À LA CONQUÊTE D’UN CHÂTEAU FORT
NDLR: L’Acadie Nouvelle poursuit sa série de portraits de circonscriptions en vue des élections du 24 septembre. Le journaliste et chroniqueur Pascal Raiche-Nogue vous emmène sur le terrain afin de vous faire découvrir quelques courses à surveiller.
La solidité du filet de protection sociale retient l’attention des électeurs dans la circonscription de Caraquet. Santé, soins aux aînés et l’appui aux travailleurs saisonniers sont sur le radar des gens que nous avons rencontrés au hasard il y a quelques jours.
Les têtes grises vont et viennent à l’Épicerie Pointe-Rocheuse de Caraquet, un avant-midi de septembre. Plusieurs retraités profitent du beau temps pour aller faire les courses.
Une femme passe près de nous, mais refuse gentiment de nous parler. Elle n’a pas le temps ou l’envie de faire des commentaires sur la campagne électorale.
Théo Thériault, de Bertrand, est plus jasant. Cet aîné raconte qu’il a voté pour à peu près tous les partis au cours de sa vie. On n’a donc pas affaire à un militant pure laine d’une formation politique ou d’une autre.
«Je n’ai pas encore décidé pour qui je vais voter», dit-il.
Il sait cependant qu’il va se pointer au bureau de scrutin, le 24 septembre. Ça, ce n’est pas négociable.
Comme bien d’autres électeurs rencontrés au hasard dans la région, il est cynique à l’égard des politiciens, pour qui il n’a vraisemblablement pas beaucoup d’estime.
«C’est du pareil au même. Ils disent tout le temps qu’ils vont aider les personnes âgées, mais ils ne le font pas.»
La femme qui était entrée quelques minutes plus tôt ressort de l’épicerie et s’arrête. «J’ai changé d’idée, je veux vous parler», ditelle un sourire aux lèvres.
Elle se nomme Pierrette Haché et demeure à Haut-Caraquet. À l’instar de M. Thériault, elle est à la retraite et estime que le gouvernement provincial doit en faire plus pour aider les personnes âgées.
Mais lorsqu’elle dit cela, elle ne pense pas à elle – puisqu’elle est en pleine forme – mais plutôt à ses proches.
«Je suis à un point de ma vie où ma mère requiert beaucoup de mon temps. Et mon mari a des ennuis de santé. Je passe donc beaucoup de temps à m’occuper des membres de ma famille. Il faut surtout des résidences pour les personnes semiautonomes. Il n’y en a pas assez.»
Elle pense aussi que les élus provinciaux doivent trouver le moyen de retenir les jeunes dans la région.
«Les jeunes et l’économie, c’est la grande question. Si c’était facile de régler cela, ce serait déjà réglé. Il faut que le gouvernement mette l’accent là-dessus, qu’il mette sur pied un groupe de travail.»
La province devrait être plus présente auprès des étudiants avant la fin de leur parcours universitaire ou collégiale, avant qu’ils quittent pour d’autres provinces, croit-elle.
Il s’agit d’ailleurs d’un enjeu qui compte beaucoup à ses yeux.
«J’ai vécu ça avec mes enfants, qui ont reçu des offres alléchantes d’autres provinces. Ma fille est partie, mon fils est resté.»
Un peu plus à l’est, près de la Coop IGA Extra, les clients affluent. C’est là que l’on croise Jean-Marc Savoie, qui fait des emplettes. Cet homme de Caraquet a longtemps oeuvré comme concierge, mais il ne peut plus travailler depuis quelque temps.
«Je suis handicapé. J’ai une jambe artificielle», raconte-t-il en plaçant ses achats dans le coffre de son véhicule.
Il aimerait que le gouvernement provincial, que les politiciens se préoccupent plus des gens qui, comme lui, vivent avec un handicap.
«Les handicapés, on est du monde comme les autres. Mais on est oubliés», déplore-t-il.
Un autre enjeu est très important pour lui: l’aide aux travailleurs saisonniers. Il estime qu’il faut absolument régler le «trou noir» de l’assurance emploi (la période sans revenus entre la fin des prestations et la reprise des activités saisonnières).
«J’ai déjà été travailleur saisonnier. Je sais ce que c’est. Dans la Péninsule acadienne, il faut que les députés provinciaux fassent pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il change le calcul des prestations.»
Quelques minutes plus tard, Jessica Gionet s’arrête jaser avec nous. Cette électrice de Caraquet travaille à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, de l’autre côté du boulevard Saint-Pierre.
«L’avenir de cet établissement lui tient particulièrement à coeur. Je ne dis pas juste ça parce que j’y travaille. On y offre des soins de qualité», dit-elle.
Mère d’un jeune enfant, elle croit que les élus provinciaux devraient redoubler d’efforts pour donner un coup de main aux parents.
«J’ai un enfant, il va à la garderie. C’est difficile lorsqu’ils sont jeunes, il n’y a pas assez de places et ça coûte un bras. Il faudrait faire diminuer les coûts, donner des subventions et augmenter le nombre de places.» ■