Les crabiers trouvent les mesures trop «excessives»
Si les mesures de protection des baleines noires ont réussi à protéger l’espèce menacée tout en permettant aux crabiers d’atteindre leur quota de capture, des pêcheurs estiment qu’ils ont été exposés à des risques inutiles en mer.
Les chiffres démontrent que la grande majorité des pêcheurs de crabe des neiges ont réussi à capturer tout leur quota en 2018, et ce, malgré les craintes au début de la saison par rapport aux mesures de protection du ministère des Pêches et des Océans (MPO).
Or, cet accomplissement n’a pas eu lieu sans d’importants défis. Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP), affirme que certains crabiers ont même dû affronter des vents de 110 km/h.
À partir du 28 avril - c’est-à-dire quelques jours avant le lancement de la saison - une grande zone au coeur du golfe du Saint-Laurent a été interdite aux pêcheurs.
La ressource disponible étant moindre, des crabiers ont été forcés à récolter leurs casiers certains jours où les vents étaient très puissants.
«Si on avait eu l’occasion de pêcher dans la zone statique pendant trois semaines au début de la pêche, on n’aurait pas eu besoin de s’exposer à de tels risques.»
Les crabiers traditionnels et les pêcheurs côtiers du Nouveau-Brunswick ont tenu, mercredi, une première réunion avec les employés du ministère des Pêches et des Océans, sur les mesures de protection pour les baleines. D’autres réunions de travail sont prévues en septembre et en octobre.
M. Lanteigne croit que Pêches et Océans Canada aurait obtenu le même résultat c’est-à-dire aucun décès de baleine noire en appliquant uniquement le modèle des fermetures dynamiques. Cette approche, qui était aussi en vigueur en 2018, consiste à fermer des zones de pêche au fur et à mesure que des baleines y sont observées.
Interrogé sur le sujet, un porte-parole du MPO a laissé entendre que le ministère ne s’est pas encore arrêté sur une direction à prendre en 2019.
«Je ne veux pas préjuger le résultat de nos conversations avec nos pêcheurs. On va revoir toutes les mesures de gestion mises en place en 2018 pour déterminer leur efficacité et pour voir si on peut les améliorer sans mettre à risque les baleines noires», explique Adam Burns, directeur général de la Gestion des ressources halieutiques du MPO.
Fin janvier, les scientifiques du ministère présenteront leurs données sur l’état de la ressource lors de la revue annuelle des pairs. L’industrie et le gouvernement se réuniront quelques semaines plus tard pour les discussions importantes du Comité consultatif sur le crabe des neiges.
Le plan de pêche, qui inclut les mesures de conservation des mammifères marins pour la saison de pêche 2019, doit être publié avant le début de la pêche, en avril ou en début mai. ■