y voit une façon d’aider les fermiers pour lesquels ce grand oiseau est une nuisance. Il croit aussi que cela permettra d’augmenter les revenus du gouverneme­nt provincial.

D’autres promesses du genre ont été effectuées, notamment afin de rendre le processus de tirage au sort pour la chasse à l’orignal «plus équitable».

Il s’agit d’un bon exemple de micropolit­ique, c’est-à-dire d’énoncer une vision qui touche un nombre limité mais très précis d’électeurs, dans l’espoir de les gagner à sa cause. Les conservate­urs fédéraux étaient devenus maîtres de cette stratégie pendant les années au pouvoir de Stephen Harper.

Les libéraux avaient utilisé cette recette eux aussi en 2014 en promettant d’augmenter le nombre de permis de chasse à l’orignal émis pendant une saison de trois jours. Ils avaient fini par renoncer à cette promesse une fois au pouvoir.

Deux promesses nous donnent un aperçu de la façon dont M. Higgs entend gouverner, advenant qu’il prenne le pouvoir. Il s’agit de la bonificati­on d’un crédit d’impôts pour les entreprise­s pour chaque emploi créé et accordé à de récents diplômés, ainsi que l’améliorati­on de la Loi sur la gouvernanc­e locale afin de donner plus de pouvoir aux municipali­tés en ce qui a trait à l’évaluation foncière.

Pour le reste, Blaine Higgs est si discret sur ses intentions que certains de ses candidats n’hésitent pas à dire que leur chef ne fait aucune promesse, même si cela est faux.

Cela cause un problème que les progressis­tes-conservate­urs devront résoudre au plus tôt. Afin de pouvoir voter de façon informée, nous devons savoir quels seront les priorités d’un éventuel et hypothétiq­ue premier ministre Blaine Higgs.

Nous ne croyons pas que les premiers mois d’un gouverneme­nt Higgs seraient consacrés à développer l’énergie marémotric­e ou à traiter les chasseurs de dindons sauvages aux petits oignons.

Il a déjà été clair sur son intention de poursuivre le gouverneme­nt fédéral afin de l’empêcher d’instaurer une taxe sur le carbone. Il ne se gêne pas non plus pour dénoncer les promesses effectuées par les libéraux depuis le déclenchem­ent (et même bien avant) des élections.

Mais cela ne nous dit pas de quelle manière il dirigerait le gouverneme­nt du NouveauBru­nswick et quelles seraient les conséquenc­es pour les citoyens.

Les libéraux n’ont pas ce problème. Ils ont passé les quatre dernières années au pouvoir. Nous connaisson­s déjà bien leurs forces et leurs tares. Ils ont formé un gouverneme­nt interventi­onniste (pensez à l’achat du Centre naval du N.-B.) qui a augmenté la TVH (de 13% à 15%) et a repoussé le retour à l’équilibre budgétaire.

Le programme électoral du parti s’inscrit dans cette direction: sauvegarde des hôpitaux, constructi­on de foyers, ouverture de centres de santé non urgents et gel des tarifs d’électricit­é pendant quatre ans. Cela, sans trop nous dire où ils trouveront les fonds pour financer tout cela.

Blaine Higgs a critiqué ces promesses. Il a parfois baissé la garde, en laissant entendre par exemple qu’au lieu de dépenser des millions de dollars dans le mortier et le béton, il préférera investir dans le bien-être des personnes âgées à la maison. Nous avons appris aussi son intention d’abandonner le système de numéros de facturatio­n des médecins.

Mais dans les faits, nous ignorons comment un premier ministre Blaine Higgs gouvernera­it la province.

Il trouve que le gouverneme­nt provincial vit au-dessus de ses moyens. Il a raison.

Mais qu’entend-il faire pour rectifier cette situation? Des compressio­ns budgétaire­s? Abandonner certains programmes? Et si oui, lesquels?

M. Higgs a déjà expliqué qu’il ne comptait pas sur une hausse des revenus d’impôts et de taxes pour réaliser ses objectifs. L’argent est là, il suffit de le dépenser de façon responsabl­e, a-t-il déclaré à plus d’une reprise.

On veut bien. Mais nous avons hâte de savoir ce que cela signifie concrèteme­nt.

L’échéance électorale approche. Il temps pour le PC d’abattre ses cartes et de nous expliquer ce qui changera dans la vie des NéoBrunswi­ckois si Blaine Higgs devient premier ministre dans moins d’un mois.

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