Les districts scolaires francophones contre les autobus «bilingues»
Le conseil d’éducation du District scolaire francophone Nord-Est se positionne officiellement contre les autobus scolaires «bilingues».
«On pense qu’il était important de se doter d’une politique solide qui fera en sorte que le transport bilingue dans notre district scolaire ne serait absolument pas autorisé à moins de circonstances très exceptionnelles», dit Ghislaine Foulem, présidente du conseil.
Le gouvernement provincial a déterminé en novembre 2016 que la responsabilité d’établir une politique en matière de transport appartenait aux districts scolaires.
Le sujet de la langue dans le transport scolaire fait couler beaucoup d’encre depuis 2015.
À l’époque, le District scolaire francophone Sud et le District anglophone Nord partageaient 14 autobus pour transporter des élèves du comté de Kent. Peu après avoir été mis au courant de la situation, Serge Rousselle, alors ministre de l’Éducation et procureur général, a mis fin à cet arrangement, car il était contraire à la Charte canadienne des droits et libertés selon lui.
Devant cette controverse, Serge Rousselle a aussi déposé une demande de renvoi à la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick en novembre 2015 pour qu’elle détermine si la Constitution oblige le gouvernement provincial à fournir le transport scolaire homogène aux élèves anglophones et francophones.
Le gouvernement Gallant a décidé d’abandonner la cause en novembre 2016 devant les réticences du juge en chef Ernest Drapeau, qui demandait aux avocats du gouvernement de lui présenter des arguments pour justifier le renvoi.
Puisque l’une des priorités du conseil d’éducation du District scolaire francophone Nord-Est demeure la construction identitaire, ses membres ont craint que les autobus bilingues puissent favoriser l’éventuelle assimilation de jeunes francophones.
«L’autobus est une extension de l’école. Aussitôt qu’un enfant embarque dans l’autobus, il est sous notre responsabilité, alors on jugeait qu’il était important de définir des balises», explique Mme Foulem.
Jusqu’à maintenant, aucun autobus n’a été partagé par des élèves du District francophone Nord-Est et le District scolaire anglophone Nord.
«Ça n’existe pas, mais il y a des endroits où il y a des écoles francophones et anglophones qui se côtoient, dans les régions de Bathurst et de Campbellton par exemple. Il ne faut pas seulement penser à aujourd’hui, mais il faut travailler en prévision de ce qui pourrait arriver. On ne sait pas ce qui pourrait arriver avec tous les différents discours politiques ces jours-ci.»
AILLEURS AU N.-B.
Ailleurs au Nouveau-Brunswick, le District scolaire francophone Nord-Ouest a révisé sa politique sur la gestion et organisation du transport scolaire en janvier 2017 afin de s’assurer qu’un service de transport scolaire unilingue francophone est offert aux élèves. Un paragraphe en particulier a été ajouté à la politique.
«Afin de promouvoir et de voir à la sauvegarde de la langue francophone, assurer en totalité des services de transport scolaire francophone à l’ensemble de ses élèves», peut-on maintenant lire.
Le District scolaire Sud a aussi fait une mise à jour de sa politique en février 2017 pour mettre les choses au clair.
Dans la première phrase de l’énoncé de la politique, on peut y lire: «La direction générale ne doit pas tolérer que le système de transport des élèves ne soit pas linguistiquement homogène.» ■