Est-il trop tard pour sauver la planète?
L’historien David Murray abordera la question dans le cadre de l’Écofestival
Depuis le début de la campagne électorale au Nouveau-Brunswick, les chefs des différentes formations politiques ne manquent pas d’occasions pour parler de leurs plans pour faire croître la province. À l’heure des changements climatiques, certains se demandent, cependant, s’il est possible d’envisager d’autres modèles afin de mettre un frein à la course au développement.
David Murray est historien de formation et éditeur aux Éditions Écosociété, basées à Montréal. Il sera de passage dans le nord du Nouveau-Brunswick dans le cadre du 4e Écofestival de la Péninsule acadienne pour parler du mouvement de la «décroissance», un concept né formellement dans les années 1970 à la suite de la parution du rapport Halte à la croissance? commandité par le Club de Rome, un groupe de réflexion, et réalisé par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT).
En somme, le rapport argumente que les ressources de la planète sont limitées. Le fait d’encourager une croissance perpétuelle et infinie mènera à un effondrement de la société.
«Le Club de Rome a été un moment charnière dans l’évolution des idées», estime David Murray.
«Ce que la décroissance essaie de faire, c’est de se donner un autre cadre conceptuel pour penser en dehors de la boîte et d’entrevoir d’autres façons d’organiser notre société. C’est n’est pas pour faire un pas de recul, mais plutôt un pas de côté. On veut avoir des axes structurants autres que la croissance, la quête du profit et l’exploitation tous azimuts des ressources», ajoute-t-il.
Les partisans de ce courant de pensée ne
cherchent pas seulement à remettre en question l’exploitation démesurée de l’environnement et la pertinence du système économique capitaliste. Il s’agit aussi d’une philosophie et une façon d’être.
«Si on veut se sortir de cette logique du toujours plus, il faut se poser la question de l’autolimitation. Il faut accepter de se donner des limites et de s’interdire de faire certaines choses. Les Grecs anciens condamnaient ce qu’ils appelaient l’hybris, soit le concept de démesure. C’est un concept que je trouve très riche et pluriel.»
Bien que le grand public ne soit pas nécessairement au courant des subtilités de cette philosophie, l’état de l’environnement demeure un sujet préoccupant. Il y a quelques jours, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a fait une déclaration qui donne froid dans le dos. Il ne resterait que deux ans pour agir face aux changements climatiques. Les conséquences en cas d’inaction risquent d’être «désastreuses» pour l’humanité, dit-il.
De son côté, David Murray croit qu’il n’est pas trop tard pour poser de grands gestes afin de limiter les dégâts. Mais de façon réaliste, l’humanité commence déjà à subir les conséquences des changements climatiques.
«Je suis d’une école qui croit qu’il est quand même trop tard pour certaines choses. Je ne pense pas qu’on échappera à des changements majeurs et importants en raison des changements climatiques. Le temps file à une vitesse incroyable et je ne pense pas qu’on ait réussi à poser les gestes radicaux nécessaires.»
Il n’entend pas pour autant mettre fin à sa vie de militant. Dans le contexte actuel, M. Murray espère pouvoir léguer un avenir positif à ses enfants.
«On peut demeurer optimiste sur l’avenir des choses si on continue à promouvoir d’autres façons d’envisager le monde et que de plus en plus de gens y adhèrent. C’est la raison pour laquelle je continue et c’est le message que j’essaie de passer à mes enfants. Sinon, il y aurait quelque chose de très égoïste de ma part si je me mettais à dire que tout est fichu.»
La conférence de David Murray aura lieu mardi, à 19h, à l’Académie Sainte-Famille de Tracadie.
Plusieurs autres conférences et activités sont prévues lors de l’Écofestival, qui se termine dimanche.
Guillaume Lavoie, chargé de cours à l’École nationale d’administration publique, à Québec et entrepreneur en politiques publiques, présentera une conférence sur l’économie collaborative à l’Université de Moncton, campus de Shippagan, mardi à 19h. Le lendemain, il sera au café Grains de folie de Caraquet.
La programmation de l’événement peut être consultée sur Facebook (www.facebook. com/EcoFestivalPA). ■