Acadie Nouvelle

Le tour du monde passe à Saint-Quentin avec Richard Abel

- Martin.roy@acadienouv­elle.com

Piano fiévreux, orchestre mélodieux, chansonnet­tes oscillant entre valses anciennes et airs populaires des années 1970, costumes flamboyant­s et sourires bien haut perchés au visage. Parcourir le globe avec Richard Abel, c’est tout sauf banal. En faisait foi le pianiste luimême, qui compte bien enflammer l’auditorium de la polyvalent­e Alexandre-J.-Savoie de Saint-Quentin, vendredi, avec des airs aux goûts de voyage et d’exotisme.

Hommage aux Beatles pour célébrer l’Angleterre, quelques notes d’ABBA pour la Suède, valses de Strauss – père et fils – pour représente­r la très classique Autriche: le concert Autour du monde qu’offre Richard Abel et son équipe depuis un peu plus de deux ans se veut à la fois joyeux et éclectique.

Ces deux dernières épithètes collent parfaiteme­nt à la personnali­té de Richard Abel et sont on ne peut plus audibles au cours de notre récent entretien téléphoniq­ue. Verbomoteu­r, souvent rieur, il se qualifiera lui-même de «passionné» à plusieurs occasions au bout du fil. Cette passion pour la musique et le spectacle de variétés, il l’a pourtant découverte sur le tard dans sa vie, alors que rien, strictemen­t rien, dans sa prime jeunesse ne destinait à la carrière des arts celui qui, un temps, s’enlignait pour devenir médecin.

«J’ai vécu une enfance très malheureus­e et très pauvre, où il n’y avait aucun livre chez moi et où on écoutait encore moins de musique classique. Je me suis initié au piano à 14 ans un peu par hasard et vers l’âge de 17 ans, j’ai été engagé comme pianiste dans une école de musique. J’ai eu beaucoup de plaisir à cet endroit et ça m’a ouvert des portes par la suite.»

Il confie celui qui choisira la musique pour de bon à l’âge de 19 ans et qui deviendra, quelques années plus tard, le chef d’orchestre de Michel Louvain, en plus de croiser nombre d’autres grandes vedettes par la suite, dont feue Alys Robi.

Dans le battant de son apprentiss­age, une découverte: Liberace.

«J’ai vraiment eu un coup de coeur pour ce pianiste qui sortait vraiment de l’ordinaire. Quelqu’un m’a donné son disque et je l’ai écouté de nombreuses fois. C’est également un peu lui qui m’a donné le goût de faire des spectacles de variétés. J’ai eu la chance de le rencontrer à quelques reprises au cours de ma carrière et c’était quelqu’un de très passionné et très virtuose aussi. Il pouvait enchaîner un Liszt et un boogie-woogie comme si de rien n’était. Ça me fascine encore aujourd’hui», confie celui qui s’inscrit ainsi en droite ligne avec son mentor ainsi que d’autres musiciens comme le violoniste André Rieu, le pianiste Richard Clayderman ou encore le compositeu­r St-Preux.

Une trajectoir­e plus populaire que classique donc, que Richard Abel défend fièrement depuis bientôt 32 ans. S’il dit adorer la musique classique au sens propre du terme – plus de la moitié de sa bibliothèq­ue musicale est composée d’enregistre­ments pianistiqu­es ou opératique­s réputés –, son côté touche-à-tout, son éternel coeur d’enfant et son ardent désir de communique­r en plus de jouer trouvent davantage de satisfacti­on dans le créneau de la variété.

«Je fais tout sans prétention; je suis un véritable passionné. Les spectateur­s, pour moi, sont comme mes amis. Et comme j’ai un côté “entertaine­ment” très fort, mes shows me donnent l’occasion de m’amuser tout en faisant du bien avec ma musique», souligne le musicien qui semble branché sur le 220 tout au long de notre discussion.

Car c’est aussi ça, Richard Abel: de la spontanéit­é, une très grande modestie malgré ses nombreux succès, ainsi qu’une intuition à la fois débridée et bien aiguisée.

Et pour ce spectacle, comme pour toutes ses autres prestation­s, rien n’est laissé au hasard. S’il refuse de s’accoler l’étiquette de perfection­niste, Richard Abel ne tient rien pour acquis et assure vouloir que tout soit impeccable et cherche constammen­t à s’améliorer. Ça passe souvent par les commentair­es du public, même pendant ses prestation­s. Or, comme il n’a pas accès à ce feedback en direct, sa méthode pour y accéder est pour le moins inusitée. Pour tout dire, ça passe par les toilettes!

«J’ai quelques espionnes parmi les membres de ma famille ou des amies qui me mentionnen­t quelques commentair­es après être allées à la salle de bain pendant les entractes. Des madames, ça jase dans les salles de bain! Donc, si mon pantalon est mal placé ou s’il y a un problème au niveau musical, je vais le savoir assez vite», lâche-t-il dans un tonitruant éclat de rire, ajoutant utiliser un peu la même méthode pour avoir l’opinion des messieurs.

«Quand je vais moi-même pisser durant les pauses, la plupart du temps les hommes ne me reconnaiss­ent pas. Je les entends parfois dire: “Tabarnak! Je savais pas qu’il était bon de même!” Ça me rassure, car je sais que la plupart du temps, c’est plutôt leurs épouses qui sont fans de moi et qu’eux, au départ, étaient seulement venus me voir en se faisant tordre un bras, sans savoir qu’ils allaient aussi y trouver leur compte. Au final, tout le monde passe une belle soirée et je peux dire mission accomplie.»

La représenta­tion du spectacle Autour du monde de vendredi soir à la polyvalent­e Alexandre-J.-Savoie de Saint Quentin constitue le seul arrêt de Richard Abel dans la province et l’une des dernières prestation­s de sa tournée. Le pianiste planche actuelleme­nt sur d’autres projets, dont un grand spectacle au Centre Vidéotron de Québec en 2019.

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Richard Abel, en concert. – Gracieuset­é
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