UNE HAUSSE DU COÛT DE LOCATION DÉNONCÉE
La vue sur le Sugarloaf est imprenable à partir de la rue Mountain View à Campbellton. Mais le coût pour admirer la montagne vient toutefois de grimper considérablement. Un peu trop aux yeux des résidents de l’endroit.
La rue Mountain View de Campbellton est, en quelque sorte, un parc à maisons mobiles comptant près d’une quarantaine d’unités. Les maisons appartiennent à leurs propriétaires, mais ceux-ci doivent toutefois défrayer annuellement un montant de location pour les terrains, propriétés de la Ville de Campbellton.
Colette Loire habite l’une de ces unités. Comme ses voisins, elle subira, en l’espace de quelques mois, une hausse de 80% de sa facture de location.
L’an dernier, le coût mensuel pour la location de son terrain était de 75$. En début d’année, il a augmenté à 100$. En décembre, il passera à 135$.
Sur une base annuelle, on parle d’une augmentation de 720$ par rapport au taux précédent.
«Ça peut ne pas avoir l’air de montants exorbitants, mais les gens ici n’ont pas énormément d’argent. La majorité sont des personnes ayant de petits revenus. Les trois quarts sont comme moi, âgés et retraités. On a même des personnes seules avec des enfants. Ce n’est vraiment pas la grande richesse. Pour plusieurs, ça fait une différence à la fin du mois», explique la femme âgée de 74 ans.
Celle-ci a d’ailleurs pris l’initiative d’amasser les signatures du voisinage afin de dénoncer cette hausse. Elle espère convaincre le conseil d’annuler la hausse prévue pour la fin de l’année. Elle a recueilli les signatures de 33 résidents jusqu’ici, soit la quasi-totalité des habitants du quartier.
«On n’est pas contre le fait que le prix de la location augmente, c’est tout à fait normal que cela se produise de temps à autre. Mais on est loin de 3%, 10% ou 15%. On parle ici de 80% en moins d’un an. Ce n’est pas raisonnable. Ce n’est pas une augmentation ordinaire ça», lance-t-elle, ajoutant qu’elle paye par-dessus ce montant près de 900$ en taxes foncières. Celle-ci déplore d’un même trait l’absence d’une législation provinciale limitant les augmentations à des taux plus raisonnables.
Pourquoi cette hausse? À la Ville, on répond qu’il s’agit d’une combinaison de facteurs. D’abord, on prétend que les prix de la location n’ont pas été révisés depuis de nombreuses années et qu’un réajustement était souhaitable. On voulait du coup se rapprocher du coût exigé généralement pour des locations similaires dans le secteur privé. Sans surprise, en raison de sa situation financière précaire, la Ville désire engendrer plus de revenus. En théorie, cette mesure devrait lui rapporter un peu plus de 25 000$ annuellement.
Mais au-delà de l’argent, ce que déplore par-dessus tout Mme Loire et ses compères de la Mountain View, c’est que la décision d’augmenter le loyer des terrains a été prise par la Ville sans consultation avec les citoyens, sans préavis.
«La mairesse ou un membre du conseil aurait pu venir nous voir ou nous réunir pour nous expliquer la situation, leur plan. Mais rien. C’est dommage de voir cela de la part d’un conseil qui prône le dialogue et qui dit être à l’écoute», soutient Mme Loire qui, aujourd’hui, demande à la Ville de faire amende honorable dans ce dossier.
«On a tous reçu une lettre par la poste pour nous indiquer les nouveaux montants avec leurs dates d’entrée en vigueur. C’est tout. Aucune justification, aucun dialogue. On a été surpris et mis devant un fait accompli.»