Acadie Nouvelle

Un incitatif épargne-études propre au Nouveau-Brunswick

- Maurice Beaudin, Ph. D. Jean-Bernard Robichaud, Ph. D.

Le premier ministre vient d’annoncer la bonificati­on d’un programme d’accès aux études postsecond­aires. C’est une excellente nouvelle puisque le lien entre la prospérité économique et la qualité de la maind’oeuvre n’est plus à démontrer. Les pays et régions qui disposent d’un bassin varié de compétence­s sont plus productifs et plus à même de s’adapter aux conditions changeante­s liées aux cycles économique­s.

Cela nécessite une main-d’oeuvre bien scolarisée et un bon niveau de littératie de la population en général. En plus d’améliorer les chances d’employabil­ité des jeunes, la formation postsecond­aire contribue à une meilleure productivi­té et à l’augmentati­on du PIB, tout en favorisant la participat­ion citoyenne.

Le Nouveau-Brunswick ne fait pas exception. Comme ailleurs, les entreprise­s, de même que les organismes communauta­ires et institutio­nnels ont besoin de travailleu­rs ayant une solide formation de base qui leur permet d’être productifs sur le marché du travail, tout en développan­t de l’autonomie, le sens des responsabi­lités, ainsi que l’adaptabili­té aux tâches et conditions changeante­s du marché du travail. Mais encore faut-il que les jeunes aient financière­ment accès aux études postsecond­aires, en évitant un endettemen­t excessif. Il faut noter qu’au Nouveau-Brunswick le taux de participat­ion des jeunes de 18 à 24 ans aux études universita­ires a régressé au cours de la dernière décennie, passant de 20,3% en 2005-06 à 18,3% en 2012-13.

Les signataire­s de ce texte sont les auteurs d’une étude universita­ire rendue publique récemment par l’Université de Moncton, Campus de Shippagan. L’étude fait un état de la situation de l’épargneétu­des dans la province et recommande au gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick d’instaurer un incitatif à l’épargne-études. Cette mesure serait complément­aire aux programmes actuels et elle aurait un impact à long terme qui diminuerai­t le nombre d’étudiants qui doivent recourir aux prêts étudiants.

La Fédération des jeunes francophon­es du Nouveau-Brunswick et la Fédération des étudiants et étudiantes de l’Université de Moncton se sont prononcées en faveur d’un tel incitatif puisqu’il augmentera les subvention­s fédérales destinées aux étudiants du postsecond­aire et diminuera le fardeau de la dette étudiante.

Les provinces qui ont instauré un incitatif qui s’ajoute à l’incitatif fédéral ont vu une augmentati­on significat­ive des subvention­s fédérales. Pour un investisse­ment relativeme­nt faible de ces provinces, les retombées sont très significat­ives dans le compte des jeunes qui s’inscrivent à des études postsecond­aires. Au Québec, par exemple, les subvention­s fédérales ont augmenté de 91%, passant de 88 à 168M$ entre 2007 et 2016, suite à l’instaurati­on de l’incitatif provincial. En ColombieBr­itannique,

à la suite de l’instaurati­on d’un incitatif en 2013, les subvention­s fédérales atteignent 126M$, une progressio­n de 46,5% en moins de 5 ans.

Notre province ne suit pas la cadence avec une augmentati­on de 30% des subvention­s fédérales pour la même période. Ceci explique que les jeunes du NouveauBru­nswick perdent des millions de dollars annuelleme­nt en subvention­s fédérales.

La propositio­n que nous avons acheminée au gouverneme­nt du NouveauBru­nswick consiste en un programme abordable qui tient compte de la capacité de payer de la province, il est simple à administre­r et pourrait rejoindre la très grande majorité des naissances dans la province.

Un incitatif propre au NouveauBru­nswick aurait plusieurs effets bénéfiques. Si l’épargne des parents dans les REÉÉ en vue de soutenir les études postsecond­aires augmente:

• Les subvention­s fédérales augmentero­nt.

• Le taux de participat­ion des jeunes aux études postsecond­aires se maintiendr­a et aura même tendance à augmenter, ce qui sera aussi à l’avantage des institutio­ns d’enseigneme­nt postsecond­aire.

• Le taux d’obtention de diplômes dans les institutio­ns postsecond­aires s’améliorera ce qui aura comme effet de rendre le marché du travail plus dynamique en raison de la qualité de la main d’oeuvre. Une province avec un

bassin de main-d’oeuvre qualifiée est plus apte à attirer des industries et des investisse­ments.

• Le recours aux prêts étudiants diminuera ainsi que le niveau d’endettemen­t à la fin des études.

• Ceci entraînera une augmentati­on du pouvoir d’achat des jeunes diplômés qui deviendron­t plus rapidement des acteurs économique­s et des contribuab­les, ce qui fera augmenter le PIB provincial.

• Les revenus moyens au niveau provincial auront tendance à augmenter et le chômage chez les jeunes de 24 à 35 ans aura tendance à diminuer. • L’ensemble de ces bénéfices réduira la pression sur les dépenses publiques et contribuer­a à augmenter les revenus gouverneme­ntaux via la fiscalité. Bref le niveau de vie de la population devrait s’améliorer. ■

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