Perdre son vote?
Daniel Arseneault Moncton
«Quoi, tu vas voter pour le Parti XYZ? Mais tu vas perdre ton vote! Tu sais bien qu’il ne gagnera pas…»
Qui n’a pas entendu ce raisonnement? Mais est-ce vraiment perdre son vote? Je ne le crois pas. Une campagne électorale est une tribune extraordinaire pour faire avancer des idées. En talonnant un candidat victorieux, les tiers partis donnent du poids à des points de vue minoritaires. Les partis traditionnels se sentent obligés d’en tenir compte et c’est comme ça qu’on fait avancer les choses. De plus, les partis officiellement reconnus reçoivent une certaine somme pour chaque vote, ce qui renfloue leurs coffres.
Mais, il y a plus. À l’élection de mai 2017 en Colombie-Britannique, les libéraux ont remporté 43 sièges, alors qu’il en fallait 44 pour être majoritaires. Les néodémocrates en ont obtenu 41 et les verts 3. Le Parti vert décida alors d’appuyer le Nouveau Parti démocratique, ce qui porta ce dernier au pouvoir le 29 juin. Le Parti vert profite ainsi d’un formidable effet de levier et fait avancer son programme politique…
À l’élection du 24 septembre au NouveauBrunswick, il n’est pas impossible qu’un gouvernement minoritaire soit élu et qu’un tiers parti obtienne ainsi la balance du pouvoir. En 2014, les libéraux n’ont remporté l’élection que par cinq sièges, souvent par des marges serrées. En 2018, les jeux sont loin d’être faits et la victoire de l’un ou de l’autre des deux principaux partis pourrait reposer sur quelques centaines de votes. Pour ceux qui craignent de favoriser l’entrée au pouvoir du parti qu’ils aiment le moins en votant pour un tiers parti, ditesvous bien qu’il est grand temps que les grands partis cessent de tenir notre vote pour acquis. Et puis, il y a la Terre que se transforme en étuve!... Cet enjeu devrait prendre beaucoup plus de place dans la vie politique qu’il ne fait!