«Populisme intelligent»: Maxime Bernier lance le Parti populaire du Canada
Un parti de «populistes intelligents» qui n’a pas peur des «tabous» et rien à faire de la rectitude politique ou du clientélisme: voilà le véhicule que souhaite être le Parti populaire du Canada (PPC) dont Maxime Bernier a annoncé la création, vendredi. Le député indépendant a jeté les bases du parti dont il sera le chef en expliquant avoir arrêté son choix sur ce nom, car il est «temps de remettre le pouvoir entre les mains des gens» et libérer «les citoyens ordinaires» de l’emprise des groupes de pression, cartels et lobbies.
Il veut accueillir sous la tente du PPC une «coalition de gens qui sont désabusés des politiciens qui disent une chose un jour et le contraire le lendemain», des libéraux de l’ère Chrétien et Martin qui sont déçus des déficits ainsi que des «gens qui sont plutôt socialistes».
«Ce que je fais, je fais de la politique, peut-être, de populisme intelligent, basée sur des réformes sérieuses, des réformes nécessaires, des politiques publiques sérieuses et bien songées», a argué Maxime Bernier en conférence de presse à Ottawa.
«Donc je n’ai pas de problème à avoir l’étiquette de populiste intelligent», a tranché celui qui aime également celle de «Mad Max».
Parmi les réformes qu’il mettrait en oeuvre figure celle du système d’immigration. Sous un gouvernement Bernier, il y aurait davantage de nouveaux arrivants économiques, et les immigrants devraient «partager nos valeurs».
«Si un nouveau Canadien pense que les gais n’ont pas de droits au Canada, et qu’on devrait pendre les gais (...), je pense que cette diversité-là n’est pas voulue», a-til illustré. Le Beauceron n’a cependant pas précisé comment le filtrage s’effectuerait.
À l’époque où il faisait campagne pour se faire élire à la tête du Parti conservateur du Canada (PCC), Maxime Bernier avait raillé la proposition de l’une de ses rivales à la chefferie, Kellie Leitch, d’imposer aux candidats à l’immigration un test des valeurs canadiennes.
Une sélection de valeurs à l’entrée est «une des solutions», a souligné vendredi l’élu de Beauce. «Je ne dis pas que ce serait la solution. Ayons ce débat, et plus tard, j’arriverai avec la solution que je préfère», a-t-il spécifié.
Accepterait-il, comme premier ministre, d’expulser des immigrants qui n’auraient pas appris le français après trois ans passés au Québec, comme le propose le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault?
Le député n’a pas voulu se mouiller. «C’est plus qu’une question hypothétique, c’est deux questions hypothétiques. On verra ça en temps et lieu. Si M. Legault est élu et si je suis premier ministre, on en discutera à ce moment-là», s’est-il contenté d’offrir sans se prononcer sur le principe.
Mais chose certaine, une discussion sur l’immigration est nécessaire, a insisté Maxime Bernier, citant un sondage réalisé en août dernier, lequel montrait que 49 pour cent des Canadiens souhaitent que les cibles d’immigration fédérales soient revues à la baisse.
Et au PPC, le débat se fera, a-t-il tranché. Car le parti «fait de la politique différemment», «n’a pas peur de la mauvaise presse» et on ne craint pas non plus les «tabous», a dit celui qui sera son chef une fois que le conseil d’administration lui donnera son sceau d’approbation.
«Il n’y en a plus de tabous. On dit ce qu’on pense. C’est ce que les gens aiment», a-t-il lancé.
Le député Bernier a claqué avec fracas la porte du Parti conservateur le 23 août dernier. Dans les semaines ayant précédé cette défection, il avait posé des gestes et fait des déclarations publiques qui avaient provoqué l’ire de ses collègues, anciens comme nouveaux. ■