David Coon lutte pour sa survie dans la capitale
NDLR: L’Acadie Nouvelle poursuit sa série de portraits de circonscriptions en vue des élections du 24 septembre. Au cours des prochaines semaines, le journaliste et chroniqueur Pascal Raiche-Nogue vous emmènera sur le terrain afin de vous faire découvrir quelques courses à surveiller.
Le chef du Parti vert, David Coon, tente de se faire réélire dans la circonscription de Fredericton-Sud, quatre ans après avoir fait une percée historique. Il devra une fois de plus jouer du coude dans la capitale.
En 2014, cet environnementaliste bien connu avait réussi un véritable tour de force en se faufilant entre les partis traditionnels pour devenir le premier représentant du Parti vert à l’Assemblée législative.
Aujourd’hui, les rôles sont inversés. De prédateur, il est devenu la proie et doit tout mettre en oeuvre pour préserver ses acquis. Une situation tout à fait inusitée pour les verts.
«C’EST UNE ÉVALUATION DE MON TRAVAIL»
David Coon nous reçoit dans son quartier général de campagne, situé dans une grande résidence transformée en bureaux, pas très loin de fleuve et du centre-ville.
Des cartes marquées au surligneur sont affichées aux murs. Les rues de la circonscription – qui est très dense et qui compte de nombreux étudiants et fonctionnaires – sont colorées pour identifier des secteurs à cibler.
Le chef vert affirme qu’il aborde sa campagne de la même manière qu’en 2014.
«Il est important de faire du porte-à-porte, c’est notre priorité.»
La différence, c’est qu’il a aujourd’hui une feuille de route à l’Assemblée législative et un bilan à défendre.
«C’est une évaluation de mon travail», ditil.
Il remarque cependant un changement lorsqu’il cogne aux portes des électeurs, notet-il en riant. «Les conversations sont plus longues que la dernière fois, ce qui est une bonne chose.»
Cette fois, il a aussi beaucoup plus à perdre. Il doit trouver le moyen de consolider sa position dans Fredericton-Sud tout en s’assurant de mener une campagne provinciale et de ne pas laisser ses candidats tomber. Un défi qui est parfois difficile à relever.
«Ça crée énormément de tension entre les gestionnaires de ma campagne locale et provinciale. J’ai essayé d’être autant que possible dans les autres circonscriptions avant le déclenchement de la campagne, parce que c’était clair que j’allais passer beaucoup de temps dans ma circonscription pendant la course.»
«JE SUIS IMPATIENTE»
Il y a quatre ans, M. Coon avait notamment profité d’un électorat très divisé pour l’emporter avec seulement 30,7% des voix contre 26,6% pour le Parti progressisteconservateur, 21,6% pour le Parti libéral et 19,8% pour le NPD.
Pour être réélu, David Coon devra surclasser à nouveau des adversaires de taille. Si les derniers sondages disent vrai, les libéraux et les progressistes-conservateurs sont au coude à coude dans la capitale (ce qui ne comprend toutefois pas seulement Fredericton-Sud).
Son adversaire la mieux connue dans le coin est sans l’ombre d’un doute la libérale Susan Holt, qui a été entrepreneure et qui a travaillé dans les réseaux d’affaires avant de devenir haute fonctionnaire dans le gouvernement Gallant.
Elle nous rejoint dans un café du centreville qui bourdonne d’activité. Elle est dans son élément et jase avec des gens avant de s’asseoir, une tasse à la main.
Si elle a plongé, ce n’est pas pour battre David Coon, précise-t-elle.
«David et moi sommes amis. Avant de décider de me lancer, je lui ai parlé. On s’est assis et on a eu une longue conversation. J’ai voté pour lui quatre ans passés, parce que je pensais à l’époque qu’il était le meilleur candidat pour représenter les gens de Fredericton Sud», dit-elle.
Aujourd’hui, même si elle dit avoir de nombreuses idées en commun avec lui, elle est impatiente et veut être à la table où sont prises les décisions.
«Je ne peux attendre que David soit dans une position où il peut apporter les changements que je souhaite.»
Parmi les choses qu’elle veut changer, elle donne en exemple le processus d’élaboration des politiques.
«Je pense qu’on doit ouvrir ce processus pour qu’il n’inclue pas seulement des politiciens et des bureaucrates, qui développent des solutions à la place Chancery (où se trouve entre autres le bureau du premier ministre).»
Susan Holt veut aussi que le gouvernement soit plus transparent, collaboratif et ouvert. Afin de montrer qu’il ne s’agit pas seulement de paroles en l’air, elle partage régulièrement sur sa page Facebook des données récoltées lorsqu’elle fait du porte-à-porte.
Une approche qu’elle a dû défendre bec et ongles auprès de son équipe de campagne, qui n’était pas très chaude à cette idée. ■